Cabinet de De Bagarris (et du Bourguet), Pierre-Antoine Rascas
Cité par Bonnaffé
« 1567-1620. Avocat, né à Aix. […] – Pierres gravées, médailles, antiques. De bonne heure il forma, dans sa ville natale, un des plus riches cabinets de son temps. En 1608, appelé à Fontainebleau par Henri IV, il fut chargé de réorganiser les collections royales et devint Maître des cabinets, médailles et antiques du roi. Le Cimeliarque, comme on l’appelait, se mit de suite à campagne et, grâce à lui, l’établissement royal fut définitivement constitué. Bagarris se disposait à composer une histoire du roi par les médailles, quand Henri IV fut assassiné. Découragé, notre gentilhomme reprit le chemin de la Provence, ramenant sa collection qu’il avait fait venir dans l’espoir, j’imagine, de la vendre au roi. Il reçut, comme dédommagement, le titre assez singulier d’Intendant des mers atlantiques du roi et mourut à Aix quelques années plus tard. Bagarris est l’auteur d’un petit livre fort rare, la Nécessité de l’usage des médailles, Paris, 1611.
Peiresc visita son cabinet pendant qu’il était encore à Paris, en 1612.
Le catalogue de Bagarris, publié après sa mort, est imprimé sous le titre de : Curiositez pour la confirmation de l’histoire tant Grecque et Romaine que des barbares et Goths, consistant en anciennes monnoyes, médailles et pierres précieuses, tant gravées en creux que taillées en bas-reliefs. Le tout est dans Aix en Provence ; soubz l’indication de M. Anthoine Escavard, orfèvre, ou de M. Estienne David, imprimeur du roy de la mesme ville. Cette plaquette de 36 pages, sans nom ni date, est rarissime, et je la dénonce comme un phénix qui fera le désespoir des chercheurs de catalogues. Le livre est traité avec soin ; c’est l’oeuvre d’un antiquaire, et tout porte à croire que Bagarris lui-même en est l’auteur. Peut-être l’avait-il composé pour édifier le roi sur la valeur de son cabinet, et ses héritiers, trouvant un inventaire de sa main, l’ont-ils publié pour faciliter la vente.
Le catalogue se divise en deux parties : la première comprend les médailles et les monnaies, recueil considérable et d’un choix excellent. La seconde concerne les pierres gravées ; elles sont au ombre de 957, « toutes considération, tant pour leur beauté naturelle et grandeur des unes, que par les louables sujets qui y ont esté représentez par les plus excellens graveurs de l’antiquité. » Malheureusement, cette partie du catalogue est bien sommaire, et l’auteur paraît moins préoccupé de dresser un inventaire que d’exposer une théorie générale sur l’utilité de ces monuments pour l’histoire.
La veuve de Bagarris conserva longtemps ce précieux cabinet sans pouvoir s’en défaire. En 1660, de Brienne acheta les médailles 1800 livres, et Toussaint Lauthier la plus grande partie des pierres pour 2000 livres ; elles sont au Cabinet des médailles. Le célèbre Mécène de Dioscoride, une des plus belles intailles de la collection de France, vient du cabinet de Bagarris, ainsi que le Silène ivre et le cachet de Michel-Ange, qui passaient alors pour antiques et qu’on a reconnues depuis pour des imitations de la Renaissance. (Extrait de ma notice sur Rascas de Bagarris, Gazette des Beaux-Arts, mai 1878.) »
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On trouvera sur le site de la BnF des précisions quant à la biographie et au rôle tenu par Bagarris dans le cabinet des médailles du roi [document pdf].