Cabinet de Bizot, Pierre

Cité par Bonnaffé

Mort en 1696. – Médailles et monnaies. « Il a, dit Baudelot, des talens pour la curiosité qui sont incompréhensibles ; on peut dire qu’il en est une source inépuisable et personne ne connoît mieux les médailles modernes que lui ». Ch. Patin est du même avis : « Vix ullum esse in orbe arbitror, qui omni genere cimeliorum notitiâ eum superet, maxime quod ad recentiora numismata… nova semper suis superaddere conatus est à XXV annis, quibus in amicorum meorum album scriptus est… Hinc ab illustrissimo Colberto et honoribus et officiis exceptus est ».

Un article de Bruno Neveu donne d’autres détails sur le collectionneur (Bruno Neveu, « La vie érudite à Paris à la fin du XVIIe siècle, d’après les papiers du P. Léonard de Sainte-Catherine », Bibliothèque de l’école des chartes, 1966, t. 124, livraison 2, p. 432-511 ; p. 475 pour la citation suivante) :

« Un spécialiste de l’histoire par les médailles, c’est Pierre Bizot, prêtre, auteur de L’Histoire métallique de la République de Hollande, parue en 1687, et de mémoires sur l’histoire des rois de France par les médailles, que détient Baluze. « II a été balancier du Roy, c’est à dire qu’il faisoit fabriquer les médailles d’or, d’argent, du Roy (Pic[ques]).»

A la suite d’une banqueroute, il s’est vu retirer son office et un second accident l’a forcé de quitter Paris ; il est mort incognito près d’Orléans, le 28 juin 1696. « II avoit assez de médailles pour faire l’histoire générale de toute l’Europe. » (Notice sur M. Bizot, Bibl. nat., ms. fr. 22580, 218). »

L’abbé Bizot fut employé par Louvois à la recherche des monnaies pour le cabinet du Roi ; il en dressa le catalogue avec le P. du Molinet.

Il assiste au Banquet des Curieux sous le nom de Lubin.

Lubin, amateur d’antiquailles,

De livres anciens et de vieilles médailles,

Philosophe sans jugement,

Curieux sans raisonnement,

Qui prend sans choix et sans mesure.

La collection de Bizot fut vendue en 1696, après sa mort ; à cette occasion, Pontchartrain écrivit la lettre suivante à Le Camus : « Monsieur, sur l’avis que j’eus qu’il y avoit plusieurs médailles insolentes dans le cabinet du sieur Bizot, j’écrivis par ordre du Roy à M. de la Reynie d’envoyer un homme, lorsq’on les vendroit, pour prendre celles de cette sorte afin de les supprimer. Mais comme j’apprends qu’elles sont en dépôt chez le Commissaire Regnard, j’écris encore à M. de la Reynie d’y envoyer celuy qu’il avoit choisi pour cela, afin de voir toutes celles qui sont mauvaises et de quelque métal que ce soit, et de les faire mettre à part. L’intention de Sa Majesté est qu’en votre présence, celles qu’il jugera devoir estre supprimées soient mises dans un sacq cacheté. Par ce moyen il ne s’en détourneroit aucune, et j’auroy soin de les envoyer à la Monnaie et d’en faire payer le prix aux créanciers ».

Les médailles insolentes dont parle Pontchartrain avaient été frappées en Hollande et recueillies par Bizot pour son Histoire métalique. La personne désignée par le Lieutenant de Police pour faire le tri de ces médailles étain un numismate nommé Dron (v. ce nom).

§57, 232. – §6 – §37, p. 853. – §19, p.155. – §61, IV, 50.