Brest, Cabinet d’Histoire naturelle (1794-1868)

Faisant suite à la création d'un Jardin botanique, le Cabinet d'Histoire naturelle de Brest connaît une histoire mouvementée aux XVIIIe et XIXe siècles.

L’inventaire détaillé du Cabinet d’Histoire naturelle de Brest (état de 1794) fait suite à celui du Jardin botanique entretenu par Antoine Laurent :

« Le citoyen Laurent, sans frais, à l’aide de forçats qu’il dirigeait, fit construire une orangerie, une serre chaude, se procura des châssis vitrés, fit élever une galerie pour y placer des plantes desséchées, et le pavillon qui renferme les objets d’histoire naturelle, qu’il sut se procurer à force de demandes, de recherches et d’intelligence. » 


Inventaire :

« C’est encore au citoyen Laurent qu’on doit les pièces qui composent le Cabinet d’Histoire naturelle annexé au jardin des plantes ; avec quelque secours il eût pu l’augmenter. Tel qu’il est, il peut donner à ses élèves une connaissance étenduen des minéraux, des coquillages et des produits si variés de la nature.

A la destruction de l’école des gardes de marine, des pièces qui décoraient leurs salles ont été portées au citoyen Laurent qui les a conservées avec ce soin, cet amour pour les sciences que démontrent sa conduite, sa conversation, l’ordre de tous les objets confiés à sa surveillance.

Dans un cabinet qui précède le grand salon, on voit un tableau donné par le ci-devant roi en 1787 à Lamothe Piquet, lieutenant-général qui sortit du fort de la Martinique avec trois de ses vaisseaux pour couvrir l’entrée d’un convoi français, et combattit l’escadre d’Angleterre composée de treize vaisseaux. Elle était sous les ordres de l’Amiral Hideparker, le 18 décembre 17798. C’est encore une copie d’un tableau fait par le Marquis de Rossel en 1787. Ce tableau historique dont l’action, le cadre et le trophée qui le surmonte, font tout le mérite, servirait de pendant à celui que j’ai décrit au commencement de cette notice.

Le premier plan présente les glassis du fort de la pointe aux nègres. M. de Bouillé commande et les canons sont disposés pour protéger les français.

Les vaisseaux de Lamothe Piquet couvrent le second plan. L ‘escadre anglaise, des montagnes qui se perdent dans le lointain, en adoptant la teinte jaunâtre du ciel, garnissent le fond du tableau.

2°) Une gravure sous verre à cadre doré, c’est le combat de la Surveillante et du Québec. Georges Carter pinx. Jean Caldivall sculp.

3°) Deux belles pendules en cuivre de Ferdinand Berthoud dont les tambours ont cinq pouces de diamètre.

Passons au Cabinet d’Histoire naturelle.

Les premières armoires renferment environ cinq cents volumes. L’encyclopédie, Buffon, les voyages de Cook peuvent avoir quelque rapport avec les objets renfermés dans ce cabinet. Il serait à souhaiter qu’on y joignit des livres de botanique, de conchyliologie, de métallurgie qui ne s’y trouvent pas, et qu’on fit transporter à la bibliothèque du district le reste des ouvrages précieux qui s’y rencontrent, on ne sait pourquoi. Ils traitent de matières étrangères à l’histoire naturelle.

Ce sont des atlas.

Des principes sur le mouvement et l’équilibre.

Le Neptune américo-septentrional, du Groenland jusqu’au golphe du Mexique inclusivement.

Un recueil des combats de du Gai-trouin, dessiné par Ozanne,

La description géographique des Antilles possédées par les Anglais.

Les éléments d’astronomie de Cassini.

Les tables astronomique de la Hire, etc., etc.

Je ne vous conduirai pas d’armoire en armoire. Je vous éviterai la lecture des notes que je mets sous vos yeux ; mais selon l’usage dont je ne peux m’écarter, je vous parlerai des morceaux les plus curieux de votre collection d’histoire naturelle.

1°) On y voit des vases, des instruments industrieusement exécutés par des Sauvages.

2°) Des plantes marines, des bois pétrifiés, des mousses.

3°) Des Fossiles des environs d’Angers.

