En 1653 François Duchesne, historiographe du Roi, publiait sous les presses parisiennes des frères Cramoisy un étrange petit livret[1] de quelques pages à peine assorti d’un portrait de cardinal en taille-douce[2]. Ce texte singulier présente le projet éditorial monumental qui occupe et préoccupe l’auteur : celui de rassembler les mémoires, titres, testaments, éloges, généalogies, portraits, armes et blasons de tous les cardinaux illustres de « tous les Cantons de la Chrestienté » en vue de publier « l’Histoire de tous les cardinaux François de naissance ou qui ont esté promeus au Cardinalat par l’expresse recommandation de nos Rois, pour les grands services qu’ils ont rendus à leur Estat & à leur Couronne ». De l’aveu même de l’auteur, cette charge – transmise par son père et qui lui avait été commandée par feu le Cardinal de Richelieu – « ne […] fut pas une petite Commission ». Et pour cause, lorsqu’il rédige le petit livret en question, voilà déjà dix ans que Duchesne « ne [fait] autre chose que d’amasser de toutes parts les Mémoires qui [lui] sont necessaires pour ce sujet ». Dix années de travail, mais son projet stagne pourtant : beaucoup de détails de la vie et des actions de ces prélats manquent encore et il n’a pas réussi à retrouver nombre de portraits. François Duchesne, par le biais de cette petite publication, lance alors un appel à contribution à ceux qui partagent, comme lui, un intérêt pour le passé comme objet de méditation et d’étude : « […] ie coniure les amateurs de l’Histoire, [écrit-il] de me vouloir communiquer ce qu’ils en pourront avoir ou descouvrir, afin que mon Ouvrage en soit plus illustre & plus parfait […] ». Les destinataires de ce livret – auxquels il fera référence une fois son ouvrage publié en 1660 sous le nom de « Doctes » – sont principalement les amateurs de la République des Lettres, cette communauté transnationale d’humanistes et d’érudits férus des rouages d’un système de correspondance qui était essentiellement un pacte d’assistance entre érudits. Parmi les vingt-quatre amateurs qui répondront à son appel et participeront à cette entreprise collective figure le « Conseiller d’Estat & Lieutenant Criminel au Bailliage & Siège Presidial de Lyon », Gaspard de Monconys. Les deux hommes entretiendront à partir de 1653 une correspondance, restée jusqu’à ce jour inédite, et dont les archives de la BnF conservent encore une dizaine de lettres[3]. Ces missives autographes de Gaspard de Monconys remettent en lumière le rôle que ce docte collectionneur, largement oublié de l’historiographie, tint pourtant dans la constitution de la culture de la curiosité lyonnaise : celui d’un intermédiaire incontournable, un correspondant privilégié et le référent de la République des Lettres à Lyon durant la première moitié du XVIIe siècle.
Si le nom de Monconys ne nous est pas tout à fait inconnu, on le doit en grande partie à la fortune de Balthasar, frère cadet de Gaspard, fameux voyageur, diplomate et précepteur du Duc de Luynes, dont la brillante figure a éclipsé celle, moins éclatante, plus effacée car plus traditionnelle peut-être, de son frère aîné. Pas de voyages dans de lointaines contrées pour Gaspard, pas de duc de Chevreuse à accompagner en son Grand Tour, pas – ou très peu – de Salons parisiens où s’exposer. Pas non plus de récit de pirates l’attaquant au large du Portugal, pas de « poignard à la gorge » tenu par des Maures au Fondi d’Alexandrie, pas de rencontre avec Vermeer, ni de « secrets et receptes » échangés avec les érudits de son temps pour guérir les hémorroïdes, « faire croistre le poil », ou « contrefaire l’escaille de tortue sur le cuivre » qui font le piquant du Journal des Voyages de Balthasar, son frère cadet. L’historiographie n’a donc pas, ou très peu[4], retenu la figure de Gaspard, ce frère aîné bloqué à Lyon par sa charge de premier officier du roi en cette ville. En tant que fils aîné de la famille, c’était à lui qu’étaient en effet revenus les titres de noblesse et qu’incombaient donc les charges que les Monconys se transmettaient de père en fils depuis plusieurs générations : la seigneurie de Liergues et de Pouilly-le-Monial[5], le poste de Lieutenant Criminel en la Sénéchaussée de Lyon (l’équivalent de notre actuelle Cour de Justice), celui de conseiller du Roi au Parlement des Dombes, puis plus tard, celui de Prévôt des Marchands, la plus haute position de la gouvernance urbaine à laquelle il est nommé par Louis XIII en 1652. Avec un tel cumul de charges, il n’est donc pas étonnant que Gaspard ne puisse autant s’éloigner de sa ville natale que son frère Balthasar. Il n’en reste pas moins que Gaspard de Monconys appartient à un milieu lettré et raffiné[6], et a reçu une éducation des plus complètes à l’université de Paris, assez caractéristique chez la bourgeoisie marchande de Lyon[7], et qu’il a par conséquent depuis sa « plus tendre jeunesse », nous dit Anselme Boece de Boot, « la louable curiosité de toutes choses belles, & la parfaicte cognoissance […] de toutes les raretez du monde[8] ». Gaspard n’est donc pas l’austère et sévère magistrat que ses titres pompeux et l’unique portrait que l’on connaît de lui pourraient laisser à penser [Fig.1].
