Cabinet de Béague, André
Cabinet décrit dans Detail general de toutes les raretez... (1775) par son propriétaire même.
Très nettement, le cabinet de Béague sert de publicité à son fonds de commerce : il est vrai que les riches vêtements et accessoires qu’il propose à la location ne déparent pas les merveilles que recèlent les armoires de son cabinet. André Béague ouvre pour nous tous ses tiroirs, méthodiquement, l’un après l’autre, et l’on a la chance de pouvoir se représenter le capharnaüm du marchand collectionneur, un invraisemblable bric-à-brac d’objets aux noms savoureux, rassemblés dans un lieu circonscrit, son cabinet de curiosités au plafond luxueusement décoré. Il finit par préciser que le volume textuel de sa description pourrait être augmenté d’un tiers s’il cherchait l’exhaustivité…
Le texte saisi ici est celui de l’exemplaire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (Réserve : 8 ZZ 6382 INV 9616 FA) ; une gravure qui figure en regard de la page de titre n’a pu être reproduite ici.
Avertissement.
Il y avoit quelque temps qu’André Beague desiroit de donner au Public, et surtout aux Personnes curieuses, une idée distincte, tant du contenu de son Cabinet de Curiosités, que des différens assortimens qui composent ses Magasins, lesquels sont divisez en plusieurs Apartemens différens ; A la vérité ce n’a point été sans beaucoup de peine et à grand frais que ledit Beague s’est approprié la plûpart de toutes les raretés dont il sera parlé ci-après, d’autant que depuis 1740 jusqu’en 1753 il fit nombre de voyages, tant dans la Capitale et autres endroits du Royaume, que chez l’Etranger, à ce sujet : Enfin après bien des recherches et travaux pénibles, il sçût tirer des différens Cabinets de France, de ceux d’Angle-
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terre et du Brabant, quantité de diverses piéces très-curieuses, telles que Coquilles, Petrifications, Plantes marines, Oyseaux, Insectes, Poissons, Animaux terrestres, le tout parfaitement bien conservé : Médailles, Tableaux, Figures en Ivoire, Bronze et autres matiéres, avec quantité d’autres Piéces physiques et mécaniques, dont la vuë est offerte aux honnêtes gens : de même que tous les Effets renfermés dans ses magasins, sont au service des Amateurs, à louër en tout temps.
Oculis sit licentia, pax Manibus.
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Premier apartement.
Cette Chambre consiste en une quantité d’Armoires qui l’en environnent, remplies de toutes sortes d’habillemens [en Or, Argent et Soye] à la Turque avec Bonnets, Ceinturons, Cimeterres, Turbans, Sceptres, etc. D’autres à la Juive, à la Chinoise, à la Persane et à la Greque ; le tout pour les deux Sexes. Au dessus de ces Armoires sont placés en pyramide plusieurs Instrumens de musique ancienne, tels que Harpes, Luth, Guitarre, Mandoline, Basse de Viole, Quinton d’amour, Violonchelles, Violons, Pochettes, Hautbois,
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Bassons, Flutes, basses Flutes, Tambourins, Tambours de Provence avec Fifres, etc. On trouve aussi dans la même Chambre plusieurs beaux et bons Clavecins, plusieurs Orgues d’Allemagne, Triangles, Trompes et Cors de chasse, Tymballes et Trompettes magnifiquement garnies, etc.
Le fond de cette même Chambre offre aux yeux une espéce d’Amphithéatre qui forme une Armoire à douze grands battans, dont chacun est garni d’un riche Vêtement de masque, servant de décorations aux portieres, au travers desquelles on passe pour entrer au deuxiéme Apartement.
Second Apartement.
Cette Chambre est aussi toute environnée d’Armoires, pleines de plusieurs sortes d’habillemens curieux de Sauvages, Afriquains, Ameriquains,
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Négres, Esclaves Turcs, de Paysans et Paysannes, Bergers et Bergeres, d’Hussards, le tout en soyerie très-richement garni, habits de Furies, d’Ombres, de Squelettes, de Lion, d’Ours, et quantité d’autres non ici spécifiés.
Le dessus desdites Armoires est plein de postures d’Animaux parfaitement sculptez, entre lesquels on voit des Chameaux, Dromadaires, Bœufs, Vaches, etc. Avec plusieurs attributs tels qu’Arcs, Carquois, Cornes d’Abondance, Lires, Boucliers, Ancres, Bourdons, Houlettes, Rames et Tridents. Dans le nombre de ces Armoires il s’en trouve une superbe de bois d’Ebenne, incrustée magnifiquement en cuivre, haute d’environ neuf pieds et large à proportion, servant de Bibliotheque à jour, dans laquelle sont d’excellens Livres, et quantité de très-belles et bonnes Estampes. Plus la peau d’un Serpent aquatique nommé en latin Boa, d’environ treize pieds de longueur, et large à propor-
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tion, parfaitement conservée : cet animal suit ordinairement les troupeaux de Bœufs, et suce les mamelles des Vaches : on en voit quelque fois en Calabre où on en tua un sous l’Empereur Claudius, dans le ventre duquel on vit un enfant qu’il avoit avalé tout entier : Une autre peau de Serpent de huit pieds de longueur, d’une couleur jaunâtre, marquetée de brun ; elle est tout-à-fait curieuse : et au plancher de la même Chambre pend une grande côte de Baleine, avec plusieurs Crocodiles de différentes especes et grandeurs.
Entre ce second et troisiéme Apartement sont deux galeries toutes remplies d’un bout à l’autre d’Habillemens de toutes nations de differens Caracteres, tels que de Rois, de Reines, Officiers, Soldats, Gardes, Matelots, Rameurs, Esclaves et Valets de toutes sortes de Livrées, en Soye, Velours, Tissus et autres Etoffes. De magnifiques draperies d’Or et d’Argent brodées et relevées en bosse, servans à la
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décoration des Trônes de Théatres, Chars triomphans, etc.
Troisiéme apartement.
Cette Chambre est très-spacieuse, puisque c’est la même qui a servi de Chapelle à l’ancienne Maison de Ville : au milieu est une Orgue excellente à plusieurs regîtres, travaillée d’un goût singulier, propre pour Eglise. Le circuit de cette Chambre est garni d’Armoires à plusieurs battans, lesquels forment en differentes reprises, après ouvertures, plusieurs changemens de Tapisseries éclatantes, par le grand nombre des differentes pierreries attachées aux somptueux et riches Habits à la Romaine et autres, dont toutes ces Armoires sont pleines ;
sçavoir,
Plusieurs Habits et Manteaux Royaux de Draps d’Or et d’Argent,
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Velours cramoisi, Damas, etc. Brodés en plein avec Crépines en Or et en Argent, de diverses couleurs : d’autres garnis également en Points d’Espagne aussi d’Or et d’Argent, avec Couronnes, Sceptres et Diadêmes : quantité de superbes Casques, Bonets et Coliers à la Romaine, les vêtemens de Pape, Levites, avec Thiarres, Mïtres, Chapeaux, Etoles, Crosses etc. le tout enrichi magnifiquement en Pierreries, Or et Argent.
