Cabinet de Contant, Paul (1600-1628)

Cabinet partiellement décrit et versifié dans un poème de 1609 par Paul Contant lui-même, Le Jardin, et Cabinet poetique, version développée d'un primitif Bouquet printanier (1600). Ce cabinet est encore cité par Pierre Borel en 1649, vingt ans après la mort de son propriétaire.

Paul Contant, pharmacien à Poitiers, fait allusion à quelques objets d’un début de collection dès son Bouquet printanier de 1600. Ce premier poème essentiellement consacré à son jardin de végétaux spectaculaires ou rares est repris une dizaine d’années plus tard et considérablement étoffé pour donner au public un avant-goût plus substantiel de la visite du cabinet de curiosités à laquelle le pharmacien le conviait.

On trouvera sur ce site le poème de 1609, Le Jardin, et Cabinet poetique, avec, grâce à la générosité de la Médiathèque de Poitiers, les gravures qui l’accompagnent et auxquelles il se réfère par un système de numérotation qui réapparaît dans le corps même du texte, mais aussi la liste latine tardive (1628) et probablement exhaustive de la collection sous le titre d’ Exagoge mirabilium…, et d’autres documents concernant directement le capharnaüm de l’apothicaire poitevin.
Le cabinet occupait l’étage de la maison de Contant, sise à l’angle des actuelles rues Arsène Orillard et de la Cathédrale.

 

Bibliographie complémentaire :

Paul Contant, Le Jardin, et cabinet poétique, édition critique et notes de Myriam Marrache-Gouraud et Pierre Martin, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, « Textes rares », 2004.

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Cité par Bonnaffé : 1572( ?)-1632. Fils de Jacques et, comme lui, apothicaire à Poitiers, entreprit plusieurs voyages en France, en Allemagne, en Italie, visita les cabinets curieux et organisa dans sa ville natale un jardin botanique avec un cabinet d’histoire naturelle. Il en composa le catalogue sous le titre de : Jardin et cabinet poétique avec figures, Poitiers, 1608. Zinzerling parle de ce livre : « Addidit ipse de eâ (pinacothecà) librum versibus gallicis, figuris æri incisis ornatum. » Borel mentionne « M. Constant, à Poitiers, maître apotiquaire, curieux de plantes et serpens ». Gölnitz donne quelques indications de plus sur l’amateur de la collection : « Ædes Pauli Constanti, pharmacopœi, viri humani, promtæ frontis et voluntatis, privatos intravimus, visuri (quod et nobis concessum) ejus gazophylacium quod libro, quem et XVI solidis Gall. emimus, versibus gallicis inscripsit, æneisque figuris exornavit. » Suit une assez longue description des curiosités naturelles et surnaturelles ; les curiosités artificielles comprennent des armes, des instruments et des costumes de sauvages, un miroir montrant d’un côté le portrait du roi Henri IV et de l’autre la figure d’un chat, etc.

$58$38, 91. – $32, 294. – $75, 1639.

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Au cours d’un voyage depuis Dantzig, Abraham Gölnitz  est venu dans le Poitou et a visité le cabinet de curiosités du pharmacien Paul Contant, dont il a acquis pour la somme de seize sous français, précise-t-il, le poème accompagné des planches gravées de 1609 (Le Jardin, et Cabinet poetique, que l’on trouvera également sur ce site). Il ne manque pas de faire le compte rendu de sa visite dans son récit de voyage, en retrouvant dans ses notes, qu’il met en ordre selon la hiérarchie traditionnelle (naturalia, puis praeternaturalia, et enfin artificialia, ce qui l’a le plus frappé. On pourra bien entendu retrouver ces quelques objets du Cabinet dans l’impressionnante liste de l’Exagoge mirabilium que Contant publiera avec les Œuvres de 1628. Nous reproduisons ici la page 265 de l’Ulysses belgico-gallicus, qui rend compte de la visite de Gölnitz dans le capharnaüm du pharmacien.

