Lu dans La France littéraire artistique, scientifique, quatrième année, n° 36, 2 juin 1860, p. 270 : « Notes et documents pour servir à l’histoire de Lyon sous le règne de Louis XIV », une contribution signée A. Péricaud l’aîné.
Péricaud fait la relation d’une bien curieuse transaction entre collectionneurs de médailles qui se déroule en octobre 1674, un « négoce » sur la singularité duquel il attire l’attention, plus que sur les objets de curiosités eux-mêmes. Jean Foy Vaillant, médecin et numismate, a été chargé par Colbert d’aller chercher en Italie des médailles destinées à alimenter le Cabinet du Roi. Capturé par des corsaires alors qu’il se rend à Rome pour assister à l’ouverture du Jubilé, il reste plus de quatre mois prisonnier à Alger. Le Dey le laisse partir afin de réunir l’argent de sa rançon non sans lui restituer 200 médailles d’argent et 20 médailles d’or. Mais la Méditerranée est décidément peu sûre et son bateau est à nouveau pris en chasse par un corsaire… par précaution, Vaillant prend son courage à deux mains et un grand verre d’eau dans l’autre, et avale les 20 médailles d’or. Le bateau parvient cependant à échapper aux pirates en faisant cap sur la côte espagnole, puis se rend à Marseille, où Vaillant débarque : « A son retour à Lyon, la Nature lui avait déjà rendu la moitié de ses médailles. Sa première visite fut pour son ami Philippe Sylvestre Dufour », antiquaire et numismate. « Dufour, qui avait acheté cinq médailles que Vaillant lui avait montrées, fit aussi marché d’un Othon d’or et de quelques autres médailles que celui-ci avait encore dans le corps, négoce dont il ne s’était peut-être jamais parlé. Vaillant y consentit, et le jour même, veille de son départ pour Paris, il se trouva, grâces à un plat d’épinards, en état de tenir son marché. »