Bien au contraire, c’est, d’après Nicolas Fabri de Peiresc, « un homme curieux », « lequel a un fort beau cabinet[9] ».
Dans ce cabinet de curiosités qui, dit-on, fait « l’admiration des Estrangers, et passe pour un des plus beaux de l’Europe[10] » Gaspard de Monconys recueille, classe et conserve notamment des collections gravées ou peintes d’hommes illustres, un médailler de monnaies romaines, une quarantaine de tableaux dont par exemple « des Poules, Une marmite et un chou, des Carpes, Une bosse (?) avec des fruits » de Sébastien Stoskopff (1597-1657), un « Port de mer sur pierre de Florence » ainsi qu’une petite Vénus couchée de Stella[11], que l’on retrouve estimée à trente livres dans l’inventaire après-décès de son neveu, fils de Balthasar de Monconys et dernier héritier du nom[12]. Gaspard de Monconys possède aussi des naturalia, dont – et voici un détail intéressant – une dent « qu’on presupposoit estre de geant » (en réalité d’éléphant) et qui fit l’objet en 1631 d’échanges épistolaires savants avec son confrère Peiresc, qui en possédait une similaire dans son propre cabinet[13]. Quinze ans avant que Balthasar ne parte pour l’Afrique du Nord en son fameux voyage d’Égypte, Gaspard possède donc déjà dans son cabinet une dent provenant de la région. Les deux frères partagent une passion commune, celle de la curiosité, mais si Balthasar part en Italie, Égypte et autre Natolie, c’est pour étudier in situ – nous dit son fils – les raretés et curiosités qu’il avait déjà vues dans le cabinet de son frère : « Monsieur de Monconys [Balthasar] eut plus d’inclination à penetrer les causes, & chercher les raisons naturelles des curiositez, que son Frere [Gaspard] ramassoit avec soin, ç’a esté la fin des Voyages[14] ». Gaspard « ramasse », Balthasar étudie. Gaspard collectionne, Balthasar voyage. Il ne s’agit pas ici de mettre en antagonisme les activités des deux frères de Monconys, et encore moins d’amoindrir la fortune critique de Balthasar, à qui l’on attribue pourtant bien souvent l’origine de la collection de son frère, mais bien au contraire de souligner deux approches complémentaires de la curiosité. Deux approches que viennent dicter aux frères de Monconys des raisons très pragmatiques – Gaspard est bloqué à Lyon par ses charges, Balthasar est plus libre de ses mouvements – mais qui font toute l’originalité de cette fratrie de curieux.
Alors que Balthasar n’avait pas encore commencé de sillonner de par le monde les chemins de la curiosité, Gaspard, en revanche, les faisait déjà venir à lui. Depuis son cabinet de la rue du Bœuf[15], il fait de Lyon le point de convergence d’un réseau de correspondants qui a pour but de nourrir à distance autant sa curiosité que sa collection, mais aussi celles de ses multiples destinataires. Il ne nous reste que très peu de sources directes sur ce réseau épistolaire, une poignée de lettres autographes de Gaspard de Monconys tout au plus[16]. Voilà qui est d’autant plus frustrant que l’on sait qu’il était un correspondant assidu, tenant par exemple avec Carl Antonio dal Pozzo « un commerce continu de lettre, s’écrivant tous deux à chaque courrier […] » et que « presque chaque semaine [Gaspard de Monconys] requi[ert] que lui soit fourni quelque chose […][17] ». Aucune trace n’a été retrouvée jusqu’à présent de cette précieuse correspondance[18]. Mais son nom est en revanche mentionné plusieurs fois dans les courriers de ses contemporains. Les destinataires de Gaspard de Monconys sont des collectionneurs tout comme lui, ce sont les membres de la République des Lettres[19]. Parmi eux l’on retrouve par exemple Boniface Borrilly, notaire à Aix, qui possède l’un des plus importants cabinets de curiosités de Provence concernant les naturalia et les médailles, le père Claude-François Ménestrier, gentilhomme de la garde du cabinet romain du cardinal Barberini, si passionné d’archéologie qu’il se priverait de nourriture pour pouvoir se procurer quelque belle pièce, le cavalier Guichenon, historiographe du duché de Savoie, les frères Cassiano et Carl Antonio dal Pozzo à Rome, que Peiresc lui avait « virtuellement » présenté aux alentours de 1633. La reconstitution du réseau de correspondance de Gaspard de Monconys nous le montre désireux d’en étendre les ramifications toujours plus loin de Lyon, de connecter sa ville aux plus grands pôles européens de la curiosité. C’est un réseau principalement méridional, un réseau tourné vers le sud, vers l’Italie. Rien d’étonnant à cela, nous sommes à la moitié du XVIIe siècle, et tous les regards sont encore tournés vers Rome.
