Le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye présente de 2011 à 2013 un cycle d’expositions:
Du Trésor au cabinet de curiosités en lien avec les collections anciennes de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Antoine dispersées au cours de la deuxième moitié du XVIIIème siècle.
En 2011, le premier volet D’ombre et de lumière, Trésors sacrés Trésors profanes mettait en exergue l’histoire des trésors de l’Antiquité au XIXème siècle.
En 2012, l’exposition constituant le deuxième volet de ce cycle Entre Flandres et Italie, princes collectionneurs proposait de se pencher sur le collectionnisme, notion ancienne s’il en est particulièrement prégnante dès le XIVème siècle où la frontière entre ce qui relève du Trésor proprement dit ou de la collection s’amenuise.
Le Trésor de l’Abbaye constitué dès le Moyen Age renferme des reliquaires d’or et d’argent dont le plus célèbre est celui du Saint-Bras offert en 1374 par Gian Galeazzo Visconti, duc de Milan « travaillé dans de l’or et des pierres précieuses ». Les mentions abondent : chef-reliquaire d’argent doré de saint Cassien (1372), grande statuaire d’argent, calice ou croix d’or (1374), lampes de sanctuaires, châsse-reliquaire de saint Antoine « d’argent façonnée » (1238), rehaussée d’or et de pierres précieuses (1474), reliquaires et vases en cristal de roche… réalité fastueuse de l’un des sanctuaires les plus importants du sud-est, réalité éphémère ébranlée par les Guerres de religion.
Autre époque, autre réalité : si le XVIIème siècle peut encore s’enorgueillir de quelques pièces d’exception, les Hospitaliers de Saint-Antoine constituent un autre Trésor, vision synoptique du monde. Ce modèle embryonnaire de cabinet d’études est assorti le siècle suivant d’une vaste bibliothèque, vaisseau amiral des collections d’un Ordre en reconquête.
Ainsi le troisième volet abordera-t-il au cours de l’été 2013 l’histoire des cabinets de curiosités, permettant en filigrane de présenter les collections de l’Abbaye constituées dès le XIVème siècle jusqu’à leur dispersion en 1777.
Le propos de l’exposition, appuyé par les contributions de spécialistes des cabinets de curiosités, auteurs de nombreux ouvrages de référence, réunies dans le catalogue et au fil de la présentation, entend évoquer l’histoire et la spécificité des cabinets européens à travers le prisme privilégié de la science, particularité de l’un des plus puissants ordres hospitaliers que la Chrétienté occidentale ait connu et dont l’Abbaye de Saint-Antoine fut le chef-d’ordre de 1297 à 1777. Cette exposition est aussi l’occasion de redécouvrir les collections autrefois dispersées et réunies pour la première fois depuis la fin du XVIIIème siècle.
L’ordre européen des hospitaliers de Saint-Antoine, sous la bannière duquel étaient placés près de 370 commanderies, hôpitaux et prieurés en Europe au XVème siècle, confère ainsi la sphère géographique et l’ossature à l’ensemble de l’exposition.
Au gré des deux précédents opus, certains cabinets ont été évoqués car indissociables du concept même du Trésor ou de la collection. Ainsi en est-il du cabinet des merveilles de François Ier, de certains cabinets italiens à travers les trésors d’art et de science dans les collections aristocratiques à l’âge baroque (2011), ou encore les merveilles de Rodolphe II de Habsbourg (2012). Ce dernier volet entend explorer l’histoire des cabinets sous l’angle des sciences, sans exclure toutefois la dimension artistique de certaines pièces rassemblées au sein des studioli ou des wunderkammer pour le seul plaisir esthétique qu’elles pouvaient procurer.