La seconde Ouverture de ces Armoires fait voir une quantité de superbes Habits à la Françoise, en draps d’Or et d’Argent, brodés de toutes façons ; de Velours de plusieurs couleurs aussi brodés de fin Or et Argent ; d’autres tout garnis en Points d’Espagne et Galons sur toutes les tailles, et plusieurs autres de Soye et Drap très-richement garnis de même, avec les Vestes.
La Face de l’entrée de cette même
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Chambre est embellie de très-belles Décorations de Théatres : au-dessus des Armoires à droite, sont montez sur piédestaux trois Postures, dont celles des côtés tiennent chacune une arme offensive ; celle du milieu qui est grande comme en nature, est armée de toutes piéces en acier, elle est mouvant par ressort : Ces Postures sont environnées d’un Trophée d’Armes très-anciennes et curieuses, tels qu’Arquebuses, Pistolets à mêches, Lances, Halebardes, Javelots, Massues, Haches Consulaires, Faisceaux d’Arme, Arbalêtres, Arcs, Dards, Traits et Carquois, Sabres et Epées de différentes formes, entre autre un Damas avec lequel un poignet fort peut couper un barreau de fer de trois lignes d’épaisseur, d’un seul coup ; un très-beau Bouclier d’acier, très-ancien et parfaitement bien gravé, une Epreuvette pour connoître la force de la Poudre, et quantité d’autres Antiquailles.
Au-dessus des autres Armoires à gauche, sont plusieurs bons Tableaux
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dont on laisse la décision aux Connoisseurs, de même que de tous ceux renfermez dans le Cabinet, duquel l’on va voir la description et le détail de son contenu.
Quatrieme et dernier apartement.
Au dessus de la Porte se voit la même inscription latine, dont il est déjà fait mention au bas de l’Avertissement de ce Recueil, en lettres d’Or.
Ce Cabinet, dont le plafond est peint par Vanderburgh, d’un dessein d’Architecture, rehaussé en or, peut avoir environ cent pieds de circonférence, et est de même que les Apartemens prédédens environné de dix Armoires, dont sept grandes dorment autant de petits Cabinets particuliers ; les Portes de ces Armoires sont embellies de Trumeaux encadrés en do-
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rures, ce qui forme une réverbération brillante et éclatante : au-dessus de ces mêmes Portes sont les Tableaux dont on a deja parlé : au centre de ce même Cabinet on voit un Fort d’environ vingt pieds de contour, enchassé en bordures de Glaces pour former l’éloignement : ce Fort dans son enceinte forme un Corps de Place d’Armes, environné de Maisons, Ramparts, Portes, Ponts levis, Barrieres, Corps de Gardes, Fossets, Bastions, Demi-lunes, Chemins couverts et Glacis, sur lequel il y a plusieurs détachemens d’Infanterie et Cavalerie, qui semblent vouloir en faire l’investiture ; aussi bien que nombre de Canons, Mortiers, Bombes, Boulets, Chariots d’Artillerie et Caissons.
Aux côtés de ce Fort sont sur piedestaux deux Exagones, l’un à deux étages, représentant douze sujets différens, en très-belles figures d’émail, bien finies. L’autre est un optique en théatre : Entre les différens sujets qu’il offre, on voit un Jeu de Paume,
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une Salle d’armes, le Quartier du Roi, la Chambre Hollandoise, une Foire aux Chevaux, un Berceau où l’on tire au blanc, etc.
Contenu de la premiere armoire.
Cette Armoire renferme plusieurs Miroirs cilindriques, concaves, ardens et convexes : Sçavoir :
Un Miroir cilindrique à cinq faces, accompagné de douze différens Tableaux représentans quantité de Figures complettes, lesquelles se réünissent dans le susdit Miroir en une seule, tout à fait différente.
Un autre dont les Tableaux sont tellement difformes qu’on n’y sçauroit decouvrir aucune marque de quelque objet que ce soit ; au lieu que dans le Miroir, on y observe des Sujets bien finis.
Un autre nommé Cône, pointu par le haut, sur lequel on fixe l’œil pour
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découvrir dans le centre, des Objets parfaits, tandis que les Tableaux seules n’offrent aux yeux qu’un diffus barbouillage.
Deux Primes en triangle servans à réünir les couleurs des rayons du Soleil, le niveau d’eau, et plusieurs autres expériences physiques.
Un Bouquet, une Rose, un Peroquet et quelqu’autres Piéces magiques, plusieurs autres Miroirs servans à grossir, diminuer et renverser les objets.
Une Lanterne magique singuliere, avec nombre de différens changemens peints sur plusieurs sortes de Verres.
Seconde armoire.
Où on voit une Scribanne d’écaille de Tortue, les faces des Tiroirs sont garnies de petits Tableaux peints sur marbre incrusté en ornemens de bronze doré, au nombre de quinze, y compris les deux Portieres qui renferment une Perspective de glace, au dessus de laquelle est un
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Christ d’ivoire de dix pouces d’hauteur ; ce morceau est très-beau, aussi a-t’il été admiré de plusieurs ; la Croix et son Pied sont en glaces très-bien incrustées et enchassées en dorure.
Troisieme armoire.
Dans laquelle il y a quantité de belles Figures parfaitement sculptées, en bronze, cuivre, ivoire, albâtre, bouis, et plusieurs autres de composition, entre lesquelles les Divinités de la Fable en terre bronzée, les cinq Sens de Nature fort bien caracterisés, trois petites Vierges en ivoire, l’une de cinq pouces et les deux autres d’un pouce et demi chacune de hauteur, extremement bien finies, deux autres Figures de Femmes aussi d’ivoire, travaillées très-artistement, une Racine de la Chine, sur un des bouts de laquelle on a adroitement sculpté une Tête de Chinois, et un grand nombre d’autres Figures dont le détail seroit trop long à cause de la quantité.
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Quatrieme armoire.
Elle contient plusieurs mouvemens autant surprenans qu’artistement travaillés, la Machine nommée l’Electricité, accompagnée de differentes Figures en Bronze, autres métaux et compositions qui forment autant de Jets d’eau particuliers étant posés sur un Tuyau capital : plus le Manequin qui pisse, une Danse en rond, un Joueur de musette, un Soleil, une Etoile, un Verre à vin, une Eventail, une Grotte et quantité d’autres Pieces et varietés curieuses, merveilleusement imaginées.
Cinquieme armoire.
Le contenu de celle-cy est déposé sur les apuis et en dessous des fenêtres du Cabinet. On y voit d’abord un Miroir mouvant, communement appellé la Chambre obscure, dans lequel tous les Objets se voyent renversés, plusieurs Caisses d’Optique toutes montées de différentes
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grandeurs avec environ six cens changemens, entre lesquels sont les principales Vûës de l’Europe, toutes enluminées.
Sixieme armoire.
Parmi la quantité de Piéces interessantes qui sont à voir dans cette Armoire, et dont le détail seroit ennuyeux, on y remarque particulierement deux Edifices d’un goût parfait et d’un ouvrage inoui, l’un représentant une Eglise, d’un pied et demi de longueur, sur huit pouces de haut et huit de large : sa Façade est composée de trois Portails, aux côtés s’élevent deux Clochers de cinq pouces de hauteur, à chaque milieu des côtés sont deux autres grands Portails ; mais ce qui rend cette Piece encore plus curieuse, c’est qu’on découvre parfaitement dans son intérieur la Grande Nef qui conduit au Chœur, deux autres Nefs qui tournent à l’entour, et la Grille du milieu, qui est dorée et d’un Ouvrage exquis.