4°) Des cristaux spastiques assez brillants.

5°) Une belle suite de coraux blancs.

6°) Un morceau de cristal de Madagascar d’un pied de long sur huit pouces de large.

8°) Quelques boites de petits coquillages de toute espèce. Des pinnes marines, palourdes, bouches d’argent, des vis, des porcelaines, de forts jolis cardans, de belles harpes, l’arabique, la souris, une porcelaine rare, brune, veinée, d’un blanc terne, en zig-zag, mêlée de jaune, très curieuse, des oreilles de malabares, bonets chinois, le tigre.

9°) Des spaths calcaires, des ardoises herborisées, chargées de pyrites, ardoise sur laquelle est imprimée la forme d’un poisson. Ces objets viennent d’Angers.

10°) Plusieurs morceaux de mines de fer, de plomb, des cristaux, plomb gris, prismatique, stéatite avec marcassites cubiques, des pierres de quadry.

11°) Des montres d’agathe, de marbre, de lapis lazuly, d’aventurines, de jaspe et de sables, des lépas, des huîtres épineuses bien conservées.

12°) Manches de couteaux, becs de canard, le manteau ducal, beau morceau ; concha veneris, moule perlière, des peignes, de beaux marteaux, l’hirondelle, des araignées, corail blanc sur une huître feuilletée, couleur de chair, joli accident ; nid curieux de guêpes de Caienne, des cœurs, des rochers, l’arche de Noé, tête de bécasse, la pavillon frangé, des tonnes, crabes, casques, nautiles, des oursins, etc.

 

Les basses armoires du cabinet contiennent des animaux et des poissons.

1°) La mole.

2°) Une morue à laquelle on a prêté la forme d’un dauphin, charlatanisme de marin.

3°) Une vache marine.

4°) Un requin, une mâchoire de requin ; elle a quinze pouces de diamètre.

5°) Le marteau, poisson.

6°) La flutte.

7°) Un lézard, un caméléon de deux pieds dix pouces de long.

8°) Plusieurs serpents ; un d’eux a douze pieds de longueur, deux serpents corails.

9°) Des caymans.

10°) Le paresseux.

11°) Des animaux plus communs empaillés.

12°) Une chauve-souris de vingt pouces d’envergure.

Une chauve-souris de quinze pouces, la peau du crâne et la chevelure d’un orang-outan dont on a fait un bonnet ; il a huit pouces de diamètre.

Vingt-cinq phioles à l’esprit de vin contiennent des bizarreries d’histoire naturelle, des poulets d’inde à deux tête, un poulet à quatre pattes, un petit monstre humain à tête de singe, dont la bouche est fendue jusqu’aux oreilles.

 

Passons aux oiseaux contenus dans le même cabinet.

Ces oiseaux en général ne sont pas dans un bon état, je ne connais que deux collections de ce genre qui méritent des éloges : je n’en excepte ni celle du Muséum national, ni celle du Muséum de Londres. Spreugly de Bern et le chevalier Aston Levers en Angleterre ont su conserver seuls un air de vie, l’éclat de leurs couleurs aux oiseaux, aux animaux qu’ils ont fait empailler.

Les oiseaux dont je vais vous parler viennent en grande partie de Cayenne.

1°) Le petit pipit bleu ; ainsi nommé de son cri ; il est de la pus jolie forme, le noir, le bleu, le bleu de ciel se mélangeant agréablement sur ses ailes, sous sa gorge ; le dessus de ses ailes est d’un gris soyeux ; son ventre est d’un beau jaune ; il a cinq pouces six lignes de long.

2°) Le grand colibri à ventre de feu ; une nuance d’or et d’émeraude lui sert de gorgeret ; le rubis n’a pas l’éclat de sa palatine ; le brun, le vert doré forment le reste du plumage de ce bel oiseau ; il a six pouces de long. J’oubliais quelques plumes blanches éparses avec ménagement sur la totalité de ce brillant animal, et surtout cette bande noire qui sépare le gorgeret d’une teinte violette qui se mêle au feu de sa palatine.

Parmi dix espèces de colibri, je n’en décrirai que cinq :

3°) Le colibri à gorge blanc de neige, au dos vert ; ses ailes sont diaprées de gris, de bleu, de noir, sans que ces couleurs soient tranchantes. Quatre pouces six lignes de longueur.

