Cabinet de Boucher, François

Ce cabinet fait l'objet en 1771 d'un des catalogues rédigés par P. Rémy.

La vente, annonce le catalogue, « se fera au Vieux Louvre, dans l’appartement du défunt sieur Bouchet : elle commencera le Lundi 18 Février 1771, trois heures et demie précise de relevée, et jours suivans, à pareille heure, sans discontinuation ». L’avant-propos de P. Rémy vante « l’arrangement du Cabinet », révélateur du « goût pittoresque » de son propriétaire.

Voici un large extrait de cet avant-propos : « Ce goût que la nature avoit donné à M. Boucher pour tout ce qui est agréable, faisoit qu’il desiroit avec la plus grande vivacité tout ce qui lui plaisoit, et que rarement il se refusoit au desir de posseder ce qui le flattoit. De là, cette collection riche, immense et sur-tout agréable, qu’il a laissée après son décès ; Tableaux, Desseins, Bronzes, Meubles précieux, Porcelaines rares, Minéraux, Coquilles, Madrepores, etc. enfin tout ce qui pouvoit plaire à la vue, devenoit un objet digne de ses recherches, et il n’en vouloit point d’autres. La rareté sans agrément n’avoit nul attrait pour lui : aussi ne s’attachoit-il pas à faire des collections suivies ; dans chaque genre il ne choisissoit que les choses qui pouvoient plaire, ou par la forme ou par les couleurs. Son Cabinet passoit à juste titre, et de l’aveu de tout le monde, pour une des plus riches et des plus agréables collections que l’on voit à Paris. Sans se connoître aux objets qu’il renfermoit, on étoit étonné et enchanté au premier aspect de cette riche et immense variété de formes et de couleurs. Ajoutez à cela l’arrangement du Cabinet où l’on reconnoissoit le gout pittoresque et plein de graces de M. Boucher, goût auquel peu de gens peuvent prétendre. »

 

Une « Table des objets contenus dans ce Catalogue » donne une idée des goûts du collectionneur :
Tableaux
Peintures à Gouache
Miniatures Françoises et Chinoises
Terres cuites
Plâtre
Desseins des Ecoles d’Italie
Desseins, Ecole des Pays-Bas
Desseins de différentes Ecoles
Gouaches, Miniatures et Etudes à huile
Peintures Chinoises
Estampes en feuilles
Recueil et Livres d’Estampes
Bronzes François, Indiens et Chinois
Marbres
Morceaux curieux en ivoire
Pierre de Larre
Curiosités Indiennes et Chinoises, en argent et vermeil
Laques
Porcelaines du Japon
Anciennes Porcelaines colorées et autres
Porcelaines de la Chine
Porcelaine Celadon
Porcelaine-bleu céleste, et Porcelaine truitée
Porcelaine craquelée
Porcelaine et faïance de Perse
Porcelaine de Saxe et de France
Porcelaine en biscuit
Differentes Porcelaines
Terre des Indes
Terre d’Angleterre, jade, Agate, Cristaux, Emaux, Verre et autres morceaux
Meubles et autres effets curieux
Ustensiles de Peintres
Bagues et Bijoux
Mineraux, etc.
Cristallisations
Pierres
Pierres fines
Coraux
Madrepores et autres Polypiers
Coquilles

APPENDIX.

Tableaux
Portraits en Email par Petitot
Terre cuite de L. F. de la Rue
Desseins en feuille et sous verre
Boîte de Lapis-lasuli, et autres effets

Fin de la Table

 

Un objet de la collection, au hasard de la consultation du catalogue, rubrique « Oiseaux, Insectes, Plantes, etc. », p. 247, lot 1794 : Le papillon bleu de la riviere des Amazones. (vendu, d’après les notes manuscrites en marge du catalogue conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal, 36 livres et 2 sols)

Un des intérêts de ce catalogue est d’indiquer la provenance de tel ou tel article, lui-même acquis lors d’une vente ayant fait l’objet d’un autre catalogue.

  • Ainsi p. 135, dans les « Morceaux curieux », le lot 941 (vendu 730 livres) : Une lanterne Chinoise à 6 pans, les chassis en bois de violette et les six piliers en laque brun et or ; les panneaux sont en ivoire à mosaïque à jour : dans les milieux il y a des cartouches avec des feuilles, branchages et ornemens en relief, d’un beau travail ; enrichis de médaillons, petits paniers et boules d’ivoire qui pendent à des cordons de soie reçoit le commentaire suivant : Ce morceau curieux vient du Cabinet de M. de Julienne
  • Ou encore, dans l’« Appendix » p. 251 et suivantes, les deux tableaux 1823 et 1824 viennent du cabinet de M. Lormier, dont la vente a été faite à la Haye en 1763 ; voyez les N° 177 et 178 du Catalogue (ce sont des paysages de Gabriel Metzu, représentant des maisons de campagne hollandaises, qui trouvent acquéreur pour 1600 livres).

*

SOURCE: REMY, Pierre : Catalogue raisonné des tableaux, desseins, estampes, bronzes, terres cuites, laques, porcelaines de différentes sortes, montées et non montées ; meubles curieux, bijoux, minéraux, cristallisations, madrepores, coquilles et autres curiosités, qui composent le cabinet de feu M. Boucher, premier peintre du Roi. Paris, Musier, 1771.

 

Localisation :

– Paris, Arsenal : 8.S-15061 (1).

– Paris, Bibliothèque nationale (quatre exemplaires) : V-32788 ; 8-2 LE SENNE-10716 ; 8.V.8201 (35) ; 8.V.8201 (35, Double).
– Paris, Richelieu, estampes : Microfiche Yd-75.8.
– La Rochelle, Médiathèque : 14485 C fonds ancien.
– Nîmes, Bibliothèque Carré d’art : 7070 Théologie.

 

 

Egalement cité par Dezallier d’Argenville, dans Conchyliologie portative, publié à Paris, chez Regnard, 1757, p. 312-313.

[p. 312]
Premier Peintre du Roi, au vieux Louvre. Cet émule d’Albane, dont le pinceau guidé par les Graces n’offre que des images riantes, possède un Cabinet curieux, aussi agréable qu’instructif. Ce Peintre ingénieux a placé ses Coquilles sur des tables cou-
[p. 313]
vertes de glaces ; elles présentent aux yeux du spectateur un parterre émaillé qui semble le disputer à la nature. A gauche en entrant on trouve une armoire de glace richement remplie de Madrepores, Minéraux, Cailloux, &c. qui sont de toute beauté.

[Ce cabinet est cité parmi les cabinets d’histoire naturelle avec l’introduction suivante :]

[P.309]

INDICATION
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE

Des Cabinets d’Histoire naturelle répandus dans Paris, avec les noms des Amateurs qui les possèdent.

            L’Emulation sur les les recherches de l’Histoire naturelle croît à vue d’œil. Paris abonde dans ces sortes de Cabinets, qui ne font qu’augmenter par le goût des Curieux qui les forment. J’aurois des reproches à me faire, si je gardois le silence sur ceux qui sont venus à ma connoissance ; & je me flatte que les Amateurs me sauront gré de mon attention à les désigner. Mettre au jour leurs richesses,

[P.310]
c’est rendre à leurs connoissances un hommage dont ils s’acquittent les premiers envers la nature.
Tout le monde connoît le magnifique Cabinet du Roi dans son Jardin des Plantes, où tout ce que la nature produit de plus rare & de plus précieux dans tous les genres, est rassemblé. Il est public, ainsi je n’entrerai dans aucun détail.