C’est justement de Rome, et par les canaux du réseau de la République des Lettres, que lui étaient venus l’idée et le modèle de l’ouvrage qu’il avait commandité en 1642[20]. L’ouvrage en question, publié en 1644, était un recueil d’éloges des cardinaux français rédigé par le jésuite Henri Albi dont les quarante planches illustratives avaient été gravées à partir des pièces de la collection de Gaspard de Monconys. Ce livre avait la double qualité de reprendre un modèle italien, celui du Museum Cartaceum et des Epigrammata de Cassiano dal Pozzo, et de répondre à un besoin français : donner à la production culturelle française les moyens de son propre développement. La publication des Eloges de Gaspard de Monconys n’avait pas été un travail isolé. Le Bâlois Remigius Faesch, par exemple, travaillait depuis 1628 sur le projet de divers inventaires de sa propre collection[21], et aussi, précisément avec l’aide de Gaspard de Monconys, à la rédaction du premier catalogue raisonné de l’œuvre d’Holbein. Peiresc avait lui aussi le projet de publier un ouvrage sur les plus belles gemmes d’Europe, dont il possédait des pièces majeures dans sa collection. Ces différents projets éditoriaux étaient une réponse collective au même désir d’universalité du Savoir, qui devait s’exprimer au-delà des murs des cabinets de curiosités.
C’est dans cette perspective d’élaboration d’un système de circulation des Savoirs qu’il faut situer la relation épistolaire que Gaspard de Monconys entretint avec François Duchesne à partir du mois de novembre 1653 au plus tard. Voilà en effet ce que demande l’Historiographe du roi lorsqu’il lance son appel à contributions. Il souhaite que l’ouvrage qu’il projette, d’une remarquable modernité, naisse d’échanges entre érudits, que le « public » qu’il enjoint de le « secourir », que les amateurs de l’histoire « des plus Doctes de l’Europe » lui transmettent leur Savoir et lui ouvrent virtuellement les portes de leur cabinet de curiosités par le biais d’une correspondance qui aurait aboli distance, murs et frontières. Lorsque l’ouvrage paraît en 1660, il souligne encore l’importance de cette entreprise collective : « J’avois cy-devant fait publier dès l’année mil six cens cinquante-trois, le dessein de cet Ouvrage, pour inviter les Doctes à me secourir de leurs curieuses recherches […] », écrit-il dans la préface.
Les « curieuses recherches » dont parle François Duchesne sont de celles que Gaspard de Monconys avait justement faites pour son propre projet éditorial (qu’il venait par ailleurs tout juste de faire rééditer, en cette même année 1653, quelques mois seulement après son accession à la charge de Prévôt des Marchands de la ville de Lyon[22]). Gaspard de Monconys renvoie bien évidemment son correspondant à son ouvrage, lui écrivant le 9 janvier 1654 qu’il ne lui a pas envoyé « l’épitaphe du cardinal Hugues de St Cher laquelle s’est treuvée toutte conforme à celle quyest à la fin de son éloge dans les éloges des cardinaux du père Alby ». Duchesne connaît l’ouvrage en question, le possède sans doute puisqu’il le cite déjà dans son appel de 1653, mais il précise toutefois que « tout cela ne fait qu’un abrégé de la moindre partie de [son] Histoire ». L’œuvre qu’il projette est plus ambitieuse que ne le fut jadis celle de Gaspard de Monconys, plus complète, plus monumentale : une accumulation sans fin de la matière si caractéristique de l’historiographie savante de ce XVIIe siècle français[23].
