Cabinet de Peiresc (Nicolas-Claude Fabri)
Le "Prince des curieux" est cité entre autres par Bonnaffé
« 1580-1637. Conseiller au parlement de Provence ; à Aix et à Belgentier. Je n’ai pas à refaire ici la biographie de Peiresc, une des gloires de la France et l’un des premiers de son siècle. Histoire naturelle, astronomie, linguistique, archéologie, numismatique, ce grand homme a excellé en tout. […]
La maison de Peiresc offrait l’aspect le plus bizarre. Surmontée d’un observatoire, encombrée de livres et de curiosités, « d’objets précieux des Indes, d’Ethiopie, de Grèce, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, elle ressemblait à une foire fameuse, instar celeberrimi emporii (Naudé). » La bibliothèque envahissait le plancher, grimpait le long des murs, débordait dans le vestibule ; des colonnes de manuscrits, columnatium cumulati, se dressaient dans toutes les pièces, parmi les statues de marbre et de bronze, les vases, les médailles, les pierres gravées, les portraits entassés pêle-mêle avec les animaux singuliers, les momies, les instruments de mathématiques. La police était faite par une armée de chats pour lesquels Peiresc professait une affection particulière ; c’était les conservateurs de sa bibliothèque.[…]
L’inventaire conservé à la Bibliothèque en apprend davantage. C’est un manuscrit (f. fr. 9534) de vingt-huit pages, sans date, intitulé : Invantaire des médailles, graveures, pierres pretieuses et poidz antiques du cabinet de feu M. de Peiresc. Il comprend onze chapitres : Monnoies et médailles, cette suite est considérable ; – Graveures antiques, 1119 pierres gravées ; Gemmae et lapilli, c’est-à-dire les pierres non gravées ; Rarettés; – mundus muliebris ; – Supellex pretiosior : – Vazes antiques; – Figures de bronse antiques et deux de porcelaines, ce sont deux figures de porcelaine chinoise ; – Statues de marbre et de pierre antiques ; – Figures de bronse égyptiennes ; – Instrumentz de sacrifice ; – Pièces détachées. […]
A la fin du catalogue, se trouve une liste de quarante-cinq « médailles d’or desrobées à M. de Peiresc ». […]
La collection de Peiresc fut dispersée après sa mort. La plupart des antiquités passèrent dans le cabinet de Sainte-Geneviève ; le P. du Molinet en a donné la description. Une suite de portraits historiques, que Peiresc avait réunie dans une galerie de sa maison à Aix, devint la propriété de M. de Valbelle, qui les transféra dans son château de Cadarache, sur les bords de la Durance ; ils ont été détruits à la Révolution. Les livres de mathématiques et les instruments furent légués par Peiresc à son ami Gassendi. Quant à la bibliothèque proprement dite et aux manuscrits, M. de Valavez, frère et héritier de Peiresc, les transporta à Paris et vendit la bibliothèque au collège de Navarre. Les manuscrits, rapportés à Aix, eurent à subir toutes sortes d’outrages jusqu’au jour où le président de Thomassin de Mazaugues en sauva cent volumes environ ; huit volumes furent achetés par Sibon et plus tard par Michel Bégon. La plupart des lettres, qui s’élevaient à plus de dix mille, furent détruites par une petite nièce de Peiresc, qui s’en servait pour allumer son feu et faire des couches de vers à soie. Ce qui restait des manuscrits, mis en vente par le neveu de Peiresc en 1647-48, fut acheté par Naudé pour Mazarin.
La Bibliothèque de Carpentras conserve 86 volumes des papiers de Peiresc ; la Bibliothèque nationale en possède quelques-uns ; deux volumes […] se trouvent à la Haye. Le Musée Britannique garde un catalogue de près de 700 mss. ayant appartenu à Peiresc ; M. de Berluc-Perussis signale deux inventaires de la collection, Fabriciani cimelarchii promptuarium, etc. par Chapard, Aix, 1647, et le Cabinet des raretés de feu M. de Peyresc à la Bibliothèque de Carpentras. […]
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Cabinet cité par BALSIGER, Barbara Jeanne, dans The Kunst-und Wunderkammern : A Catalogue Raisonné of Collection in Germany, France and England, 1565-1750, publié par l’Université de Pittsburgh, 1971, p. 601-603.
[p. 601]
(1580-1637)
Born Beaugensier in Provence.
Studied law in Padua, Paris, Rome.
The Sieur de Callas by inheritance.
Senator and judge of Parliment of Provence at Aix.
Lay abbot of the monastery of Guistres.
One of the men who negotiated the contract with Rubens for the Medici gallery in the Palais du Luxembourg.
Interested in genealogy and heraldry, oriental literature and cultures, numismatics, history, the sciences of medicine, astronomy, horticulture, optics, comparative anatomy, archaeology & ethnography.
Traveled to England and Holland examining scientific collections.
Built vast correspondence with men of learning all over Europe and part of Asia.
Assembled great accumulation of literary and scientific manuscripts.
Proved invaluable for research purposes. Some 10,000 letters – many destroyed after his death.
Published no scientific works himself, but collections made available to others.
Was friend and patron of most of erudite people and men of letters of his day.