4°) Le rubi topase, couleurs brillantes, que des plumes d’un gris foncé font ressortir. Trois pouces neuf lignes.

5°) Un autre colibri ; sa gorge est d’un vert-d’eau doré, son ventre d’un violet éblouissant ; ces deux couleurs se fondent sur le dos, les ailes et la queue sont d’un brun varié. Quatre pouces six lignes.

6°) Un petit colibri ; toutes les couleurs se mélangent sur sa robe.

On peut, en rapprochant ces cinq espèces, se procurer une arriette d’un concert du père Castel (qu’on me pardonne cette expression) et voir un abrégé des plus vives couleurs du microscope solaire. Je les ai vues quelque fois réunies à S[aint]. Domingue.

7°) Le petit louis, espèce de bouvreuil, mais plus léger, plus délicat de forme que ce dernier oiseau ; il a le ventre jaune et le dos bleu ; entre ses yeux, plein de vivacité, est une touffe d’un jaune ocre. Il a quatre pouces six lignes.

8°) Le mannequin à tête rouge, le mannequin à tête jaune.

9°) Deux grimpereaux, l’un à pattes rouge, l’autre à pattes jaunes ; ils diffèrent peu des colibris ; le noir, le violet, le bleu de ciel, se nuancent sur ces oiseaux. Cinq pouces de long.

10°) Le flamand, l’aigrette, le grand phenicoptère des indiens ; cinq variétés de contingas des Cayennes ; des toucans ; le ramier pintade de Cayenne ; le paon des palétuviers , le plumet blanc de Cayenne parent cette collection.

13°) Le plus singulier de ces animaux est le camoucle de Cayenne ; camoucle de Cayenneil est fort et robuste comme un grand aigle, et de la couleur de cet oiseau, mélangée de blanc et de brun ; il porte sur le front une corne de neuf lignes de long, ses ailes sont armées de deux défenses, placées le long de sa poitrine ; elles ont un pouce de long, six lignes de large et sont triangulaires ; le cou de cet animal est trop gros, il a quatre pouces de diamètre et un pied de long ; sa tête est petite, c’est celle du dindon ; il n’annonce pas plus d’intelligence ; les armes dont il est pourvu ne peuvent nuire ; il paraît trop lâche, trop stupide pour les employer ; ses pates sont longues et fortes, et ses griffes peu recourbées, c’est en général un mélange, une caricature de la force et de la faiblesse ; il a deux pieds sept pouces de bec en queue, trois pieds de haut ; sa poitrine, sans y comprendre l’épaisseur des ailes, a dix pouces de large ; sa tête n’a pas un pouce de diamètre et son bec est sans caractère.

Je ne vous parle pas de quelques squelettes, de nids qui se trouvent épars dans les différentes armoires de ce cabinet.

On y voit encore quatre globes, deux octans, six lunettes, deux graphomètres, etc…

Tels sont les objets renfermés dans le Cabinet d’Histoire naturelle du jardin des plantes. »

[Texte saisi par Jean-Pierre Cordier, sur l’exemplaire de la BnF numérisé sur Gallica :  CAMBRY ( Jacques), Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l’an III (Nouv. éd.)  par Cambry ; publ. par ordre de l’administration du département H. Caillière (Rennes) 1889, pages 124-132.]

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Pour l’inventaire de 1808 dressé par Broca, pharmacien de marine à Brest, nous renvoyons au blog déjà mentionné. Voir aussi, sur ce blog, les éléments sur l’enrichissement des collections consécutif au retour en 1817 de la corvette l’Euryale commandée par le capitaine Fleuriau, après sa campagne aux Antilles (Annales maritimes et coloniales année 1817, volume 2, p. 317-319 : N° 65. NOTE sur divers objets d’histoire naturelle, apportés récemment au Jardin royal des plantes à Brest).

