Paris, Palais de Justice (île de la Cité)

Un crocodile à Paris !... et de drôles d'échoppes. Témoignages de Thomas Platter, voyageur bâlois, de passage à Paris en 1599, de de John Evelyn (1641).

A Paris, sur l’île de la Cité, Platter fait en 1599 un détour par le Palais de justice où est exhibée une belle curiosité naturelle.

L’autre grande bâtisse, en l’île, c’est le Palais. Dans le temps, les rois y ont fait leur demeure, Philippe le Bel l’a fait construire, au tout début, quand on creusait pour projeter les fondations, ce même Philippe a trouvé en cet endroit un crocodile vivant ! On a écorché sa peau ; elle est exhibée aujourd’hui encore dans la grande salle du Palais.

Source : Le siècle des Platter. III, L’Europe de Thomas Platter : France, Angleterre, Pays-Bas, 1599-1600 , par Le Roy Ladurie, Emmanuel (éd. , trad. ) et Liechtenhan, Francine-Dominique (trad.) Paris, Fayard, 2006, p. 115.

*

Pour un curieux, il fait bon se promener dans l’Ile de la Cité. Tout d’abord dans la Sainte-Chapelle, John Evelyn mentionne une collection de reliques renommée. Il explique que la cour, spacieuse, est environnée d’ateliers de graveurs, de forgerons et d’horlogers. Sur l’Ile de la Cité, appelée Isle du Palais, se trouve aussi un marché de denrées alimentaires. C’est à proximité qu’on aura le plaisir de découvrir une boutique appelée « l’Arche de Noé », où se vendent « toutes les curiosités, naturelles ou artificielles, indiennes ou européennes, objets de luxe ou quotidiens, comme des cabinets, des coquilles, de l’ivoire, des porcelaines, des poissons desséchés, des insectes, des oiseaux, des images, et un millier d’objets exotiques extravagants ».

Within the place where they sell their wares, is another narrower gallery, full of shops and toys, &c., which looks down into the prison-yard. Descending by a large pair of stairs, we passed by Sainte-Chapelle, which is a church buit by St-Louis, 1242, after the Gothic manner : it stands on another church, which is under it, sustained by pillars at the sides, which seem so weak as to appear extraordinary in the artist. This chapel is most famous for its relics, having, as they pretend, almost the entire crown of thorns : the agate patine, rarely sculptured, judged one of the largest and best in Europe. There was now a very beautiful spire erecting. The court below is very spacious, capable of holding many coaches, and surrounded with shops, especially engravers’, goldsmiths’, and watchmakers’. In it are a fair fountain and portico. The Isle du Palais consists of a triangular brick building, whereof one side, looking to the river, is inhabited by goldsmiths. Within the court are private dwellings. The front, looking on the great bridge, is possessed by mountebanks, operators, and puppet-players. On the other part, is the every day’s market for all sorts of provisions, especially bread, herbs, flowers, orange-trees, choice shrubs. Here is a shop called Noah’s Ark, where are sold all curiosities, natural or artificial, Indian or European, for luxury or use, as cabinets, shells, ivory, porcelain, dried fishes, insects, birds, pictures, and a thousand exotic extravagances.

(The diary of John Evelyn, Ed. William Bray, J.M. DENT et E.P DULTON, London-New York, 1905, Tome 1, p.50.)