Comprenant la nécessité de son correspondant d’étendre sa recherche, Gaspard de Monconys active donc un réseau d’érudits lyonnais qui, à leur tour, mettront leur savoir à sa disposition. La correspondance de Gaspard de Monconys et de François Duchesne a ceci de formidable qu’elle nous dévoile comment s’organise la curiosité lyonnaise, et de manière plus générale, la méthodologie de la recherche historiographique à l’époque moderne. Gaspard de Monconys contacte ainsi Hugues de Pomey, seigneur de Rochefort et des Sauvages[24], son probable parent[25]et futur Prévôt des Marchands de la ville de Lyon, auquel il a « desja commencé à donner des ordres » le 2 décembre 1653, « suivant les mémoyres que [Duchesne lui a] enoyés », lequel, à son tour, activera son propre réseau[26] et, par ricochet, fournira les informations et armoiries tant désirées par François Duchesne[27]. Il contacte aussi bien évidemment l’auteur, plus connu, de son propre ouvrage, le père Henri Albi, l’un des principaux intermédiaires et porte-parole des lettrés lyonnais, maître de la communication savante propre à l’ordre des Jésuites du Collège de la Trinité[28], et lui demande de partager ce qu’il sait concernant la vie de cardinaux (par exemple le Cardinal d’Estrées) dont l’éloge ne figure pas dans son ouvrage[29]. Gaspard de Monconys se charge enfin d’écrire à certains de ses correspondants, étendant les ramifications de la recherche qu’il effectue pour le compte de François Duchesne jusqu’à Avignon, Arles, Cluny, etc.[30]. Lorsqu’il le peut, Gaspard de Monconys se déplace et va recueillir lui-même les informations intéressant son correspondant. En janvier 1654 il se rend à la cathédrale Saint-Jean afin d’y examiner les sépultures des cardinaux Jean et Amédé de Talaru, et du cardinal de Saluces qui y sont enterrés. Il écrit ensuite à Duchesne avoir « veu moy mesme leurs tumbes », saccagées par les Huguenots un siècle plus tôt, et sur lesquelles il « nen reste aulcunes vestiges ny inscription d’épitaphe », ce qui ne dut pas réjouir son correspondant, si friand de ce genre de monumenta, ces témoignages matériels du passé. Gaspard de Monconys, témoin oculaire de ces sépultures et de leur déprédation se porte garant des informations qu’il collecte pour Duchesne. Il est la main de son correspondant à Lyon et dans la région, mais – digne disciple de Peiresc qui faisait de l’« oculare ispezione » la seule approche analytique envisageable au développement de ses théories historico-culturelles[31] – il est aussi son œil, ainsi qu’il prend la peine de le souligner.
Outre les données textuelles, épitaphes, testaments et autres, Gaspard de Monconys fait parvenir plusieurs portraits à l’historiographe parisien. Il lui fait faire des calques et des copies dessinées de médailles qu’il possède dans son cabinet, dont trois (celles de Raoul de Grosparmy, Robert de Genève et Jean de Talaru) serviront de base aux portraits figurant dans l’ouvrage de Duchesne[32] [Fig. 2].
Ce dernier précisera par la suite dans la préface de son ouvrage que « la plus grande passion » qu’il ait eue fut justement celle de « pouvoir recouvrer de suite & sans interruption, les crayons de tous les Cardinaux […] conservés dans les Galeries des Princes & des Roys, sous lesquels ils ont dignement servy, ou dans les Cabinets des curieux, qui font une recherche exacte de portraits […][33] ». Gaspard de Monconys recrute également des peintres afin de réaliser les copies des portraits non amovibles, présents notamment sur les vitraux des églises de la région[34]. Il semble probable que François Duchesne fasse alors parvenir la somme nécessaire à la réalisation de ces portraits (on sait que de l’argent circule pour d’autres raisons entre les deux correspondants par l’entremise d’un agent dénommé Chenu[35]). Il se pourrait également que Gaspard de Monconys se charge en revanche des frais de réalisation des portraits mais demande alors à son correspondant qu’il lui fasse parvenir en contrepartie les estampes qu’il aura fait tirer des dessins qu’il lui avait fournis, comme le laisserait suggérer sa lettre du 8 septembre 1654 : « vous trouverez cy inclus le crayon du portrait du cardinal Girard avec ses armes blazonnées pour raison de quoy jay débourcé cinq livres pour les deux journées du peintre et de sa peyne et trente sols pour deux journées du cheval, duquel portrait je nen ay point gardé de copies quy me fait vous prier de men envoyer quand laurez fait graver ». Auquel cas les deux curieux se partageraient les dépenses nécessaires pour assouvir leur passion commune : le recouvrement de portraits d’hommes illustres, sous forme gravée de préférence pour Gaspard de Monconys.