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Synopsis historique 1788-1863 par Prosper Levot (Histoire de la ville et du port de Brest, volume 2, 1865). Éclaircissements au sujet des quatre salles du musée et de leurs donateurs [Texte saisi par Jean-Pierre Cordier] :

« Au jardin est annexé un musée où la botanique, la zoologie et la minéralogie sont représentées. La galerie consacrée à la botanique contient une riche collection d’échantillons bien choisis des divers organes des végétaux, ce qui permet d’étudier en tout temps la morphologie végétale. Elle possède, en outre, un immense herbier où l’on trouve non seulement les plantes d’Europe, mais encore celles des principales parties du monde, recueillies par les médecins et les pharmaciens de la marine dans leurs laborieuses navigations.

La collection zoologique a été commencée pendant l’hiver de 1788 à 1789. Les grands froids de cet hiver avait amené aux environs de Brest beaucoup d’espèces d’oiseaux qu’on n’y observe qu’à de longs intervalles, telles que les outardes, les cygnes, les spatules, plusieurs espèces de canards, des hurles, etc. Ce fut l’apparition de ces oiseaux qui suggéra à MM. Dubreuil, premier médecin en chef, et Billard, premier chirurgien en chef, la pensée de créer une collection. Mais les moyens imparfaits de taxidermie qu’on employa n’assurèrent pas une longue conservation aux individus primitivement rassemblés, et il n’en reste qu’une grande outarde en fort mauvais état. Pendant plusieurs années, une seule salle contint ce commencement de collection ; c’est celle qui forme l’entrée du musée. A la paix, les nombreux voyages que firent nos bâtiments dans les diverses parties du monde enrichirent le musée, par suite des dons des officiers de santé et de vaisseau. En 1824, on ajouta une seconde salle que rendirent bientôt insuffisantes les envois du muséum de Paris et les offrandes privées. Lors de la construction de l’hôpital, deux galeries nouvelles furent établies. Dès qu’elles furent prises, M. Léonard, pharmacien professeur, chargé alors du musée (1834) demanda à M. Foullioy, président du conseil de santé, le concours de plusieurs personnes pour le classement des collections. M. Crouan, aîné, pharmacien civil et naturaliste des plus distingués, se chargea de la détermination des mollusques, et Paugam, actuellement jardinier botaniste en chef, de celles des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons ; M. Langonné, pharmacien de la marine, disposa les échantillons de minéralogie, formant le noyau alors restreint de la belle collection actuelle. En 1843 , M. Ad.Vincent, pharmacien professeur, conçut un projet d’installation des galeries de botanique, de minéralogie,et de géologie. Ce projet, approuvé par M. Foullioy, fut réalisé sous la direction de son auteur, par MM. Ed Vincent et G. Cuzent, pharmaciens de la marine, après deux années de travaux préparatoires. Là ne s’est pas bornée la sollicitude de M. Ad. Vincent pour le musée. Par ses dons personnels comme par sa vigilante attention à procurer de judicieuses acquisitions, , il est, à bien dire, le créateur de la collection de minéralogie et de géologie qui, avant lui, se bornait à quelques échantillons contenus dans une montre. En 1858, les galeries avaient besoin d’urgentes réparations. Le temps et l’humidité avaient détérioré un grand nombre d’individus des collections zoologiques. M. Lefèvre, directeur du service de santé, ayant obtenu les réparations nécessaires, toutes les collections furent classées à nouveau par les soins de M. Courbon, alors chirurgien de 2ème classe, sous la direction de M. Leroy de Méricourt, médecin professeur, chargé du musée de zoologie.

Le musée comprend quatre salles. La première contient, outre des curiosités exotiques de différentes nations, une collection d’insectes, peu nombreuse, mais bien classée. La seconde, qui est la plus grande, renferme les oiseaux, les reptiles, les poissons et les mollusques. La troisième est consacrée à la minéralogie, à la géologie et à la botanique.

En 1863, l’accroissement des collections a déterminé le ministère à en charger un conservateur, et M. Ed Brousmiche, ancien chirurgien principal de la marine, a été nommé à ces fonctions. »

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Deux commentaires indignés

1.Des collections mal classées ?