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L’autre Edifice forme un Château de Plaisance, d’un pied carré, sur dix pouces d’hauteur : ce Bâtiment a trois étages, son milieu est entouré de quatre gros Pavillons lanternés, entre lesquels est un Dôme parfaitement travaillé.
Un Carosse de deux pieds de long sur un pied de haut, plein de Figures, auquel sont attelez deux Chevaux Tigres, conduits par un Cocher sur son Siége, lequel a son mouvement particulier aussi bien que le Laquais, les Chevaux et le Carosse même, qui fait douze à quinze fois le tour du Cabinet, lorsqu’on en a bandé les ressorts.
Une petite Figure de Femme, d’un pied ou environ d’hauteur, magnifiquement vêtuë, aussi mouvante par ressort : elle saluë parfaitement, se proméne ainsi qu’une personne animée, tenant à la main une éventail avec laquelle elle badine agréablement. Enfin tous ses mouvemens sont parfaitement imités au naturel.
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Septieme armoire.
Vingt-quatre Tiroirs remplis de Médailles, en sont d’abord le principal ornement : Mais avant qu’on puisse en donner le Catalogue, on attendra à consulter les Antiquaires sur ce sujet ; et même il sera nécessaire de parcourir les ouvrages des Ecrivains tant anciens que modernes qui en ont traité ; car on sçait qu’anciennement on écrivoit par notes ou écritures abregées, de sorte qu’une seule lettre signifioit un mot entier : La preuve en est si certaine, que sous l’Empereur Conrad I. Goltzius a fait un Traité pour l’intelligence des Legendes des Medailles ; et les modernes qui en ont écrit, sont Jacques Goharry, Alde-Manuce le jeune, François Hottman, Fréderic Lindenbrok, Thomas Reynisius, et Sertorio Orsati. Enfin en attendant, l’on se contentera de dire qu’il y en a dans ces Tiroirs de très-anciennes et en quantité, tant en Or et Argent, qu’en autres Métaux.
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Dans la même Armoire sont :
Vingt-quatre autres Médailles d’Empereurs Romains, dont douze émaillées sur Bronze, et douze autres de Métail blanc, encadrées : Vingt Piéces de Nacre de Perle parfaitement gravées en Taille douce : Plusieurs petites Cassettes d’Ecaille artistement travaillées, les unes garnies d’argent dehors et dedans, en Bronze doré : Une Boëte à mouches, d’argent, curieuse pour l’excellence de l’ouvrage, dont le tour est émaillé et peint en fleurage : sur le dessus est aussi peint en Email un Empereur Romain environné de dix-sept beaux Grenats.
Une autre Boëte d’ivoire, dans laquelle il y a un Tiroir garni d’une Glace en Trumeau : sur le dessus du couvercle de cette Boëte, est cizelé un Cheval tirant un Traineau chargé d’une espéce de Cofre fort, sur lequel est posée une Statue équestre d’argent doré.
Un Couvercle d’argent doré fort cu-
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rieux, sur les Espatules duquel on a très-adroitement cizelé deux Figures antiques.
Un Etuy d’Avanturine, et un autre de Cristal garni en Argent.
Deux Portraits en Mignatures, très-beaux, et encadrés en argent.
Un autre Portrait sur le couvercle d’une Boëte d’Argent doré.
Une Boëte de Nacre, incrustée en or, carrée, qui se separe en trois compartimens, dont le dedans du couvercle est garni d’un Miroir.
Une autre idem, ovale, avec deux Flacons de cristal, ajustez en dedans.
Une autre idem, ronde, qui peut servir de Lanterne, Piéce curieuse.
Un Colier de l’Ordre de la Toison d’or, parfaitement travaillé.
Huit Médaillons des Arts liberaux, très-bien cizelés sur cuivre.
Une magnifique Eventail d’yvoire, dont la Peinture en Mignature, represente trois differens Tableaux.
Plusieurs autres Portraits peints sur l’ivoire et plusieurs autres curiosités.
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Catalogue du coquillier.
Huitieme armoire.
Premier Tiroir.
Il forme seize Boëtes remplies de petits Coquillages, Porcelaines en blanc, blancs rayés de noir, de brun, bigarrés en plusieurs couleurs ; Limaçons, Vis, Rochers, Bivalves de Fleuves, et quantité d’autres Coquilles qu’on nomme quelquefois Monnoie de Guinée, et plus proprement graine ou semence de Coquille, puisqu’en lisant le présent
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Catalogue, on les verra grandir de degrè en degré jusqu’à la hauteur de plus d’un pied.
II. Tiroir.
Où il n’y a que dix compartimens remplis comme ci-dessus de Cornets, Vis, Bucins de Fleuve et quantité d’autres.
III. Tiroir.
A quatre séparations seulement, où les Coquilles sont un peu plus grandes.
IV. Tiroir.
Idem, rempli de jolis petits Coquillages, tels que Cornets à Volutes, Porcelaines, Olives, Limaçons et autres.
V. Tiroir.
Où on voit des petits Casques de diverses couleurs, douze petits Murex ou Rochers, huit petits Bucins et quatre Tonnes, dont on aura occasion de parler, vingt belles Porcelaines brunes mouchetées de blanc etc.
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VI. Tiroir.
Rempli de Coquillages Bivalves, nommés Moules de Fleuve.
VII. Tiroir.
Idem, en quatre parties, sçavoir : Les couleurs de Roselez, Violet, Rouge, et émaillés de diverses couleurs.
VIII. Tiroir.
En quatre Parties dont la premiere contient quatre Limaçons ou Sabots à bouches aplaties, deux Patelles ou Toits Chinois, trois Cornes d’Ammon et quelqu’autres : La seconde, onze beaux Sabots de diverses couleurs et grandeurs : La troisiéme, neuf Lepas ou Patelles : Et la derniere sept Coquilles Bivalves très-distinguées.
IX. Tiroir.
Il est composé de cinquante Cilindres, ou Rouleaux, autrement nommés Olives, de la grandeur d’un pouce, agréablement variés en jaune, blanc, brun et autres couleurs.
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X. Tiroir.
Ce Tiroir est composé de vingt-huit Murex ou Rochers, appellés Musiques, d’un pouce ou environ de grandeur, et de plusieurs petites Tonnes ou Harpes.
XI. Tiroir.
Il contient quarante Porcelaines, dont la grande variété réjouït agréablement la vûë par la diversité des couleurs et des marbrures.
XII. Tiroir.
Celui-cy renferme vingt-quatre Coquilles appellées Vis, très-bien variées dans leurs couleurs, entre lesquelles il y en a une de couleur fauve, composée de différentes pointes tout variées, lesquelles vont en diminuant jusqu’au bout.
XIII. Tiroir.
Trente-six Cilindres de même espéce que ceux du neuviéme Tiroir, mais plus grands.
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XIV. Tiroir.
Huit très-belles Tonnes ou Harpes, de deux pouces de grandeur : Quatorze Rochers de différentes couleurs et rayeures.
