Comment se construit le récit d'une visite d'amateur, et comment rend-elle compte de la réalité du cabinet de curiosités?

Journée d’étude – 14 novembre 2013

Poitiers, Faculté des Lettres et Langues et Espace Mendès-France

Rapports de voyages d’amateurs de curiosités.

Visite écrite, visite construite ?

Journée organisée dans le cadre de l’exposition « La licorne et le bézoard » (Musée  Sainte-Croix et Espace Mendès-France de Poitiers), avec le concours de la MSHS, de l’équipe FORELL et avec le soutien du Contrat de projets Etat-Région en Poitou-Charentes.

 

Programme

9 h Dominique MONCOND’HUY (Univ. Poitiers), présentation de la journée
9 h 15 Jean HIERNARD (Univ. Poitiers), « Voyageurs en visite à l’époque d’Henri IV »
10 h Myriam MARRACHE-GOURAUD (Univ. Brest), « Les voyages de Balthasar de Monconys : les cabinets de curiosités à l’épreuve du scepticisme »
11 h Kees MEERHOF (Univ. Amsterdam), « Les cabinets de Levinus Vincent et de Nicolas Chevalier : remarques sur leur présentation dans la Relation de voyages d’Élie Richard (1708)»
12 h Visite de l’exposition « La licorne et le bézoard »
14 h 30 Lorenzo CIRRINCIONE (Univ. Poitiers), « Topique du spectacle savant : visites du musée du Collège Romain »
15 h 15 Anja GOEING (Northumbria University), « Mapping Curiosity : Kaspar Friedrich Jencquel’s Recommendations for Visits of Cabinets in Europe (1727) »
16 h Rossella Baldi (Univ. Neuchâtel), « En quête de cabinets disparus : le voyage en Suisse de Martinus van Marum »
16 h 45 Séverine DENIEUL (Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense), « Trois regards critiques sur les cabinets de curiosités au temps des Lumières : le Président de Brosses, Casanova et Montesquieu »
17 h 30 Conclusions de la journée

 

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Argument

Les cabinets de curiosités, généralement connus d’après des catalogues ou inventaires écrits par les collectionneurs eux-mêmes ou par des tiers, font l’objet de visites d’amateurs, parfois attirés par le catalogue en question, ou par la renommée du collectionneur, ou tout simplement de passage dans une ville où on leur signale que ce lieu, parmi d’autres, mérite une visite. Les voyageurs amateurs de singularités vont alors rendre compte, dans leur journal, leur relation de voyage, ou leur correspondance, de la visite effectuée dans un cabinet, en donnant un certain nombre d’éléments d’appréciation sur les objets vus, les conditions de la visite, la qualité de la collection au sens large, comparée à d’autres qui auront été visitées. C’est alors, pour le lecteur qui ne s’est pas rendu sur place, un nouveau média, autre que le catalogue, susceptible de lui apprendre en quoi la collection a un intérêt.

 Conçue en marge et en complémentarité avec l’exposition organisée au Musée Sainte-Croix de Poitiers (« La licorne et le bézoard. Une histoire des cabinets de curiosités », oct. 2013- mars 2014), la journée d’étude porte sur les manières dont se construit le récit de la visite, de façon à comprendre comment le cabinet s’écrit quand il ne se dit pas dans un catalogue. La question qui se pose est donc de savoir comment de tels récits de visite s’insèrent dans la trame générale d’un récit de voyage, en s’interrogeant sur la manière dont on rend compte d’un cabinet de curiosités. Ce dernier mérite-t-il un traitement particulier, y a-t-il des protocoles de récit, des éléments indispensables ou attendus pour décrire un lieu ou les objets qu’il abrite ? Il s’agit de déterminer les modes de représentation du lieu – on pourra ainsi envisager que certaines contributions se concentrent sur la répartition des objets et leur disposition – mais aussi des objets, des usages, des circonstances de la visite, et du discours, parfois orienté vers les mœurs de tel ou tel pays, qu’en déduira le voyageur si cette visite lui sert de point de départ ou de confirmation pour tenter de comprendre les usages et organisations sociales d’un pays. On ne s’interdira donc pas de formuler, des hypothèses sur l’organisation du cabinet, et sur les modes de visites, qui peuvent être très variés, et aussi sur le statut du récit : peut-on mettre en évidence des topiques, comprendre par quoi sont guidés les choix, ou encore quelle est la réception de tels « rapports » de visite, s’ils sont ensuite exploités, relayés dans d’autres types d’écrits (questions d’intertextualité).

Il faudra donc se demander quel(s) rôle(s) peut avoir le récit de visite, et quelle est la part, dans cette restitution, de la voix du voyageur lui-même, de celle du collectionneur, de la vox populi, des discours idéologiques plus généraux. On cherchera, aussi, à voir l’interaction entre la forme du récit de voyage et celle de la collection.

En bref, la journée d’étude cherchera à montrer comment le récit de visite reconstruit aussi bien le lieu visité que l’espace du récit de voyage, s’il est vrai que celui-ci peut aussi s’apparenter, en un certain sens, à une forme de collection de choses vues, toutes singulières, au fil du trajet.

 

Comité scientifique : Dominique Moncond’huy, Myriam Marrache-Gouraud, Pierre Martin (Université de Poitiers)