Cabinet de D’Orléans, Gaston (duc)
Cabinet cité par Pierre Borel (1649) et Bonnaffé. Visité par John Evelyn en 1644.
Ce cabinet fait partie du catalogue donné par Pierre Borel à la suite de ses Antiquitez… de la Ville, et Comté de Castres d’Albigeois, p. 124 à 131, sous le titre de Roole des principaux cabinets curieux, et autres choses remarquables qui se voyent ez principales Villes de l’Europe.
Pierre Borel mentionne une trentaine de cabinets pour la ville de Paris :
« Paris.
Le Cabinet du Roy, celuy de Mr. le Duc d’Orleans, la salle des antiques, celuy de Mr. Gau pour les antiquitez, celuy de Mr. de la Brillere et du sieur Gabarry pour la peinture, celuy de feu Mr. du Moustier, de Mr. Petau Conseiller, de feu Mr. Pré de Segle, de Mr. Robin Chirurgien, et de Mr. Conard pour les coquilles et fleurs, des trois Messieurs de Morin, de Mr. du Val Medecin, de Mr. Bachelier pour les plantes, de Mr. Nicolai pour les papillons, de l’Abbé de sainct Ambroise, de Mr. Nodin Chirurgien, de Mr. Pescher, de Mr. Nodin Apotiquaire, de Loiselier Magnin, de Tribou, du petit Patissier vis à vis de S. Germain, de l’Abbé Lumagne pour la peinture, de Mr. Henry Brodeur et valet de chambre du Roy, de Mr. Mousseau President au grenier à sel, de Mr. de Liancourt pour la peinture, de Maistre Estienne Sculpteur Genevois logé au fauxbourg sainct Germain, de Mr. de Villiers Marchand de la rue S. Denis, de Mr. de Bretonvilliers et de Mr. Feydeau Chanoine de N. Dame. »
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Bonnaffé :
« 1608-1660. […] Au palais du Luxembourg et au château de Blois. – Livres, estampes, peintures, médailles, pierres gravées, histoire naturelle.
[…] Gaston d’Orléans avait chargé Callot de « graver pour lui plusieurs planches de monnoyes ; et, prenant plaisir à le voir travailler, il voulut qu’il luy monstrat à dessiner. Pour cela il alloit tous les jours avec le comte de Maulevrier au logis de Callot, où il passoit deux heures de temps à dessiner. Le sieur Sylvestre a quarante-deux desseins à la plume de ceux que Callot faisoit alors pour Monsieur le duc d’Orléans. »
La curiosité le passionna de bonne heure ; en 1630, il avait vingt-deux ans, le duc fait venir de Rome, par l’intermédiaire de Claude Vignon, 27 statues et 79 bustes de marbre, presque tous antiques, des peintures de Paul Bril, de Philippe de Naples, de Manfredi, du Gobbo, l’Enlèvement de Ganymède du Josépin, des estampes de Tempesta, quarante médailles antiques, des objets de bronze, etc., le tout renfermé dans 56 caisses. […] Vers la même époque, Gaston charge le jeune Raphaël Trichet de voyager pour son compte et de lui recueillir des antiques, des médailles et des livres. Toutes ces belles choses furent placées au château de Blois, dont Gaston avait entrepris la reconstruction. « Monsieur, frère du Roy, écrit un voyageur qui visita le château en 1639, a enrichi le jardin de plusieurs simples rares et recherchés de divers endroits, en très grand nombre, et a logé ses antiques de marbre, de bronze et autres dans la galerie de l’aile droite, longue de trois cents pas et bastie par Henri IV, avec plusieurs tableaux et pièces curieuses recouvrées des pays plus esloignés ».