XV. Tiroir.
Quinze Murex ou Rochers garnis de rides et tubercules par étages, dont les levres sont en forme d’aîles, avec le fond des couleurs en blanc ; quelqu’uns melés de taches brunes, d’autres dont les levres sont fort minces, et d’autres fort épaisses.
XVI. Tiroir.
Vingt Buccins de couleur fauve, avec corps raboteux et queuës cannelées, dont les Bouches forment des replis singuliers.
XVII. Tiroir.
Trente Cilindres de deux pouces, entre lesquels sont la Brunette, le Brocard de soie, le Drap d’Or et le Drap d’Argent.
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XVIII. Tiroir.
Cinq Murex ou Rochers appelés Casques, dont deux truités avec de belles clavicules : Neuf Tonnes d’un blanc tacheté de jaune et de canel assés profondement : On remarque des Dents aux deux côtés de la bouche, avec un double rebord qui forme la levre exterieure : Six Tonnes canelées, couvertes de tubercules par rangs, avec têtes elevées et queuës recourbées, de couleur fauve, à bouches blanches et levres rebordées.
XIX. Tiroir.
Dix-huit belles Porccelaines entre lesquelles sont la Taupe, la Souris, la grande Argus, de forme alongée, fond jaunâtre avec trois fascies brunes, marquées legerément, le corps est semé de petites Mouches rondes, brunes ; le dedans qui est évidé, represente les yeux d’Argus. Cinq autres vergetées de lignes brunes sur un fond d’Agathe claire, et plusieurs autres diversement bigarrées.
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XX. Tiroir.
Ce Tiroir est composé de vingt-quatre belles Coquilles nommées le Pourpre, dont les côtes sont garnies de pointes et tubercules ; la couleur est d’un blanc sali, traversé de quatre lignes noires avec Queuës recourbées en bec.
XXI. Tiroir.
Quarante Cornets à volutes, dont six Hebraïques à robes blanches tachetées de noir : huit Cornets à fond blanc ponctué de brun avec deux fascies d’un jaûne pâle : six autres Cornets bruns et aurores, marbrés en blanc, et quelques autres très-bien diversifiées.
XXII. Tiroir.
Où on voit dix-huit Murex ou Rochers de trois pouces de grandeur, dont six nommés Oreilles d’Asne, à cause de leurs levres qui s’étendent en forme d’aîles, avec des pointes longues ; le fond de la Bouche est d’un rouge vif : douze autres
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à stries avec boutons dans leurs clavicules, et une pointe très-saillante vers le haut.
XXIII. Tiroir.
Quinze belles Porcelaines de trois pouces et demi de grandeur, d’un fond brun, ondé et tigré de jaune et de blanc.
XXIV. Tiroir.
Celui-cy contient vingt Becasses à robe, de couleur fauve raiée de lignes et taches brunes et grises, couvertes de rides et canelures raboteuses, de tubercules avec clavicules assés élevées, la Bouche bordée de liziéres couleur de chair, et la queuë extrémement longue et canelée.
XXV. Tiroir.
Ce Tiroir contient vingt-huit Coquilles, Sçavoir :
Six Clilindres d’environ quatre pouces de grandeur, deux Brocards de soye, quatre écorchés d’un blanc tirant sur la couleur de chair, le fond
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traversé de taches brunes, et raié par tout legerement : huit Cornets à volutes, d’un fond blanc ponctué de jaune, parfaitement varié ; et quatorze autres volutes à fond blanc, raié de jaune et autres couleurs.
XXVI. Tiroir.
Celui-cy compose dix-huit Murex ou Rochers, nommés l’Oreille d’Achirée, avec deux rangs de pointes garnies de trois et quatre rangées de tubercules jusqu’à l’extrémité : la couleur est aurore, tirant sur le rouge, et le dedans d’un rouge très-vif.
XXVII. Tiroir.
Où on voit quinze magnifiques Porcelaines de trois pouces et demi de grandeur ou environ, à fond blanc, moucheté d’un brun aurore très-brillant.
XXVIII. Tiroir.
Ici sont douze Murex ou Rochers nommés Lambis, d’environ cinq pouces de grandeur : Sçavoir, six
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Araignées garnies de pieds et doigts fort longs et crochus, avec queuës et clavicules pointues, une entre lesquelles est distinguée des autres par sa marbrure et son poli : six autres Araignées, dont les corps sont tous pleins de bosses et tubercules, avec des queuës alongées et recourbées : on en decouvre les têtes fort distinctement.
XXIX. Tiroir.
Il contient six Peignes, dont deux à grands étuis, Sçavoir, un partant de son sommet canelé, sur lequel sont des tubercules élevées et creuses : le dedans est blanc, bordé d’un ruban couleur de rose : le second a ses étuis bariolés et marquetés de taches brunes ; ses oreilles qui sont égales, sont marbrées de même, le dedans est bordé de blanc et brun : les quatre autres sont de toute autre forme.
XXX. Tiroir.
Il est composé de vingt-quatre Coquilles, Sçavoir : six Rochers
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Murex nommés musiques, très-distingués par leurs points et lignes noires, imitans le papier écrit en notes : Dix-huit autres Murex à cinq étages, n’ayant de tubercules que dans les clavicules ; leurs robes sont bariolées de brun sur fonds jaunes et jaunâtres, ils sont très-beaux et de diverses grandeurs.
XXXI. Tiroir.
Douze grands Limaçons ou Sabots de belle grandeur, umbiliqués, leur fond est bien poli, d’un blanc taché de noir, et le dedans nacré : Six autres Sabots plus petits, nacrés d’un très grand-brillant, dehors et dedans.
XXXII. Tiroir.
Ce Tiroir icy est trés-important, car il renferme un trés-bel assortiment de Coquillages choisis ; ce qui occasionne un charmant coup d’œil, surtout par les diversités des espéces dont il est rempli, sçavoir :
Une Porcelaine truitée d’une cou-
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leur fort douce, sur fond blanc.
Trois autres nommées Porcelaines de la Chine, très-bien polies, et parfaitement marbrées, avec les levres aurore.
Deux autres dito nommées la Taupe, singulieres par quatre ondes jaunâtres sur un fond blanc, qui en partagent les superficies.
Deux autres dito plus petites, ondées de jaune sur fond blanc, transparentes et parfaitement polies.
Un Cilindre et Rouleau nommé (comme il est déjà dit) le Brocard de Soie.
Un autre nommé le Drap orangé.
Idem le Drap d’Argent.
Idem le Drap d’Or, à cause de son beau compartiment.
Deux Volutes nommées la Flamboiante, ondées et coupées de flammes aurore sur un fond blanc.
Deux idem nommées la Couronne Impériale, à cause de leurs têtes plates et chargées de pointes ou tubercules, qui forment en effet une
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espéce de couronne : leur fond est blanc, ponctué de brun avec fascies, sur un fond jaune pâle.
Un Rocher ou Murex brun, unique par sa varieté ; ses levres forment un bourrelet avec une bande ou cotte traversant la Coquille depuis la tête jusqu’à la baze : chose singuliere.
Trois idem plus petits, de couleur d’agathe, à tubercules bariolées de brun sur fond blanc.
Un Sabot nommé le Bouton de la Chine, à fond blanc, bariolé de rouge et de brun, se levant à sept étages peu saillans, et parfaitement bien nacré au dedans.
