Cabinet de Filhol, François
Cabinet cité par Pierre Borel (1649).
Ce cabinet fait partie du catalogue donné par Pierre Borel à la suite de ses Antiquitez… de la Ville, et Comté de Castres d’Albigeois, p. 124 à 131, sous le titre de Roole des principaux cabinets curieux, et autres choses remarquables qui se voyent ez principales Villes de l’Europe.
Pierre Borel mentionne plus de quinze noms pour la ville de Toulouse :
« Tolose.
Mr. Me N. de Puimisson, Conseiller, curieux de medailles, et de tableaux. Le cabinet de François Filhol, Hebdomadier de l’Eglise Sainct Estienne. Mr. Clemens, Chanoine de S. Estienne, curieux des fleurs. Mr. Catel Official. Mr. Paucy, Conseiller. Mr. de S. Ipoly, pour les esmaux anciens. Mr. Roc. Le cabinet de feu Domairon, Cordelier. La Bibliotheque enchaisnée des Cordeliers. Mr. de la Bourgade, Chanoine. Mr. Dirat, Sacristain de S. Estienne. Mr. Charles Pradié. Mr. Boutonnier. Mr. de Fresals, Conseiller Clerc. Mr. du May. Mr. de la Combe, Audiencier à la grand Chambre, et Mr. Nicolas Choisy, marchand. »
François Filhol, hebdomadier de la cathédrale de Toulouse, a rédigé une description de son cabinet pour Gaston d’Orléans : cet Abrégé des curieuses recherches de François Filhol est conservé à la Bibliothèque Nationale (ms. fr. 390). Le texte de cette description est à peu près identique à celui d’une publication en espagnol de 1644 par Juan Francesco Andres à Huesca, intitulée Diseno de la insigne i copiosa Bibliotheca de Francesco Filhol, et émanant probablement d’un correspondant aragonais de Filhol, l’amateur de curiosités Juan de Lastanosa. A côté du cabinet, qui réunit une profusion d’objets extrêmement variés, Filhol consacre toute une pièce à une collection de squelettes et d’écorchés, figures de plâtre moulé, et dessins anatomiques, parmi lesquels il faut compter sa propre production.
Vient de paraître:
Christian Péligry
François Filhol, chanoine hebdomadier de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse (1583?-1648): l’homme, l’érudit, son cabinet de curiosités, ses relations aragonaises », dans: Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, tome LXXIII, 2018, pp. 275-296.
La vie de François Filhol, originaire de Montgiscard (1583?-1648), est assez peu renseignée jusqu’en mars 1633, date à laquelle il acquiert un logement près du cloître de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse. C’est là que le chanoine hebdomadier vécut pendant une quinzaine d’années, parvenant à créer un extraordinaire cabinet de curiosités dont nous connaissons le contenu grâce à deux inventaires, l’un manuscrit (MS 390 de la Bibliothèque nationale de France), l’autre imprimé à Huesca (en 1644). Quelques lettres manuscrites découvertes à Madrid, en 1911, par Adolphe Coster -maigres vestiges d’une correspondance à coup sûr plus abondante- laissent par ailleurs entrevoir les relations amicales qui s’étaient nouées entre Filhol et un grand mécène et collectionneur de Huesca, Vincencio Juan de Lastanosa, autour duquel gravitait un groupe d’érudits aragonais (Francisco Jiménez de Urrea, Juan Francisco de Ustarroz, Luisa de Padilla, comtesse d’Aranda, le jésuite Baltasar Gracian, le P. Manuel Ortigas y Bardaji). François Filhol nous apparaît, trois siècles et demi après sa mort, comme un homme attentif aux affaires de son temps, comme un érudit passionné par la civilisation antique, comme un infatigable collectionneur sans cesse à l’affût de raretés bibliographiques et muséographiques; il suscita une grande admiration, moins à Toulouse que de l’autre côté des Pyrénées: nul n’est prophète en son pays! Sans avoir le rayonnement scientifique d’un Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix-en-Provence, le chanoine Filhol fut néanmoins, dans la ville des capitouls, au cours de la première moitié du XVIIe siècle, un membre insigne de la République des Lettres.