Un commentaire très critique par le chevalier de Fréminville en 1836. Dans le Voyage dans le Finistère de Cambry édité et annoté par Fréminville, celui-ci indique, en note n°39 [Texte saisi par Jean-Pierre Cordier]:

« Le cabinet d’histoire naturelle , dont le local était joint à ce jardin, devrait être un des plus riches de France, en raison du grand nombre d’objets qui y ont été donnés par des officiers de marine et des officiers de santé du même service, au retour de leurs campagnes lointaines. Mais toujours mal soigné, mal classé, négligé, faute d’avoir été mis sous la direction d’un naturaliste  entendu, ce cabinet a été souvent dilapidé et il n’y reste guère que ce qu’on n’a pas voulu en emporter. Un tel désordre a dégoûté ceux qui se plaisaient à l’enrichir, dans l’intérêt public, et depuis longtemps les navigateurs préfèrent garder pour eux  les collections recueillies dans leurs voyages, plutôt que de les livrer à un pillage révoltant. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas à Brest un professeur de zoologie et d’anatomie comparée, qui serait en même temps spécialement chargé du classement et de la surveillance du cabinet d’histoire naturelle ? Il n’y a qu’un professeur d’histoire naturelle médicale, dont les fonctions se bornent uniquement à faire, tant bien que mal, pendant deux ou trois mois de l’année, un cours de botanique. »

Pour remédier à ce problème d’incurie, le décret de 1862 organisant le corps des officiers de santé de la marine, décide qu’un conservateur sera nommé : si le  professeur d’histoire naturelle est chargé de la surveillance du musée, l’installation et la conservation des collections relève d’un conservateur, qui est, cette année là, le docteur Brousmiche. Celui-ci fait appel à des collaborateurs spécialisés dans les collections de minéralogie, paléontologie ou géologie, comme le pharmacien Langonné.

 

2.Mieux classées, mais soumises au pillage de ces Messieurs de Paris !

En  1868, autre commentaire révolté de Besnou, ancien pharmacien en chef de la marine, assorti d’une astuce pour décourager les « spoliations légalisées » [Source : Annuaire des sociétés savantes de France et des congrès scientifiques 1870  page 306-311. Texte saisi par Jean-Pierre Cordier]:

  Le musée possède alors plus de dix mille objets « parfaitement classés, étiquetés avec détail et le plus grand soin, pour en faciliter l’étude et propager le goût de l’histoire naturelle », dit le pharmacien.

Et Besnou d’ajouter : le musée « continua à s’enrichir, de nouveautés et de raretés, à tel point qu’en 1817 l’inventaire s’en élevait à plus de 2000 espèces. A deux reprises différentes, la réputation dont il jouissait attira l’inspection de naturalistes et de savants de Paris, à la suite de laquelle (de 1820 à 1832 ou 1833), il fallut concéder pour les établissements de la capitale des sujets rares ou précieux que les savants commissaires avaient le plus remarqués. Après cette quasi-spoliation légalisée, le zèle des donateurs se ralentit. Mais grâce à un subterfuge, on est parvenu, depuis une vingtaine d’années [donc vers 1848] à réchauffer le zèle, et les dons affluent chaque jour. Voici comment on s’y est pris pour se mettre à l’abri des inspections : un tableau des donateurs est affiché dans l’une des salles, et, dans les vitrines ou armoires, chaque objet porte avec son étiquette le nom du donateur, de telle sorte que l’objet n’est considéré que comme mis en dépôt par le donateur. L’on se croit ainsi à l’abri de convoitises nouvelles ou de cessions forcées dans l’avenir. »

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On pourra se renseigner sur le devenir de ce Cabinet d’Histoire naturelle en consultant, sur notre site, un article synthétique renvoyant aux développements plus détaillés du blog de J.-P. Cordier.

En relation :

  • Cabinet de Sartory, Ange-Michel

    Le Cabinet d’histoire naturelle de M. Sartory est mentionné par Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère ou Etat de ce département en 1794 et 1795, Volume 2 page 140.

     

  • Brest et la curiosité du XVIIIe au XXe siècle

    Corail blanc sur huître feuilletée, couleur de chair, joli accident ; morue à laquelle on a prêté la forme d’un dauphin, charlatanisme de marin… Telles sont quelques-unes des richesses dont s’enorgueillit le Cabinet d’Histoire naturelle de Brest en 1794. Mais d’où viennent, et que deviennent, toutes ces merveilles ?