Un autre Sabot en cul de lampe, à plusieurs étages, garnis de pointes bariolées de différentes couleurs, et nacré au dedans comme le précédent.
Un autre idem, dont la nacre est parfaitement découverte, ce qui le rend très-brillant.
Un autre idem bariolé de couleur
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de rose, dehors et dedans.
Quatre Murex très-rares, les corps sont tout chargés de pointes noires sur un fond brun ; ces pointes forment différens étages, avec clavicules fort élevées.
Trois Limaçons à bouches demi rondes, nommés Nérites, à fonds blancs, bigarrés de couleur de rose, noire, bleuë, verte, et plusieurs autres couleurs : ces morceaux sont rares.
Un autre idem de couleur brune, garni de tubercules.
Deux idem nommée le Ruban, à bouches demi rondes, très-rémarquables par une raye rougeâtre qui traverse les robes bariolées à fond brun, d’un poli merveilleux.
Deux Musiques tout à fait particulieres.
Une magnifique Coquille nommée Grimace, à cause de ses levres qui sont extrémement raboteuses et repliées ; tout le corps est couvert de tubercules inégales et très-singuliéres.
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Deux harpes nommées en latin, Harpas nobilis, de couleur brune avec des cottes bariolées de blanc.
Deux Tonnes ou Gondolles extrêmement legeres, de couleur brune, jaspée, les bouches sont extrêmement évasées par les bouts : quelques Autherus la nomment la Gondole papiracée, d’autres la Noix de mer.
Un Limaçon à bouche ronde, bigarré de vert et de brun, très bien nacré en dedans.
Un autre à bouche demi ronde, en fond brun traversé de deux lignes blanches très-bien polies.
Deux Cilindres ou Olives de couleur blanche, marbrée de brun, l’un desquels est traversé par deux bandes très-brunes.
Deux Buccins nommés Mîtres, à fonds blancs, tachetés réguliérement de rouge.
Une belle Vis à fond blanc taché de brun.
Un beau Rocher à quatre rangs de tubercules, fond blanc, marbré
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en brun clair brillant.
Un Cornet à volutes, nommé l’Hébraïque, fond blanc marqueté de noir.
Un beau Lepas ou Parasol de la Chine, grisâtre, festonné en brun rougeâtre, de même que la pointe qui est transparente.
Une belle Corne d’Ammon, ornée de sept grandes pointes, et bien nacrée en dedans.
Un très-beau Limaçon de couleur rougeâtre rayée de blanc, et garni d’un rebord saillant, avec quantité d’autres Piéces renfermées dans ce dernier Tiroir.
Dans la même Armoire on trouve encore deux belles Nautilles de dix pouces de grandeur, dont l’une conserve sa robe naturelle, qui est de couleur fauve très-unie et tachée de blanc : le dedans est nacré, et jette plusieurs rayons et nuances changeans comme l’Opale : au milieu on voit un petit trou rond, qui se communique par des tuyaux de cloi-
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son en cloison : l’extremité de la revolution de la volute est d’un brun tirant sur le noir. L’autre qui est de même qualité, est entiérement decouverte et nacrée dehors comme dedans : la volute est coupée et repercée artistement, elle est ornée de figures gravées en Taille-douce tout autour : ces deux piéces sont belles, et méritent une attention particuliere.
Deux Murex d’un pied de grandeur, nommés l’Oreille d’Achiré, garnis de quatre à cinq rangs de tubercules jusqu’à l’extremité : la couleur en dehors tire sur l’aurore, celle en dedans est de couleur de rose, parfaitement polie.
Deux grands Buccins ou Trompes Marine, de treize pouces, de couleur blanche marbrée en brun : l’intérieur des bouches est canelé de noir, dentelées d’un côté, sur un fond blanc.
Deux gros Limaçons de dix pouces de grandeur, à tubercules, très-
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bien nacrées dehors et dedans, avec une grande raye en relief regnante depuis la tête jusqu’à la baze.
Huit Murex de différentes grandeurs, dont les plus forts ont jusqu’à dix pouces, et vont toûjours en diminuant de paire en paire : ils sont tous parfaitement bien variés.
Plusieurs gros Sabots et Culs de lampes ; un entre autres est nacré en dehors, et est des plus grands, bariolé de violet, cramoisi et couleur de rose : quelqu’uns des autres ont le dedans d’un jaune poli, ce qui fait qu’on les nommes Bouche d’or.
Dans une petite boëte particuliere, on voit deux très-belles Coquilles Occidentales, qu’on nomme en latin Concha Veneris : les pointes qui paroissent sur les levres et leurs stries profondes, de couleur de rose, leur ont fait donner ce nom.
L’on voit encore çà et là sur des Consolles dans les environs de cette Armoire, plusieurs autres Coquilles et quelques grandes piéces de Na-
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cre avec quelques Oreilles de Mer Occidentale.
Supplement au coquillier.
Avant de passer à la neuviéme Armoire, on trouve encore dans celles des Coquilles, deux petites Figures ou Marmouzets habillés et coëfés en si petits Coquillages, qu’on ne sçauroit en faire la distinction que de prés.
Deux petits Lions habillés de même.
Une autre Figure habillée et coëfée d’aîles de mouches étrangeres, de différentes couleurs, très-artistement travaillée.
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Deux Plantes Marines, nommées Eventails de Mer : elles sont de substance demi pierreuse.
Deux autres idem, toutes particulieres.
Un Animal du Bresil, nommé Armadille ou Tatou, comme on va le voir. Cet Animal qui est gros comme un Chat, a le museau d’un Cochon, la queuë d’un Lezard, les pieds d’un Herisson terrestre : il est couvert et armé de toute parts comme un Halecret, à écailles dures, dans lesquelles il se retire à la façon des Tortuës de terre, d’où vient que les Espagnols le nomment Armadillo, qui signifie armé de toute piéce : il se tient tantôt dans l’eau comme les Amphibies, tantôt en terre, dans laquelle il penétre avec tant d’adresse et de précipitation, qu’en une nuit il fait une lieue de chemin : les gens du Pays l’appellent Tatou, sa chair est fort bonne à manger, on tire de
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sa queuë un petit os, qui étant pulverisé et mis dans les oreilles en petites pilules, appaise d’abord les douleurs de tête : il est très-bien conservé et très-curieux. Il y a encore quelqu’autres Curiosités dans cette Armoire.
FIN DU COQUILLIER.
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Catalogue des animaux, des insectes et des poissons etrangers.
Neuvieme armoire.
Elle contient particuliérement trente-trois Bouteilles, remplies d’Esprit de vin, qui renferment les Animaux détaillés cy-après.
Premiere Bouteille.
Dans laquelle est conservée une Vipére de l’Isle de Corse,
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longue d’environ treize pouces : sa Peau est grisâtre, ondée de brun formant une espéce de Mosaïque : On connoît en général qu’il y a des Viperes de différentes espéces, certaines sortent vivantes du ventre de leurs meres, et d’autres en œufs ; quoiqu’il en soit, il est certain que la Vipére n’atteint jamais la taille des autres Serpens, quoi qu’on en trouve de diverses grandeurs : celle-cy a la Peau lissée et écailleuse sur le dos, molle et visqueuse en dessous ; ses gencives sont très-garnies de petites dents, ayant aux côtés des deffenses : sa langue, qu’elle darde avec violence, est longue et fourchue, ses yeux sont fort petits : il en naît quelquefois en Dalmatie et dans le Dauphiné.