Gave books, coins, information and help to almost every
[p. 602]
author or man of letters in Europe.
Gave Scoliger books in Hebrew and medals of the princes of Scala.
Gave Holstenius many old geographies and 20 Greek manuscripts of Arisotle and Plato.
Gave many Coptic and Arabic manuscripts to Saumaise.
Athanasius Kircher’s Lingua Aegyptiaca restituta would not have been written without Peiresc’s aid.
Served as dispersal area for the works of many, many scholars – French, English, German, Italian – sending works from author to author and to publishers as he received them through his wide-spread correspondence. He had a collection of coins and curios-some of which he preserved in « museums » accessible to tourists.
He sent his courriers through the entire world to find things for his collection : and
« aucun navire n’entrait dans un port français, sans amener pour son cabinet quelque vareté (sic) d’histoire naturalle (sic), des marbres antiques, des manuscripts coptes, arabes, hébreux, chinois, grecs, des fragments trouvés dans la fouilles de l’Asie et du Peloponese. »
Collection dismantled after his death.
Peiresc gave things from his own collection to people he thought could use them, e.g. all his Egyptian things went to Athanasius Kircher (q.v. « Catalogue Raisonné », Rome).
Inventaire des médailles, graveures, pierres prétieuses et poidz antiques du cabinet de feu M. de Peiresc.
Manuscript of 28 pages. No date. Preceded by portrait of Peiresc by Mellen.
II chapters.
Coins and medals.
antique carvings – 1,119 carved stones (cameos).
Stones – not cut or carved.
Rarities other than medals, and gems.
Mundus muliebris.
Objects in gold and silver.
Antique vases of silver, bronze, alabaster, amethyst, decorated with emeralds and other materials.
Large and small antique figures of bronze and two of porcelain.
Antique statues of marble and other stones
Ancient Egyptian figures of bronze, and other Egyptian objects.
Scientific instruments of bronze and separate objects.
A painting by Rubens.
[p. 603]
A painting by Nicolas himself, representing the agate in the King’s cabinet.
Also had library of manuscripts.
Coptic, Arabic, Hebrew, Chinese.
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SOURCES (mentionnées par B.J. Balsiger) :
- Edmond Bonnaffé, Les Collectionneurs de l’Ancienne France, Paris, 1873, pp. 37-38.
- Leopold Delisle, « Un grand amateur français du XVIIe siècle, Fabri de Peiresc », Lecture at a public meeting, 1888, published in Mémoires de l’Institut de France, v. XXXV, part I, p. 141, and also in Annales du Midi, I, (1889), pp. 16-34.
- David Murray, Museums : Their History and Their Use, Glasgow, 1904, pp. 90-91.
- Linda van Norden, « Peiresc and the English Scholars », Huntington Library Quarterly XII, 1948-1949, pp. 369-389.
- Gassendus (1592-1655), The Life of the Renowned Nicolaus Claudius Fabricus, Lord of Peiresk, London, 1657.
- F.J. Cole, A History of Comparative Anatomy, London, 1944, p. 482.
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Catalogue de la Bibliothèque de Peiresc :
Deux catalogues ont été rédigés par les secrétaires de Peiresc. Le catalogue contenu dans le manuscrit 640 (Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras) a été rédigé par François Parrot pour la plus grande partie avec des ajouts et des annotations du frère de Peiresc. Le catalogue présent à la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence (mss 1218) est, quant à lui, entièrement de la main de Parrot. Le manuscrit de Carpentras a servi vers 1647-1650 comme catalogue de vente pour le neveu de Peiresc, Claude de Rians si bien qu’il comporte des renseignements de prix et des informations sur les ouvrages qui ne figurent pas dans le manuscrit d’Aix. (selon Cheny 2010)
Autres éléments bibliographiques :
- Cheny, Anne-Marie, « Humanisme, esprit scientifique et études byzantines : la bibliothèque de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc », Dix-septième siècle, 2010/4 (n° 249), p. 689-709. DOI : 10.3917/dss.104.0689. URL : https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2010-4-page-689.htm
- Dauvergne, Catherine, Un moteur de la révolution scientifique : la curiosité dans la correspondance de N. Cl. Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix, Paris, PU du Septentrion, 2000.
- Fumaroli, Marc, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Prince de la République des Lettres, Anderlecht, 1992 (IVe centenaire de la naissance de Gassendi : conférence organisée par l’Association Pro-Peyresq dans la Maison d’Erasme à Anderlecht, le mercredi 3 juin 1992).
- Gassendi, Pierre, Viri illustris Nicolai Claudii Fabricii de Peiresc, senatoris Aquisextiensis, vita, Paris, 1641, traduit du latin par Roger Lasalle, Paris, Belin, 1992.
- Miller, Peter, L’Europe de Peiresc, Paris, Albin Michel, 2015.
- Miller, Peter, Peiresc’s Mediterranean World, Cambridge, Harvard University Press, 2015.
Sur le web :
Eléments sur le cabinet de Peiresc
[…] Peiresc11 et Fouquet12 sont les deux premiers collectionneurs d’antiquités égyptiennes dont les monuments sont encore conservés dans nos musées. […]