On retrouve là le curieux d’estampes, qui rédige méticuleusement l’inventaire de sa collection, qui a un goût prononcé pour les gravures de Jean Morin[36], et se permet de livrer à son correspondant « son petit sentiment touchant les ovales de ceux qu’avez fait graver », ces ovales qui selon lui ne devraient pas être remplis de hachures mais devraient au contraire reporter le nom, la qualité et l’année de création des cardinaux qui y sont représentés. François Duchesne pourrait ainsi les revendre à l’unité et se récompenser « d’une partie de grande despence et peut estre par delà […] ». Voici les conseils d’un spécialiste qui connaît bien son affaire et qui avait sans doute usé de la même technique pour les portraits de son propre ouvrage, gravés par Jean Baron et François Van den Wyngaerde. Très vite, la correspondance de Gaspard de Monconys et de François Duchesne laisse en effet apparaître la passion de notre curieux lyonnais pour l’image imprimée. En janvier 1654, il demande à son correspondant de lui envoyer des portraits, « celuy du premier président des présidents de Nesmon et Demaison du cardinal de Retz » de la main du célèbre Robert Nanteuil, graveur du Roi et fameux portraitiste que Duchesne connaît personnellement depuis qu’ils ont travaillé ensemble à une Histoire des Papes et souverains chefs de l’Eglise qui vient tout juste de paraître. En juillet de la même année, il lui demande encore de se rendre à la rue Saint-Jacques, cœur névralgique et capitale européenne de l’estampe, à la boutique de Balthasar Moncornet qu’il semble bien connaître car il sait que les portraits ne s’y vendent « qun sol pièce au plus ». Gaspard, très méticuleux, donne des directives très claires, et se sert de François Duchesne comme de sa main à Paris, tout comme il fut la sienne à Lyon.
Leur relation suit en effet la logique parfaite du don et du contre-don qui sous-tendait la République des Lettres : un objet contre un objet, ou une information, un renseignement, un dessin, etc. Contre les testaments, épitaphes et portraits qu’il envoie à Duchesne, il demande principalement en retour des portraits gravés et des livres d’histoire et d’hommes illustres ; une Histoire Septentrionale, la Relation de l’Académie Françoise du père Pellisson, une Histoire des poètes François ainsi qu’une Histoire des Templiers. Gaspard de Monconys, particulièrement impatient de recevoir les objets qu’il demande, n’hésite pas à faire remontrance à son correspondant lorsqu’il lui semble que Duchesne tarde un peu trop à les lui faire parvenir, ainsi en février 1654 : « Je vous prie de vous ressouvenir des livres que je vous ay prié de m’achepter » et dix jours plus tard : « je vous supplie de vous ressouvenir des livres que je vous ay prié de m’achespter ». Gaspard de Monconys se sert aussi de François Duchesne, tout comme Duchesne l’avait fait inversement avec lui, comme d’un intermédiaire pour étendre son réseau vers certains des principaux intellectuels de leur temps : Gaffarel, ancien bibliothécaire de Richelieu, Raphaël Trichet Dufresne, bibliothécaire de la reine Christine de Suède, Sir Kenelm Digby, membre fondateur de la Royal Society, tous liés au monde du livre, des académies, de l’institutionnalisation, de la normalisation et de la transmission universelle des savoirs.