II. Bouteille.
Une autre Vipére du Dauphiné, de ving pouces de longueur, de Peau grisâtre sur le ventre, et le dos tirant sur le verd, carrelée d’un
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bout à l’autre de noir, autant bien que pourroit faire le pinceau.
Un Serpent du Bresil, nommé en latin Boianacu, long de deux pieds, de couleur blanchâtre, cerclé d’un bout à l’autre d’anneaux roux, de la largeur d’un doigt, partagés par tiers à distances égales. Cet Animal est reptile et rampant sans pieds : on en trouve de différentes grandeurs. Sa Tête est plate et comprimée, sa Bouche est bien garnie de Dents aigues, sa Langue est fort mince et deliée, noire et fourchue à l’extremité, laquelle il lance avec grande force, de sorte qu’étant en rage, elle devient rouge comme le feu même : il habite ordinairement les bois, les lieux pierreux et déserts, il vit de Plantes, de Souris et de Vers, il quitte tous les ans sa Peau au Printems, comme les autres Serpens ; sa morsure est très-dangereuse.
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III. Bouteille.
Une Vipére du Dauphiné, de dix-huit pouces de longueur, Peau verdâtre sur le dos, et grise sur le ventre, carrelée comme la précedente.
Une autre petite de même.
IV. Bouteille.
Un Serpent de vingt-huit pouces de long, et un pouce de grosseur, de couleur grise marbrée de couleur tannée.
Un Aspic à quatre pieds comme un Lézard, appellé par quelques Auteurs le grand Basilic d’Affrique. Depuis la tête jusqu’au gros de la queuë, il a cinq pouces de distance ou environ, et d’un bout à l’autre seize pouces : la Peau est de couleur de fer, chagrinée sur le dos avec des pointes rudes, allant toûjours en diminuant jusqu’au bout de la queue : il en a aussi aux deux côtés de la tête, qui lui servent de defenses.
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V. Bouteille.
Deux Vipéres, l’une d’environ vingt pouces de long, de la grosseur d’un petit tuyau de plume, de Peau grise cerclée de brun autour du Corps, et noire vers la queue : l’autre beaucoup plus mince, d’environ quatorze pouces de longueur, de même couleur que la précédente, excepté une ligne couleur de fer sur le dos : la queue est presque imperceptible.
VI. Bouteille.
Un Serpent Affriquain, nommé en latin Aspidis species color feruginina. Cet Animal a environ cinq pieds de long ; son Corps vers le milieu est bleu sur le dos ; sur le ventre est une ligne blanche, qui continue jusqu’à l’extremité de la queue : il est très-vénimeux. On croit que ce fut par cette espéce de Serpens, que Cleopatre se fit picquer, pour se donner la mort, après la défaite d’Antoine : on en trouve
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en Egypte et en Espagne.
VII. Bouteille.
Un Poisson de mer appellé grosse tête, de six pouces de long : le haut du corps de même que la tête ont trois pouces de tour et plus ; il tient beaucoup du Cabillaux.
Deux autres Poissons curieux.
VIII. Bouteille.
Un Aspic de même espéce que celui de la quatriéme Bouteille, ne différant en rien autre qu’en sa grandeur, qui est de trente pouces.
IX. Bouteille.
Deux Serpens de Dalmatie, de différentes grosseurs et grandeurs.
X. Bouteille.
Un Aspic de deux pieds de long, rampant, d’un pouce de grosseur, de couleur grise marbrée en mosaïque d’un brun noir.
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XI. Bouteille.
Trois petits Poissons Marins très-curieux.
XII. Bouteille.
Un Cameleon d’un pied de longueur ou environ, semblable à un Lézard, excepté les jambes qui sont plus longues et plus menues : sa tête est très-grosse à proportion du corps, elle est relevée d’une espéce de crête carthilagineuse large, de figure triangulaire, pointue par le haut, et un peu aigue par devant : son museau est formé en pointe obtruse, ayant deux petites ouvertures qui lui servent de narines ; ses yeux sont grands ; son ventre est gros, l’épine du dos est relevée et aigue jusqu’au bout de la queue, qui est beaucoup plus longue que son corps, rude, recourbée, et pointue vers le bout : ses pieds sont fendus en deux parties, dont la plus large est composée de trois doigts, et l’autre de
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deux tous armés de griffes. Le corps est couvert d’une peau très-fine, qui se change en plusieurs couleurs, selon les passions de l’Animal. Etant mort il conserve toûjours la même qui est grise : il est à croire que celui-cy vient d’Egypte, à cause de sa grandeur, puisque ceux d’Arabie et du Mexique n’ont que six pouces tout au plus : quoiqu’il en soit, les Anciens ont raconté bien des merveilles du Cameleon, jusques là qu’ils ont dit, que sa langue (si on la lui arrachoit étant en vie,) servoit à faire gagner les Procès de celui qui la portoit ; qu’on faisoit tonner et pleuvoir si on brûloit sa tête avec du bois de Chêne, ou si on rotissoit son foye sur une Tuile rouge : que si on lui arrachoit l’œil droit étant en vie, cet œil étant mis dans du lait de Chévre, ôtoit les Taies : que sa langue attachée sur une Femme enceinte, la faisoit accoucher sans danger : que sa Machoire droite ôtoit toute peur et frayeur, étant
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portée sur soi ; et que sa queue arrêtoit des Rivieres. Matthiole et Solin disent qu’il y a une telle antipathie entre le Corbeau et le Cameleon, que celui là meurt incontinent après qu’il a mangé de sa chair : quelques Modernes assurent que le Cameleon pour éviter les Serpens, monte sur des arbres, et que delà il les épie pour les faire mourir par sa bave, qu’il laisse tomber sur eux : il darde sa langue sur les Mouches, qui s’y attrapent comme sur la glue. Voiez Monconis et Mr. Perrault qui en a fait des dissections.
Il y a encore dans la même Bouteille trois petits Poissons curieux.
XIII. Bouteille.
Une Vipére de l’Isle de Corse, de trois pieds de longueur, émaillée d’un compartiment ovale, de couleur d’Or, sur un fond gris et bleuâtre : elle est de la grosseur d’un pouce : l’Espéce en est si rare, qu’il se passe des Siécles sans en voir.
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Un autre Serpent de vingt pouces, marbré de cinq ou six desseins particuliers, sur fond gris et gris brun.
XIV. Bouteille.
Plusieurs Vers à soye et Chenilles, distinguées par leurs monstrueuses grosseurs.
XV. Bouteille.
Un Serpent de deux pieds et demi de long, marbré en brun sur fond gris et bleu.
XVI. Bouteille.
Un Lézard d’un pied ou environ de longueur, de couleur blanchâtre pointée de taches brunes parfaitement arrangées : sa tête qui est grosse aussi bien que ses yeux, paroissent être sculptés en bas relief ; ses pieds sont tigrés de noir et armés de griffes très-longues : on ignore d’où il vient, mais il est sûr qu’il s’en trouve de cette espéce en Affrique et en Amérique ; qu’ils ont jusqu’à six et sept pieds de longueur,
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et qu’ils sont même très-dangereux ; quoique cependant les Habitans de ces deux Régions mangent leur Chair qui est très-délicate.
