Cabinet de Morisseau (ou Moriceau), Paul
Paul Morisseau est un pharmacien qui exerce à La Rochelle à la fin du fin XVIème siècle et au début du XVIIème. En 1600 Paul Contant dans son Bouquet printanier dit qu’il lui doit un figuier de barbarie (« opontia ») et un crocodile ; neuf ans plus tard, dans son Jardin, et Cabinet poëtique, ce crocodile, qui ouvre la visite versifiée du cabinet, est représenté sur une des planches sous le numéro 1, entre un anaconda et un esturgeon. Paul Contant lui donne de l’« Apollon Rochelois » : maître apothicaire comme lui, Morisseau (son nom est alors orthographié Moriceau) doit aussi se mêler de faire des vers.
Par ailleurs on apprend dans les Commentaires à la matière médicale de Dioscoride des Contant père et fils (publiés dans les Œuvres de 1628) que Paul Morisseau possédait non seulement un cabinet de curiosités mais aussi un jardin de plantes rares, comme son confrère poitevin. C’est au chapitre LI, consacré à l’Ambre gris, que Contant met le pharmacien rochelais au rang des curieux contemporains :
« Or comme depuis peu de temps estant en propos du sperma Ceti, et doutant que ceste façon n’estoit la vraye essence de ceste matiere, Paul Morisseau Maistre Apoticaire de la Rochelle, homme expert en sa charge et curieux tant des simples, comme de drogues estrangeres, comme il fait paroistre en son jardin et superbe Cabinet de sa belle maison de la Rochelle, me donna la vraye essence de la nature de la Baleine, et afin que le Lecteur le sache et qu’il l’en remercie, voicy la copie de la lettre qu’il m’a escrit sur ce subjet. ».
La lettre en question nous apprend qu’en fait de baleine, il faut entendre le « cachalut » comme on dit à Saint-Jean-de-Luz, et que le « sperma ceti » est son cerveau.
Les Œuvres de Contant comportent une liste des « hommes illustres » qui ont contribué à la constitution et à la célébrité de son cabinet : parmi eux se trouve le nom de Morisseau, avec cette orthographe que nous retenons.