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Visis his publicis intra et extra urbem, aedes Pauli Contanti, pharmacopoei, viri humani, promtae frontis et voluntatis, privatas intravimus, visuri (quod et nobis concessum) ejus GAZOPHYLACIUM, quod libro, quem et XVI solidis Gall. emimus, versibus Gallicics inscripsit, aeneisque figuris exornavit. Memoriae compendio haec enotavimus. Sunt ibi rara et visu digna  multa, naturalia, praeternaturalia et artificialia. Ad naturalia referemus plantas, fossilia et animalia. Ad plantas refero fructus. Inter hos, habet fabas, castaneas et avellanas purgatrices, phaseolos, echinatos, carpobalsamum Peruvianum, nucem fautel, draconem, nucem methel, piper Aethiopicum, cedrum montis Libani, colcynthidem pyriformem, glandem tuberis, etc. Habet ligna : aloës verum, canellam, nephriticum Indicum de Hierico, Moluquense ; xylobalsamum verum, & officinarum ; asphaltum verum, et falsum, etc. E corticibus habet ; cinamomum verum, canellam albam novi orbis, turbitum verum Hispanicum, corticem bugiae, etc. E floribus, epithymum Graecorum et Arabum, nardum Indicam, etc. E radicibus ; drakenam contrahiervam, costum facie sambuci, costum facie zinziberis, agriocinaram, etc. E gommi, animae flavum,  luteum, album, copal, caragna, cedri Libani resina, guajaci, etc. Inter fossilia habet ; sulphur luteum, candidum et cinereum, calcithidem, melantheriam SoriiMysi, lapidem amianthum, speculum asini, alumen catinum : amianthum verum vel asbeston ; è quo tela fit, quae igni injecta non consumitur : varios bolos et terras sigillatas, terra arenosam, quae conchas duratas in se continet, lapides echinitis, lapidem quem pertusis labiis Indis inserunt, lapides serpentem aliaque genera mira referentes, lapidem nephriticum, petrafactas conchas, petrafactos fungos et fungillos, cor petrefactum, bezoar orientale et occidentale, ligna petrefacta, etc. Animalia sunt vel terrestria ; draco, vespertilio magnitudine leporis ; chameleon, caput et cauda rhinocerotis, etc. vel aquea ; serpens XIV pedum, variis maculis stellata ; remora ; oculus ceti, immensi ponderis ; vulpes marina ; cauda rhagae fulloniae,  pedes IV longa ; hyppopotamus mas et foemina, diaboli marini caput, cancer villosus, costa ceti, dens elephantis marini, lepores marini mas et foemina, conchae margaritaferae, ostreae margaritaferae, conchae venereae sex generum, purpurae, concha umbilicata è mari rubro, murex marmoreus, buccinae variae, pectunculi varii è conchis ; crocodilus magnus, minor et minimus ; stellae marinae, etc. Praeternaturalia sive monstra : eaque vel humana ; nimirum sceleton puellae bino capite, duobus utrinque brachiis, coxis et cruribus in unico corpore, quae quidem operà medicorum ex utero viva exiit, sed statim denata, matre superstite. Vel bruta ; nimirum columba biceps, agnus unoculus, canis octo pedum, etc. Artifiicalia sunt, iacula Indica, cingulum è frugibus, monile è conchis venereis, pileolus herbaceus, pileolus è variis plumis, vestes è plumis, frontalia ex iisdem, clypeus Indicus, sica Indica, clavae Indicae ex ebeno ; cymba canooy dicta, XIII pedibus longa, ex unico cortice arboris Indicae ; colliculus rubeus factitius è conchis, caeterisque id genus, è quo fons prosilit ; speculum, in quo ab uno latere Henrici IV regis effigies, ab altero catus conspicitur ; conspicilia, visum fallentia, etc.

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SOURCE : Abraham GöLNITZIUS : Ulysses belgico-gallicus, fidus tibi dux et Achates, per Belgium Hispan., regnum galliae, ducat., Sabaudiae, Turinum usque Pedemontii , Amsterdam, 1655 (épître dédicatoire datée de 1631).

Localisations : très nombreuses dans les bibliothèques de France, aussi bien pour l’édition de 1631 que pour celle de 1655.

Poitiers BM : DM 865 [ici saisi]