XVII. Bouteille.
Un Serpent d’environ quatre pieds de long, gros comme le bras, de couleur blanche et brune, avec une grosse tête variée de différens desseins, aussi bien que tout le corps.
XVIII. Bouteille.
Un Lézard de même espéce que celui de la seiziéme Bouteille, mais plus gros.
XIX. Bouteille.
Une Vipére du Dauphiné, d’environ seize pouces, et d’un bon doigt de grosseur, dont tout le corps est annelé de cercles festonnés et mouchetés.
Un autre Serpent de deux pieds, garni d’une mosaïque curieuse d’un bout à l’autre, excepté sous le ventre qui est gris.
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Une Couleuvre d’Italie, de trente pouces de longueur, de la grosseur d’un tuyau de pipe ; sa couleur est de verd de mer, avec une ligne blanche sur le ventre.
XX. Bouteille.
Une Tarantule particuliére, de couleur brun-marron, de la grosseur d’un gros gland de Chêne, toute velue : elle a la tête appliquée immédiatement sur l’estomac comme la bouche d’une Cigale, laquelle se joint au bas du ventre par une espéce de nœud : elle a huit jambes, articulées chacune par quatre jointures, armées d’ongles crochus : elle a aussi huit yeux. Comme tout le monde ne sçait pas les funestes effets que peut occasionner cet Insecte par sa piquûre, il est bon d’en donner ici une petit idée.
La Tarantule ou Tarantole, que les Italiens nomment Tarrantola, est un Insecte ou Araignée champêtre, très-venimeux, dont la piquûre rend les hommes insensés, fort as-
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soupis, et leur cause enfin la mort. Plusieurs Auteurs croient que le venin de la Tarantule change de qualité de jour en jour et d’heure en heure, parce qu’il cause une grande diversité de passions à ceux qui en sont piqués : Les uns chantent, les autres rient, les autres pleurent, les autres crient incessamment ; les uns dorment toujours, les autres ne peuvent jamais dormir ; les uns vomissent continuellement, ou suent, ou tremblent ; d’autres tombent en de continuelles frayeurs ou frénesies, rages et furies ; il donne des passions pour diverses couleurs, et fait qu’aux uns le rouge plaît, aux autres le verd, aux autres le jaune ; il y a des gens qui en sont incommodés quarante et cinquante ans ; il fixe l’imagination qu’on a quand on en est piqué : De sorte qu’un homme qui s’imagineroit être Roi en ce moment, cette agréable imagination ne le quitteroit qu’avec le venin ou avec la vie. La musique guérit cependant
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quelquefois du venin de la Tarantule, parce qu’elle réveille les esprits des malades qui ont besoin d’agitation. Alexander ab Alexandro en rapporte quelques exemples. On trouve quantité de ces Insectes dans le Royaume de Naples, et surtout dans les environs de la Ville de Tarente dans la Pouille, d’où l’Insecte tire son nom.
Dans la même Bouteille est aussi une autre espéce de grosse Tarantule nommée Phalang, voïez Aetius.
Il y a encore plusieurs petits Vers Marins.
XXI. Bouteille.
Un Serpent nommé, Mater Formicarum, de vingt-six pouces de long, de couleur blanchâtre, annelé de cercles d’un pouce de largeur, roussâtres et rangés en grillage de deux en deux.
XXII. Bouteille.
Une Souris de la Campagne de Rome, très-curieuse, de quatre
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pouces de longueur et deux de grosseur, ayant la tête semblable à celle d’un Sanglier, le ventre tigré sur aurore, et le dos brun velourté.
XXIII. Bouteille.
Deux petits Cameleons et un Lésard, de deux pouces chacun de longueur.
XXIV. Bouteille.
Deux Serpens du Brésil, d’environ seize pouces de longueur, de même espéce que celui de la seconde Bouteille.
XXV. Bouteille.
Une grosse Cigale asiatique, de trois pouces de longueur, de couleur rousse, aïant la tête immédiatement attachée à ses épaules : ses yeux sont fort gros, ses aîles sont doublées, grandes et deliées ; elle a quatre jambes fort longues : les Orientaux la mangent, et plusieurs ne vivent que de cette espéce d’Insecte.
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XXVI. Bouteille.
Un Serpent du Brésil, de deux pieds, de l’espéce de ceux de la vingt-quatriéme Bouteille.
Une Vipére de dix-huit pouces de long, verte, tachée de noir.
XXVII. Bouteille.
Trois Poissons de Mer, très-curieux.
XXVIII. Bouteille.
Un Lésard d’un pied et demi de longueur, de même espéce que celui de la seiziéme Bouteille.
XXIX. Bouteille.
Trois autres Poissons tout-à-fait remarquables.
XXX. Bouteille.
Une Vipére de dix-huit pouces de longueur, curieux par sa couleur diversifiée.
Un autre petit Serpent de huit pouces.
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XXXI. Bouteille.
Quatre petits Lésards de différentes grandeurs et couleurs.
XXXII. Bouteille.
Un Aspic, de l’espéce renfermée dans la huitiéme Bouteille.
XXXIII. et derniere Bouteille.
Trois petits Chevaux Marins, nommés en latin, Hippocampus, qui est un Insecte de Mer, de la longueur du doigt, gros à peu prés comme le pouce, de figure approchant celle du Cheval, de couleur grise et jaunâtre, armé de pointes osseuses peu piquantes, affermi par un grand nombre de côtes depuis la tête jusqu’au bout de la queuë. Il n’a point de pieds, le museau est long, fort et robuste, ouvert seulement du bout, la tête est raboteuse aussi bien que le corps, le ventre est ample à proportion de la grandeur, la queuë est longue, recourbée formant des anneaux, il porte sur la
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tête étant vivant du poil long et redressé, mais il tombe étant mort.
Dans la même Armoire, on trouve aussi un petit Dragon Marin et un Poisson appellé l’Une de Mer, très-curieux.
Un Œuf d’Autruche très-gros.
Un autre Œuf gris, de quatre pouces de grandeur, trouvé en 1740. dans le pays d’Haynaut.
Trois pommes de Pin extraordinaires.
Deux Cocos idem.
Un grand Crabe très-bien conservé, d’un pied et demi de longueur, appellé en latin Cancer perversus : sa couleur est d’un brun clair très-brillant.
Dans le bas de cette même Armoire sont vingt-quatre Tiroirs dont le premier contient quantité de Verres de multiplication, de differentes grandeurs.
II. Tiroir.
Plusieurs Verres de Lanternes magiques.
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III. Tiroir.
Plusieurs idem d’Optiques.
IV. Tiroir.
Plusieurs figures de Lanternes magiques, parfaitement peintes et enchassées.
V. Tiroir.
Differentes pieces de Microscopes.
VI. Tiroir.
Une Carnaciere qui représente des oyseaux et des Fleurs, formés avec des Perles de differentes couleurs, un Rouet, deux Balances et quelqu’autres pieces machinales.
VII. Tiroir.
Un Jeu composé de quarante pieces d’Ivoire, d’un pied de longueur, la plûpart ornées de Figures.
VIII. Tiroir.
Plusieurs Pierres d’Aimant et Boussoles curieuses.
