Cette statuette, que Chevalier mentionne pour chacun de ses cabinets successifs et que l'on retrouve proposée à la vente dans le catalogue de vente après décès édité par la veuve Desbordes, est en réalité une statuette qui représente la triple Hécaté.

Cette pièce de marbre, haute d’un peu plus de soixante-dix centimètres, figurait, dans le premier cabinet d’Amsterdam, à l’extrémité gauche de l’étagère au-dessus du petit meuble cabinet renfermant le matériel du médailliste.

Il la décrit encore dans la Recherche curieuse d’antiquités… pour son cabinet d’Utrecht, où elle est dessinée avec grand soin dans la planche 22. Les trois figures féminines se tiennent par la main, précise le texte (voyez le texte dans nos « Sources écrites », p.8, col.1), et « renferment un poteau derriere elles ».

L’Indice, sous le numéro 111 , persiste à en faire une figure des « trois Graces, de marbre de Corinthe, ayans les cheveux entortillez d’une maniere étrange, adossées l’une contre l’autre, en habillement qui leur pend jusqu’aux talons ».

On retrouve au numéro 769 du catalogue du dernier Cabinet d’Amsterdam, page 66, et, sous le même numéro, dans le catalogue de la vente après décès qui dispersa la collection de Nicolas Chevalier, la mention « Les trois Graces », sans autre précision. Mais il semble bien que ce soit là, cette fois, une représentation effective des Grâces, et que Nicolas Chevalier, entre la dernière publication du catalogue d’Utrecht (1712) et la confection du « Catalogue de toutes les raretez » pour le dernier cabinet d’Amsterdam, ait fini par identifier correctement sa statuette, qu’il nous faut sans doute reconnaître, page 60 du catalogue de vente après décès, sous le numéro 1210 : « la Triple Hecatée ». Elle figurait en tant que telle bien entendu sous le même numéro page 100 du dernier Catalogue (non daté)pour le cabinet d’Amsterdam, l’éditrice du catalogue de vente après décès s’étant contentée de le recopier en en supprimant toutes les précisions sur la localisation des objets.

C’est une statuette qui, avant d’arriver dans la collection de Chevalier, avait appartenu à Rubens. Rubens l’avait utilisée pour enrichir l’arrière-plan d’un tableau combinant auto-portrait et portrait de son fils, tableau actuellement conservé à Saint-Petersbourg et daté approximativement de 1630.
On peut voir la statuette au musée de Leyde. Le musée de Leyde par ailleurs en offre sur son site cette image, ainsi qu’un cliché du tableau de Rubens où elle figure, que j’invite le visiteur à consulter en cliquant ici.

En relation :

  • Cabinet de Chevalier, Nicolas (1721)

    Catalogue de vente après décès de la collection de curiosités de Nicolas Chevalier (1721).

     

  • Cabinet de Chevalier, Nicolas (1712)

    Second cabinet de Nicolas Chevalier, situé à Utrecht (1712).

     

  • Cabinet de Chevalier, Nicolas (1702)

    Seconde Edition. A Amsterdam, Chez l’Auteur, Marchand Libraire. 1702. Nicolas Chevalier décrit avec précision les objets et la configuration de ce qu’il appelle sa « chambre des raretez », gravures à l’appui, en seconde partie d’un petit ouvrage intitulé Remarques sur la piece antique de bronze… (1694 pour la 1ère édition).

     

  • Cabinet de Chevalier, Nicolas (1694)

    C’est là le premier état de la publication du cabinet de Nicolas Chevalier ; cette description date de 1694.