Cabinet Le Ragois de Bretonvilliers, Claude

Cité par Bonnaffé

1582-1645. Receveur général des finances de Limoges, secrétaire du Roi, l’un des plus riches financiers de son temps : « Je ne crois pas, disait Tallemant, qu’on puisse gagner légitimement 600,000 livres de rente, comme on dit qu’il avoit. » L’hôtel de Bretonvilliers, renommé pour l’excellence de ses peintures, pour le luxe « plus que royal » de ses meubles et sa position exceptionnelle, était situé quai de la Cité, à la pointe de l’île Saint-Louis. « Les vues en sont magnifiques et, des fenêtres, il semble que les bateaux qui arrivent incessamment pour la subsistance de cette grande ville viennent prendre terre au pied de cette belle maison » (G. Brice). « Après le Sérail (la pointe du Sérail), ajoute Tallemant, c’est le bâtiment du monde le mieux situé ».

L’hôtel fut achevé et singulièrement embelli par Benigne de Bretonvilliers (1624-1700), fils de Claude et président des Comptes. – Galerie peinte par Seb. Bourdon, peintures de Simon Vouet, copies de Mignard d’après Raphaël ; quatre ouvrages de Poussin, le Passage de la mer Rouge, l’Adoration du Veau d’or, l’Enlèvement des Sabines et Vénus triomphant sur les eaux ; Mise au tombeau de Michel-Ange ; ouvrages de Breughel, de Wouvermans, de Claude Lorrain, de Rembrandt ; Descente de crois de Daniel de Volterre (achetée par le Régent). Lits de broderie, tapisseries rehaussées d’or et d’argent, bibliothèque et cabinet de Boulle, bronzes, porcelaines, laques, livres, manuscrits. Il paraît que Bretonvilliers avait commencé une collection d’estampes, mais il y renonça ; c’est du moins ce que je crois comprendre par le quatrain suivant de Marolles :

Qui s’en fust défié ? que n’eust pas été ferme

Dans l’amour de l’estampe un aussi bel esprit

Que l’est Bretonvilliers, dans ce qui le surprit,

La dépence auroit-elle ébranlé ce grand terme ?

En 1700, la Bibliothèque Royale fit l’acquisition de 35 manuscrits provenant de Bretonviliers.

Cette magnifique résidence a été souvent reproduite par la gravure au XVIIe siècle ; occupée tour à tour par le maréchal de Tallard, par les fermiers généraux et par un laboratoire de parfumerie, elle a disparu dans le percement du boulevard Saint-Germain.

$31, I, 392 ; 1713, II, 160. – $64$58$47$23, p. 111. – $63$56$62, 71. – $52, I, 95.