Cabinet des d’Aumont

Cité par Bonnaffé

Antoine, avait deux hôtels à Paris: l’un rue de Jouy, bâti par Mansard, renfermait un plafond de Le Brun, l’Apothéose de Romulus; l’autre, place Royale, était l’œuvre de Le Vau, Van Obstal, Simon Vouet et Buiret.

Louis-Marie de Rochebaron, duc d’Aumont, demeura d’abord rue Vivien (Vivienne), puis rue de Jouy, dans l’hôtel de la famille. De son temps, les appartements étaient remplis « de meubles précieux et de curiosités de conséquence, comme des bronzes, des médailles, des pierres gravées, sans parler des tableaux rares, des cabinets portatifs d’un travail extraordinaire et de mille autres raretez qui faisoient juger du parfait discernement de celui qui les avoit choisies. Mais toutes ces belles choses ont été vendues dans un inventaire public qui a duré plusieurs mois ». ($31)

Le duc avait organisé chez lui, comme quelques-uns de ses confrères, des conférences périodiques où l’on traitait des questions d’histoire et d’iconographie anciennes. Lui-même était un curieux doublé d’un érudit, qui se connaissait fort bien en médailles, en pierres gravées, et parlait savamment de ses trouvailles; Baudelot nous apprend que le duc avait « découvert depuis peu deux portraits en agathe de quelques-uns des tyrans du temps de Gallien ».

En 1698, Lister visita l’hôtel de la rue de Jouy, mais il ne mentionne que la serre, les treillages et le jardin « avec un pavillon au milieu, dans lequel étoit une statue antique romaine bien conservée.»

Louis d’Aumont avait aussi la passion de la curiosité, mais elle lui coûtait cher. « Un panier percé, dit Saint-Simon, qui avoit toujours vécu d’industrie… D’une grande santé, débauché à l’avenant, d’un goût excellent, mais extrêmement cher en toutes choses, meubles, ornemens, bijoux, équipages, il jetoit à tout, et tira des monts d’or des contrôleurs généraux et de son cousin Barbezieux… Avant la mort de son père, logeant dans une maison de louage, il l’ajusta et la dora toute, boisa son écurie comme un beau cabinet, avec une corniche fort recherchée tout autour, qu’il garnit partout de pièces de porcelaine. On peut juger par là de ce qu’il dépensoit en toutes choses ».

Un troisième duc d’Aumont a fait lui aussi parler de lui dans la curiosité, Louis-Marie-Augustin, premier gentilhomme de la Chambre, dont la vente célèbre eut lieu en 1782. Il appartient au XVIIIe siècle.

La marquise d’Aumont acheta du comte de Cheverny le Saint George de Raphaël, qu’elle vendit ensuite à de La Noue, d’où il passa chez le Président Tambonneau (v. ces noms).

En 1670, Michel Anguier fit « pour Madame ma duchesse d’Aumont en Enfant Jésus de marbre qui est couché sur une croix posée dans une crèche qui est élevée de 3 pieds; l’ouvrage est dans l’hôtel d’Aumont ».

L’hôtel de la rue de Jouy, après avoir longtemps servi de pensionnat, est devenu la Pharmacie centrale.

$63, II, 157. – $31, I, 304; 1713, II, 30. – $6, II, 685. – $44, 169. – Saint-Sim., X, 432. – Mém. inéd., I, 12, 447.