En 1644, installé au palais du Luxembourg, le duc voulut avoir ses livres, ses médailles et ses antiques sous la main. La bibliothèque fut placée « au bout de cette admirable gallerie, où toute la vie de la feuë reine Marie de Médicis a esté depeinte par l’excellent ouvrier Rubens. Or cette bibliothèque n’est pas seulement remarquable par l’ornement de ses tablettes, qui sont toutes couvertes de velours erd avec les bandes de mesme estoffe, garnies de passemens d’or et les crespines de mesme ; pour toute la menuiserie qui se void, elle est embellie d’or et de riches peintures. Mais outre cela, les livres sont de toutes les meilleures éditions qui se peuvent treuver ; et quant à leur relieure, elle est toute d’une mesme façon, avec les chiffres de son Altesse Reale. Ce prince fait tous les jours une grande recherche des meilleurs livres qui se peuvent treuve dans l’Europe, donnant des mémoires pour ce sujet, par la solicitation de M. Brunier, son médecin et bibliothécaire, qui travaille continuellement à la perfection de ce thresor des livres et des médailles » (D. Jacob). « Dans un cabinet attenant, ajoute Evelyn, sont les volumes de petit format seulement et six armoires pleines de médailles, avec une excellente collection de coquilles et d’agathes (pierres gravées) dont il y en a de bien riches. Le duc se connoissant très bien en botanique et en médailles, rien en ce genre ne lui échappe… Le cabinet et la chapelle, qui donnent sur le jardin, ont quelques tableaux de prix. » […] Evelyn parle encore de la beauté des jardins et du « jardin particulier, clos de murs, où sont les fleurs de choix, pour lesquelles le duc dépense beaucoup d’argent ».
Retiré à Blois, en 1652, le duc ne cessa pas de s’occuper de curiosités et d’histoire naturelle ; il avait apporté de Paris une partie de ses collections ; et Brunier, qui l’avait suivi à Blois, forma, dans les jardins du château, une nouvelle série de plantes médicinales qu’il distribuait aux pauvres de la ville.
Gaston légua au Roi ses « médailles d’or, d’argent et de cuivre, pierres gravées, antiques et autres raretez, comme aussi tous les libres de fleurs et d’oyseaux qu’il avoit fait portraire par Robert, peintre, et tous les livres d’histoire et autres en son cabinet du palais d’Orléans, avec quelques boëtes de coquilles fort rares. » (Lettres patentes de juin 1663).
Les intailles, les camées et les médailles sont au Cabinet de France, les livres à la Bibliothèque nationale, et les vélins de Robert au Muséum avec les coquilles. Voir Chaduc, Filhol, Trichet, Silvestre, Logny, Fagnani.
Cité par Bonnaffé : « 1674-1723. […] Le nom du Régent ne figure ici que pour mémoire ; sa magnifique collection du Palais-Royal fait partie du XVIIIe siècle. »
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Les cabinets de médailles, pierres gravées et coquilles sont conservés à proximité de la bibliothèque, au Palais du Luxembourg. Le reste de la collection était à Blois (voir, à ce sujet, A. Schnapper 1988, p. 188-194).
1644, Ist April. I went to see more exactly the rooms of fine Palace of Luxemburg, in the Fauxbourg St. Germains, built by Mary di Medicis, and I think one of the most noble, entire, and finished piles that is to be seen, taking it with the garden and all its accomplishments. The gallery is of the painting of Rubens, being the history of the Foundress’s Life, rarely designed ; at the end of it is the Duke of Orlean’s library, well furnished with excellent books, all bound in maroquin and gilded, the valance of the shelves being of green velvet, fringed with gold. In the cabinet joining to it are only the smaller volumes, with six cabinets of medals, and an excellent collection of shells and agates, whereof some are prodigiously rich. This Duke being very learned in medals and plants, nothing of that kind escapes him. There are other spacious, noble, and princely furnished rooms, which look towards the gardens, which are nothing inferior to the rest.
(The diary of John Evelyn, Ed. William Bray, J.M. DENT et E.P DULTON, London-New York, 1905, Tome 1, p.63-64.)