Cabinet de Séguier, Pierre
Cité par Bonnaffé
« 1588-1672. Chancelier de France. En 1633, Séguier acheta l’hôtel de la rue du Bouloi que le duc de Bellegarde avait fait rebâtir par du Cerceau « le plus galamment du monde ». Le chancelier, à son tour, remania les distributions intérieures : la chapelle fut décorée par Simon Vouet, et Sarrazin plaça sur l’autel les figures de Saint Pierre et de Sainte Marie-Madeleine, patrons du maître et de la maîtresse du logis (Madeleine Fabri). En même temps on construisit dans le jardin deux galeries superposées ; dans la galerie basse, des figures allégoriques représentaient les actions héroïques de Louis XIII et de Richelieu. La galerie haute servait de bibliothèque ; on citait pour sa nouveauté la décoration du plafond sur fond d’or « à la mosaïque », imaginée par Vouet. Mais « ce qu’il y avoit de plus remarquable, étoit un grand nombre de porcelaines qui regnoient tout autour de la corniche, et qui faisoient le plus bel effet du monde. Il auroit été difficile d’en trouver dans un endroit une plus grande quantité et de mieux choisies. Il y avoit aussi des cabinets qui étoient entre les croisées d’un côté et d’autre. » (Sauval, Mémoires inédits.) […] Séguier fut le premier protecteur de Le Brun. […] La veuve de Séguier conserva la bibliothèque du chancelier ; dans la uite, les livres furent vendus et les manuscrits passèrent entre les mains d’un petit-fils de Séguier, Henri-Charles de Cambout-Coislin, évêque de Metz, qui les légua aux religieux de Saint-Germain-des-Prés.
L’hôtel de la rue du Bouloi avait servi pendant trente ans (1643 à 1673) de siège à l’Académie française, dont Séguier était le protecteur. A la fin du XVIIe siècle, il fut acheté par les Fermiers généraux pour en faire l’hôtel des Fermes ; c’est le nom qui lui est resté.