Usage suprême de cette logique du don et du contre-don, François Duchesne promet à Gaspard de Monconys, comme à l’ensemble de ses correspondants, une approche méthodologique à la base de la science moderne : la mention de la source. À la différence de Gaspard de Monconys, qui s’était appliqué à effacer toute trace de la provenance des portraits de cardinaux qu’il avait fait graver dans ses Éloges, laissant ainsi le lecteur/spectateur de son musée de papier dans l’incapacité totale de savoir quelle œuvre d’art était à l’origine des copies gravées de son livre, Duchesne, en revanche, prend le soin d’indiquer aux côtés de chacun de ses portraits la provenance de celui-ci ainsi que son mode d’acquisition : « ce portrait est tiré d’une ancienne medaille de ce Cardinal, qui m’a esté communiquée par feu Mr Isnard, vivant Historiographe Grec de Sa Majesté » ; « ce portraict est tiré de celuy qui est en la Salle de Clairvaux à Dijon, & qui m’a esté envoyé par Mr de la Mare, Conseiller au Parlement de Bourgogne » ; « j’ai fait venir ce portrait de Rome », etc. S’il n’en avait pas fait mention dans son ouvrage, cette attention à la source est toutefois un sentiment prégnant dans la correspondance de Gaspard de Monconys. Ses échanges avec Peiresc l’avaient déjà formé à l’analyse systématique des sources que requérait la pratique de la recherche en histoire et en archéologie[37]. Ainsi, dans sa lettre à Duchesne en date du 24 mars 1654, Gaspard de Monconys revient sur la nécessité de l’authenticité de la source, laquelle, lorsqu’il s’agit de copie de testament par exemple, passe par la certification d’un notaire : « jay escrit en Avignon pour avoir les testaments que [vous] desirez mais je croyais que désirant les avoir signés avec un notaire par forme de collation cela nen rende lexécution dificile ou très chère […] ». Devant le prix et la lenteur de la chose, Gaspard de Monconys se propose donc de faire exécuter « des copies fidelles et bien collationnées sans signature de notaires », se portant lui-même garant – et le voici à nouveau témoin répondant et responsable, œil de son correspondant – de la conformité de la transcription des documents, mais souhaitant toutefois « que lon ne vous demandera pas justefication ny attestation de ce que metrez dans votre Histoire ». Duchesne, qui partage avec ses confrères méridionaux Peiresc et Monconys l’idée de l’importance primordiale de la source, avait fait à ses confrères la promesse solennelle et résolument moderne, si importante qu’il convient de la reporter ici, de mentionner leurs curieuses et savantes recherches :
Ie rendray sincerement les tesmoignages de la verité, à ceux qui contribueront en quelque sorte à mon entreprise […]. Afin donc, mon cher Lecteur, que vous sachies avec combien de franchise & de sincerité, ie procède lors que ie produis quelque chose au iour, & comme bien loingde dérober la gloire qui est deue à autruy, ie l’éleve autant qu’il est possible, ie proteste hautement, que ie n’oublieray personne de ceux, dont la generosité sera assez grande pour faire graver quelque planche à ses despens, ou pour me fournir quelque titre.
Le projet de Duschesne et auquel participa Gaspard de Monconys fut en quelque sorte celui de puiser dans la communauté d’intérêt « virtuelle » qu’il avait créée par son appel de 1653 afin de rassembler, ordonner et constituer une collection à partir des collections de ses correspondants. Ce qui importe à l’historiographe du roi n’est pas tant de posséder lui-même l’œuvre originale, que d’en acquérir la trace, la connaissance. Les œuvres d’art que sont les portraits de cardinaux sont rassemblées ici pour leur valeur historique, culturelle, documentaire, avant leur qualité esthétique. Les projets éditoriaux de François Duchesne et de Gaspard de Monconys sont donc en cela similaires : il s’agit dans les deux cas de reconstruire l’histoire de l’Église catholique en un seul corps à travers l’iconographie de ses cardinaux, à travers le spectacle de la série homogène et ininterrompue de leurs visages représentés sans autre détail culturel que leurs attributs cardinalices. François Duchesne et Gaspard de Monconys s’entendent sur une même conception du récit historique, une conception qui se fonde sur une Généalogie étudiée en relation avec la pensée politique et l’idéologie catholique. Cependant, l’Histoire de tous les cardinaux de Duchesne a cela de précieux pour l’histoire des collections qu’elle retrace, grâce à la mention de ses sources, une carte des curieux d’histoire, de médailles et de portraits actifs en France en ce milieu du XVIIe siècle – dont la très grande majorité appartient à la haute robe, tout comme Gaspard de Monconys – et qu’il nous faudra un jour étudier en rapport avec la liste des « curieux des diverses villes » que Gaspard de Monconys rédige de son côté dans ces mêmes années[38].
Anne-Lise TROPATO
New York University Abu Dhabi
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Inventaire des Sources manuscrites
Archives Départementales de Lyon, BP 1981. Inventaire après-décès de Gaspard de Monconys, 2 septembre 1682.
Archives Départementales de Lyon, 3E3899, Testament de Gaspard de Monconys, 22 septembre 1660, notaire public Severin Deboze.
Archives Départementales de Lyon, Frecon, Dossier Rouges, F. C., Vol IX, M.
Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, département des manuscrits, Ms 1791, fol 109r-109v. Lettre de Gaspard de Monconys à Nicolas Fabri de Peiresc, 22 mars 1633.
B.N.F-Département des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal/414-739/cotes extrêmes/Manuscrits latins/718.56 J.L. Recueil de copies de pièces, en français et en latin, concernant l’histoire de France au XVIIe s. Coppie de lettre escrite à Mr de Ponchasteau sur la mort de Mr le cardinal de Lyon par Mr de Monconis/34°/547.
B.N.F-Département des manuscrits Français/14854.