IX. Tiroir.
Plusieurs Cornes, Dents, et Becs d’Animaux.
X. Tiroir.
Celui-ci est separé en quatre par-
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ties differentes. L’un est rempli de pierres de Grenat, l’autre d’Agathe, l’autre d’Ambre etc. avec un très-gros morceau d’Avanturine, et une croix de Malthe, de même composition.
XI. Tiroir.
Un Crabe presqu’entier, pétrifié dans l’Ambre gris, aussi beau et plus dur que l’Agathe, et sur lequel la lime ne prend point : on croit cette Pétrification unique.
Plusieurs Fruits des Indes et de l’Amerique.
XII. Tiroir.
Plusieurs autres Pétrifications et Vermisseaux de mer, avec trois Pierres appellées Marcassites.
XIII. Tiroir.
Quelques Plantes, et Pointes de Porc épic.
XIV. Tiroir.
Une Plante marine appellée Etoile de mer, deux deffenses de l’animal Prister ou Sera, qui ont douze à treize pouces de longueur, gar-
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nies de plusieurs rangées de dents.
XV. Tiroir.
Un petit Basilic, deux Chevaux Marins, une petite Raye, et plusieurs Poissons curieux.
XVI. Tiroir.
Un Oyseau de Paradis, mâle, d’un pied de longueur : son bec a environ un pouce et demi.
Deux Escarbots appellés communément Beufs volans, ils sont de la grosseur d’un œuf, longs de six pouces, de couleur noire, les aîles sont grisâtres, bien marbrées et très-luisantes : il sort de leurs têtes deux cornes pointuës par le bout, et se réjoignent en forme de pate d’Ecrevisse.
Un Scarabée d’Egypte, de la même forme à peu près, mais tout noir.
Les huit autres Tiroirs sont tous remplis de très-belles Figures d’émail, d’Hommes, Femmes, Animaux, Arbres, Fruits, Fleurs et autres sujets : en dessous sont aussi quantités de Fruits des Indes.
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LE CONTENU DE LA DIXIEME ET DERNIERE ARMOIRE
est dispersé dans divers endroits du Cabinet, sçavoir :
La dépoüille d’un Tatou beaucoup plus gros que celui de devant détaillé, au moien de laquelle on voit la manœuvre que pratique cet animal, pour se laisser couler dans les précipices, quand il est poursuivi des Chasseurs.
Un Bec de Toucan.
Deux Hyppocampes.
Le Poisson nommé Orbis.
Dito le Triangulaire.
Un Schinck.
Quatre Globes d’un pied et demi d’hauteur, sçavoir :
La Sphere Armillaire.
Le Globe Terrestre et Céleste.
Le Systême commun, très-propre, et d’un bon Auteur.
Une grande Boussole d’un pied de diamêtre ou environ, avec
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plusieurs Eguilles marines de trois et quatre pouces.
Plusieurs excellentes Lunettes d’aproche ou longues vûës, entre lesquelles en est une de sept pieds, très-légere.
[le paragraphe suivant de trois lignes est censuré]
Une Corne de Narhval, de plus de quatre pieds de longueur : elle devoit être plus longue, mais le bout en est cassé. L’Auteur du Cabinet de Sainte Geneviéve, dit, en parlant de cette Corne, qu’un de ses Amis en ayant donné 36. grains de raclure dans un bouillon à un de ses Enfans abandonné des Médecins, ce remede le tira d’affaire en peu de jours, par une sueur prodigieuse qu’elle lui procura.
Une autre Corne aussi belle que l’Ivoire, toute ronde et unie, de deux pieds huit pouces de longueur ; elle est très-singuliere, et on ignore de quel animal elle peut venir.
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Un très-beau Fusil à vent, qu’on charge par le moïen d’une pompe, et sans poudre ; cependant il ne laisse pas de faire beaucoup d’effet ; on peut tirer jusqu’à vingt-cinq coups de suite, sans recharger ; il est très-artistement travaillé.
Un autre Fusil à deux Canons, très-propre.
Une très-belle Perruque de Crystal très-fléxible, et travaillée aussi finement que si elle étoit faite de cheveux : On diroit en la voyant qu’elle est de fil d’argent glacé. Six Boules de marbre, ou Globes de couleurs rares.
Un Calice de Bois renfermant quarante-six Gobelets qui s’emboitent tous l’un dans l’autre, et qui paroissent ne faire qu’une seule piéce : cet ouvrage est curieux.
Plusieurs Cornes particuliéres d’Animaux, entre lesquelles est un Bois de Cerf extraordinaire.
Une très-belle Posture mouvante, haute de quatre pieds, laquelle re-
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présente un Turc très-richement vêtu, lequel en se promenant, forme différens circuits ; sa démarche est grace, accompagnée de mouvemens de tête, pieds, mains, corps, etc.
Une autre représentant un Negre, dont les mouvemens imitent ceux d’un Voltigeur : ces deux piéces sont merveilleusement inventées ;
Le fond du même Cabinet offre une Alcove magnifiquement décorée, où on voit dans un magnifique Cadre, tout de glace, un Tableau mouvant, peint par Bernardin, de deux pieds et demi d’hauteur, sur trois et demi de large : Il seroit ennuïeux de décrire ici les différens sujets qu’il représente, à cause du nombre. Au jugement des Connoisseurs, cette Piéce mérite attention. Au-dessous il y a une magnifique Commode, ou Bureau d’Ecaille, inscruté en Cuivre doré.
On trouve encore plusieurs Pendulles, ouvrages des plus habi-
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les Ouvriers du siécle, dont le détail seroit trop diffus, à cause d’un nombre prodigieux de Machines servantes à les faire agir, et qu’il faudroit détailler.
L’on auroit pû aisément grossir ce Recueil d’un bon tiers de plus, en y détaillant quantité d’autres Piéces très-curieuses et qui méritent absolument une attention particuliere ; mais de crainte de rebuter le Lecteur, à la vuë d’une espece de Volume, on attendra à en donner un Supplement particulier, pour peu que Messieurs les Curieux paroissent le desirer.
Le Lecteur remarquera que dans le premier appartement on a omis d’inserer qu’il s’y trouve un assortiement de très-beaux Dominos de différentes couleurs.
Les Personnes qui auroient quelques Curiosités ou Raretés à Vendre, sont invitées de les présenter audit BEAGUE, qui leur en payera la juste valeur, pourvû qu’elles lui conviennent.
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MAGASIN DE MARCHANDISES CHEZ LEDIT BEAGUE.
On trouve dans cette même Maison un Assortiment de Linges neufs pour Hommes et pour Femmes, Batisse, Clair, Toile au lait, Basins rayés et unis, Siamoises, Manchettes, Engageantes, Mouchoirs ou Fichus et Bonnets, le tout brodé, Bonnets d’Etoffes d’or et d’argent, très-belles Jupes piquées de Mousseline et Coton blan de différens desseins, et plusieurs autres Marchandises non ici spécifiées, le tout à juste prix, en gros et en détail.
SOURCE : André BEAGUE : Detail general de toutes les raretez et varietez qu’on trouve chez André Beague marchand demeurant dans la maison qui fait le coin des petites halles, où pend pour enseigne l’Acteur romain, sur la petite place à Lille en Flandre. A Lille, chez P. Brovellio. 1755.