Cabinet des Condé
Cité par Bonnaffé
L’hôtel de Condé, autrefois de Gondi, fut acheté en 1612 par Henri II de Bourbon, prince de Condé (1588-1646), et occupé après lui par son fils, le grand Condé (1621-1686), et son petit-fils Henri-Jules de Bourbon (1643-1709). L’oratoire avait été décoré par Eustache Le Sueur pour Charlotte-Marguerite de Montmorency, veuve de Henri II de Bourbon ; sur l’autel, Le Sueur représenta la Nativité, au plafond la Gloire céleste ; « le lambris est enrichi de plusieurs figures et de quantité d’ornemens travaillés avec grand soin. » – Meubles magnifiques, « des pierreries plus qu’en aucun autre endroit de l’Europe. » Peintures : une Fête de saint Jean-Baptiste par Léonard de Vinci ; la Sainte Vierge, le Christ et saint Joseph, de Palme le Vieux ; le Baptême du Christ, de l’Albane (ancienne galerie Lesdiguières) ; Vénus couchée, par Alexandre Allori ; la Chasteté de Joseph, par Alexandre Véronèse. Dans le jardin, Orphée, statue en marbre de Francheville.
Les tentures de l’hôtel de Condé « peintes sur de la toile d’argent avec des couleurs claires », avaient été faites pour Anne de Montmorency, sur les dessins du Primatice.
Bibliothèque nombreuse et bien choisie, qui fut transportée à Chantilly.
L’hôtel de Condé est détruit ; il occupait l’emplacement de l’Odéon, de la rue de Condé actuelle et longeait la rue Monsieur-le-Prince. L’Orphée, de Francheville, est au Louvre ; la Chasteté de Joseph, d’Alexandre Véronèse, et la Sainte Famille, de la Palme le Vieux, achetés par le Régent, sont en Angleterre.
En 1661, Louis XIV donna Chantilly au grand Condé, qui fit rebâtir le chateau, arranger les jardins par Le Nôtre et dépensa des sommes considérables en embellissements. « Chantilli est célèbre par sa gallerie, sa bibliothèque, son cabinet d’armes, ses antiques, et autres restes précieux de la magnifience du Connétable. La gallerie peinte à frescq par messire Nicolo est dans le jardin… Le cabinet d’armes est plein de toutes sortes d’armes, anciennes et nouvelles, amassés à grands frais, et avec beaucoup de curiosité. Quant aux antiques, un buste en marbre, entre autres, s’y remarque et une petite figure de bronze, qui représente un jeune garçon portant une colombe ou un pélican dans sa main ; et autres semblables, qui demanderoient trop de tems, s’il en faloit faire le détail ». (Sauval.) La salle d’armes, placée au troisième étage sur la façade, contenait « toutes sortes d’armes à l’antique, curieusement ramassées et en quantité » ; l’épée du grand Condé, « fort courte et sans ornemens, est suspendue à l’un des pilliers de la salle… Parmi un grand nombre de boucliers, de casques et de cuirasses, on y voit celle du brave Montmorency qui fut tué à Saint-Denis, et sa cuirasse percée d’une balle d’argent ». (Piganiol.)
Sur la Bibliothèque des princes de Condé, consulter Léop. Delisle, Histoire du Cabinet des mss. Le catalogue des livres se trouve à la Bibliothèque nationale, n°s 54, 1 et 54, 2.
A la Révolution, huit armures françaises faisant partie du Cabinet d’armes de Chantilly, furent portées au garde-meuble et de là au Cabinet des médailles. Elles sont au Musée des Invalides.
Les Archives de l’Art français (1882) contiennent la liste des statues et de vases enlevés de Chantilly, placés au Luxembourg et restitués en 1816 au prince de Condé.
$31, II, 225 ; et 1713, III, 72. – $63, II, 143 ; III, 6. – $44, 289. – $25, I, 195, 372, 525, 700 ; II, 298. – $4, II, 32. – $61, IX, 158. – $36, II, 233. – $60, IX, 73, 516. – $69, VII, 117.