B.N.F-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises/NAF 21501-22201-4. Mélanges historiques, recueillis par André et François Duchesne XV°-XVII° s. Notes et documents concernant divers cardinaux, archevêques et évêques, notamment le cardinal Ferry de Cluny, Louis de Lorraine, évêque d’Albi, le cardinal de Bourbon, le cardinal Raymond de Peyraud, le cardinal de Richelieu, le cardinal de Bérulle, le cardinal Guillaume Briçonnet, etc. / NAF 22092/178/179/181-182.
B.N.F-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46 / fol. 3/ fol. 5/ fol. 9/ fol. 10/ fol. 20/ fol. 22/ fol. 89.
B.N.F-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises/NAF 5158/33.
B.N.F-Département des manuscrits français-Clair-1054/fol 330/ François DUCHESNE (1616-1693) Dessein de l’Histoire de tous les cardinaux françois de naissance/texte imprimé.
B.N.F-Département des manuscrits/Érudits & bibliophiles/BALUZE 324-Recueil des pièces, et principalement lettres et billets originaux, adressés pour la plupart à Mazarin (1651-1659-1660-1661) fol. 62.
Manuscrits de la bibliothèque Méjanes, Manuscrits occidentaux, Fonds Peiresc, g-Correspondance littéraire de Peiresc, Tome VII : Lettre M, g093.
Musée Gadagne, Lyon, Certificat d’échevinage, Inv. N. 2087.
Paris / Archives Nationales / MC ET/XLIII/27 (10 juillet 1639).
Paris / Archives Nationales /MC/ET/XLIII/18 (19 octobre 1635).
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ANNEXES
-Lettre à F. Duchesne, 2 décembre 1653 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 3.
Monsieur, Estant à la veille de me descharger de la prevosté des marchant je suis si accablé d’affaires qu’il ne me reste un moment de temps et à peyne en ay ne peut vous remettre les portraits que mavez fait la faveur de menvoyer dans le quinsièsme du moys prochain que je seroy en repos et travailleray pour vous faire avoir contentement suivant les mémoyres que mavez enoyé auqueles jay desja commencé à donner des ordres, si Mr de Rochefort me tient parole dans la fin de ceste sepmaine je vous envayray ce quil vous ha fait estudier ce quastendant je demeure,
Monsieur, votre très humble serviteur. De Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 9 janvier 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises/NAF 21501- 22201-4. Mélanges historiques, recueillis par André et François Duchesne XV°-XVII° s. Notes et documents concernant divers cardinaux, archevêques et évêques, notamment le cardinal Ferry de Cluny, Louis de Lorraine, évêque d’Albi, le cardinal de Bourbon, le cardinal Raymond de Peyraud, le cardinal de Richelieu, le cardinal de Bérulle, le cardinal Guillaume Briçonnet, etc. NAF 22092/181-182.
Monsieur,
Jay receu les portraits de cardinaulx que mavez fait la faveur de menvoyer dont je vous rends mil graces parmy lesquels jay veu quavez fait graver celuy d’André de Roan dont je vous avois envoyé le crayon, lequel ayant voulu chercher dans le sciaconius je ne lay point treuvé quy me fait vous prier sy ly avez treuvé de me cotter le feuillet et soub quel papier il estoit cardinal et le feuillet et la page où vous lavez treuvé, jay bien treuvé dans les archevesques de Lyon, de Chenu et de Roberty un François de Roan archevesque de Lyon mais non pas quil feust cardinal et tous deux le nomment François et non André, ainsy celuy quy la peint dans les vitres de la bresche dont jay tiré le crayon que je vous ay envoyé la mal nommé André et faussement donné la qualité de cardinal, je me suis enquis de messires de Sainct Jean de cette ville s’ils navoient point de tiltrespour monstrer quil eus testé cardinal quy m’ont asseuré quils nen ont aulcung acte et quils ne croyent pas quil ayt esté jamais cardinal, pour les cardinaux de Talaru, Jean et Améddée et du cardinal de Saluces qui sont esté enterrés à Sainct Jean jay veu moy mesme leurs tumbes desquels les Huguenots lors quils furent maistres de Lyon lan 1562 sy je ne me trompe, arrachèrent touttes les lettres de cuivre quy estoient dessus et nen reste aulcunes vestiges ny inscription d’épitaphe.
Pour ce quy est des portraits des cardinaux quy sont dans les Célestins d’Avignon jay escript pour en avoir la liste comme de tous ceux qui se peuvent treuver dans Arles où il y en a beaucoup à ce que lon ma dit, sy tost que je les auray receu je vous les envairay, j’attends responce de Cluny où jay escript il y a quelques temps et à Savigny de mesme, je ne vous ay pas envoyé l’épitaphe du cardinal Hugues de St Cher laquelle s’est treuvée toutte conforme à celle quy est à la fin de son éloge dans les éloges des cardinaux du père Alby, jay fait vos honneurs à Mr de Rochefort quy ma promis de me donner les armoiries du cardinal Girard de quoy je le presseray et à ce printemps jenvoirais exprès un peintre à saint safleurin pour fere tirer le crayon de son portrait quy est aux vitres.
