Cabinet de Boyer d’Aguilles, Jean-Baptiste
Cité par Bonnaffé
1645-1709. Boyer d’Auguilles ou d’Eguilles, conseiller au Parlement de Provence, fils de Vincent de Boyer-Malherbe et grand-père du marquis d’Argens, était amateur, peintre et graveur. Dans sa jeunesse, Boyer prit des leçons du Puget, qui l’engagea à visiter l’Italie et les Pays-Bas ; il y séjourna plusieurs années. De retour à Aix, il se fit construire un hôtel en ville et un château aux environs. Le Puget donna les dessins de l’hôtel, dont la décoration fut confiée à Christophe Veyrier sculpteur, élève du Puget, et à Sébastien Barras peintre aixois, qui fit également une partie des peintures du château. D’autres artistes, plus jeunes ou moins connus, que Boyer patronnait et dirigeait lui-même, concoururent à la décoration de ces deux maisons.
Sa collection était fort bien composée : cent tableaux environ de quatre-vingts maîtres différents, choisis parmi les plus renommés Raphaël, André del Sarto, le Corrège, le Parmesan, Titien, Paul Véronèse, Tintoret, Annibal Carrache, le Guide, le Guerchin, Rubens, Van Dyck, Teniers, Netscher, Poelembourg, Poussin, Bourdon, Le Sueur, etc., sans compter un certain nombre d’ouvrages de la main de Boyer lui-même.
Boyer fit graver par Jacques Coelemans d’Anvers les tableaux de son cabinet comprenant 120 planches ; un certain nombre de pièces du recueil sont gravées soit par Barras, soit par Boyer. Ce travail dura quinze années et la publication n’eut lieu qu’en 1709, l’année même de la mort de Boyer d’Aguilles. Le volume a pour titre : Recueil des plus beaux tableaux du cabinet de Messire Jean-Baptiste Boyer, seigneur d’Aguilles, conseiller au Parlement de Provence, à Aix, chez Jacques Coelemans, marchand et graveur en taille-douce, 1709. Mariette en publia une seconde édition (1744), sous la direction de Pierre Boyer d’Aguilles, fils de Jean-Baptiste et, comme lui, conseiller au Parlement d’Aix.
On voyait au Cabinet de Sainte-Geneviève « un petit ossuarium de marbre romain », donné par Boyer d’Aguilles au père du Molinet, qui dit à ce propos : « Le seul nom de cet excellent homme, qui a un goût admirable de l’antiquité et une grande pénétration en toutes sortes d’arts et de sciences, peut faire l’estime que mérite cette pièce. » Lister écrit à son tour : « On dit que c’est un autre Peiresc et il serait heureux pour l’humanité, en même temps qu’un grand honneur pour son pays, d’avoir en un seul siècle donné deux semblables Mécènes ».
Ce magnifique cabinet a disparu, sauf quelques rares exceptions : le Louvre conserve une peinture de Séb. Bourdon (n° 43), Jules César devant le tombeau d’Alexandre, qui provient de la collection d’Auguilles ; la Fuite en Égypte du Poussin a figuré dans la vente Crozat ; les Noces de Rachel et de Jacob du Caravage ont été vendues à Paris, il y a une quarentaine d’années. En 1860, on a vu passer à l’hôtel Drouot une Tête de Christ en marbre du Puget, appartenant à M. Germont, de Marseille, et provenant, dit-on, du même cabinet. On retrouve encore à Aix et à Montpellier trois ou quatre peintures, et M. Malcor, de Toulon, possède plusieurs dessins attribués au Puget et probablement de Toro, qui ont la même origine.
L’hôtel d’Auguilles, à Aix, est devenu une fabrique de pâtes d’Italie.
H. Rigaud a fait le portrait de Boyer d’Auguilles.
De Chennevières, Peint. prov., I, 97. – $61, II, 223 ; IV, 337 ; VIII, 20. – $70, p. 35. – $44, 68. – $30, pass. – $1, Boyer D’Auguilles.