Journée d’étude
« Botanique et curiosité – Les plantes curieuses »
organisée par Myriam Marrache-Gouraud, Université de Poitiers (Forell, E.A. 3816)
le 24 mai 2008 au Château d’Oiron
Appel à communications:
Les collections de curiosités sont volontiers composées d’objets d’art, de médailles, de tableaux, d’animaux étranges, de monstres, de compositions artistiques, de coquilles, de minéraux (fossiles ou concrétions) et de végétaux. Si l’on conçoit aisément le concept de merveille en matière d’art ou d’artisanat, sa transposition dans le domaine naturel implique que l’on parle du vivant, ce qui peut entraîner des contraintes techniques de conservation, voire la nécessité d’un entretien régulier, puisqu’un jardin demande qu’on le cultive. Cette journée d’étude souhaite orienter son questionnement vers la place des végétaux dans les collections de curieux. Nous voudrions nous interroger sur les raisons et les conséquences de la présence d’éléments botaniques dans les cabinets de curiosité, de la Renaissance à l’époque moderne.
Tout d’abord, il faudrait se demander ce qu’est une merveille botanique. Les surprises de la nature (monstrueuses ou exceptionnellement belles) sont-elles considérées comme merveilleuses si elles sont rares, inédites, difficiles à classer ? Il importe de poser la question du choix des plantes : celles qui trouvent une place dans une collection sont-elles des plantes qui font rêver, des plantes impossibles à cultiver, simplement des plantes inconnues, donc nouvelles, voire, parmi celles-ci, des plantes à la mode ? En d’autres termes, sur quels critères sélectionne-t-on une plante pour qu’elle figure dans la collection d’un curieux ? Comment certaines plantes acquièrent-elles – ou perdent-elles, selon les époques – le statut de curiosités ? D’autre part, la présence de végétaux a nécessairement des incidences sur une collection. a) Incidences sur le lieu La plupart des collectionneurs accumulent leurs trésors dans une chambre aux merveilles, avatar du studiolo italien, pièce secrète de contemplation ou de méditation qui abrite des meubles renfermant les précieux objets. Lorsqu’il y a des plantes, les lieux de stockage varient d’une collection à l’autre : séchées, elles sont conservées en herbiers, vivantes, elles sont cultivées dans un jardin. Si la collection comprend un jardin, cela implique que la présence des plantes influe plus largement sur le lieu de la collection, en déplaçant – ou en prolongeant – le sanctuaire à l’extérieur : mérite-t-il alors encore ce nom de « cabinet » ? Organise-t-on un jardin de curiosités comme un cabinet de curiosités ? b) Incidences sur la conception de la collection *sur son rapport au savoir Les savants se « servent »-ils des collections de curieux pour faire avancer leurs connaissances, ou pour les mettre en application ? Cela revient à se demander quel usage est fait des végétaux collectionnés, notamment lorsqu’ils sont cultivés : cherche-t-on à les acclimater, à mener des expérimentations ? La collection peut-elle alors se rapprocher de la notion de « laboratoire », ou de « conservatoire » d’espèces connues, ou rares ? Quel rapport peut-on envisager entre les collections de curieux et les premiers jardins botaniques ? *sur son rapport au spectaculaire Il faudrait se demander enfin si la présence des végétaux, selon qu’elle initie la collection ou qu’elle arrive comme le prolongement d’une première collection d’objets non empruntés à la nature, modifie en profondeur la conception de la collection : qui sont ces curieux qui se tournent vers la botanique ? Des hommes de science, botanistes eux-mêmes ou apothicaires ? Des princes ? La question se pose alors du statut que prend ainsi la botanique, a priori peu spectaculaire, dans l’élaboration d’une collection, pour savoir ce qui peut amener un curieux à se tourner vers les curiosités botaniques. D’un point de vue moins scientifique que spectaculaire, quel spectacle entend proposer une collection botanique ? Se suffit-elle à elle-même ? Accompagne-t-elle d’autres objets, et les met-elle en valeur ? Si l’on s’interroge enfin sur les types de jardins curieux qui peuvent être conçus (plan, notion de série, de couleurs, de disposition…), la réflexion peut trouver à s’enrichir en s’intéressant à des projets contemporains réalisés par des plasticiens ou des paysagistes, projets éventuellement en cours d’élaboration, comme ceux des jardins du château d’Oiron.
Ces axes de recherches ne sont bien entendu pas limitatifs, et demandent à être prolongés. Les propositions de communication pourront s’attacher à l’une des suggestions formulées ici, pour faire apparaître les rapports entre savoir et curiosité, entre botanique et spectacle artistique, sans s’interdire d’étudier un cas particulier de plante curieuse, ou le cas singulier d’une collection représentative des problématiques exposées.
Date limite des propositions de communications : 15 mars 2008.
Responsable : Myriam Marrache-Gouraud (contact :myriam.marrachegouraud@yahoo.fr)
Comité scientifique :
-Université de Poitiers : Myriam Marrache-Gouraud, Pierre Martin, Dominique Moncond’huy, -Espace Mendès-France: Anne Bonnefoy.