Pour les portraits que vous mavez fait fere nouvellement graver par nantueil je vous prie de menvoyer celuy du premier président des présidents de Nesmon et Demaison du cardinal de Retz estant coadjuteur duquel vous mobligeriez de menvoyer deux portraits puisque vous avez la planche et de celuy quy estoit dans les … de quoy luy avons dédié avec une épitre.
Javois oublié de vous dire mon petit sentiment touchant les ovales de ceux quavez fait graver lesquelles vous ne debvriez point fere remplir dacheures [hachures] au contraire vous y debvriez fere graver leurs noms et leurs qualités avec l’année de leur création et de leur mort, dautantque ayant fait la grande despence de les fere graver apprès quavez heu la débite de lhistoire quavez fait imprimer, vous ferez tirer des portraits desdits cardinaux que vous voudriez bien tous ceux qui sont curieux des portraits en achepteraient et ainsy vous vous récompenseriez d’une partie de grande despence et peut estre par delà, mais ny ayant pas de nom personne ne les acheptera puisque lon ne les cognoistra pas et vos planches vous demeureront inutilles et mesme ne treuverez pas à les vendre ce que vous treuverez facilement à faire quand les noms y seront, et pour les ovalles quand jay fait remplir dacheures il ne faudra que les fere regratter par votre graveur ou par celuy quy fait vos cuivres.
Je vous prie de m’obliger de prier celuy quy grave vos portraits de chercher quelque peintre ou graveur quy scache bien crayonner à la plume quy veuille venir demeurer avec moy lespace d’une année je le logeray nourriray et luy donneray cinquante escus pour un an, jaymerois mieux un flaman qu’un françois et avant que fere marché avec luy vous mobligeriez fort de menvoyer quelque pièce de sa main faicte à la plume, vous priant de mexcuser sy je ne vous escript de la mienne, la foiblesse de ma veue me contraindra à en user ainsy dorénavant vous ne men estimerez pas moings sil vous plaist.
Je vous envoy une fondation faicte par Charles de Bourbon que jay cottée par numéro affin que les mettiez à leur place estant trop grosses pour les mettre touttes ensemble.
Monsieur, votre très humble serviteur.
– Lettre à F. Duchesne, 20 janvier 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol.89.
Monsieur,
En voulant fermer mon paquet jay receu lettre dun mien amy de provence quy mescript davoir treuvé les testaments du cardinal bertrand, celuy de Pierre de Luxembourg, du nefveu du cardinal Bertrand, celuy du cardinal de Clermon et espérens den treuver beaucoup dautres vous mescrirez sil vous plaist lesquels de ces quatre vous désirez quon fasse extraire, lon mescript encore qua une lieue d’Avignon lon a treuvé les portraits peint sur la muraille à fresque du cardinal Bertrand et de son nepveu je ne crois pas vouliez fere fere la despence den tirer des crayons puisque vous les avez ja faits graver et que me les avez envoyé.
Lon ma escript de Paris que Mr le chavallier Digby en estoit parti pour aller en Angleterre lequel jaurois prié de me vouloir chercher et achepter listoire de Suède en françois de levesque Dupsac ce que nous pouvant exécuter je suis contraint de vous fere la mesme prière, Mr Chenu qui vous rendra la présente vous donnera de largent pour le payer, vous suppliant encore de me favoriser de fere tenir le paquet cy joint audit sieur Digby et de vous servir de moy en touttes occasions où je vous témoigneray que je suis,
Monsieur, votre très humble serviteur, de Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 3 février 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises/NAF 21501-22201-4. Mélanges historiques, recueillis par André et François Duchesne XV°-XVII° s. Notes et documents concernant divers cardinaux, archevêques et évêques, notamment le cardinal Ferry de Cluny, Louis de Lorraine, évêque d’Albi, le cardinal de Bourbon, le cardinal Raymond de Peyraud, le cardinal de Richelieu, le cardinal de Bérulle, le cardinal Guillaume Briçonnet, etc. NAF 22092/179.
Monsieur,
Je vous rends mille graces de la peyne quavez pris à rendre mes lettres pour Mr Dybgy au sieur Lardant et de celle que voulez prendre à machepter le livre de lhistoire septentrionale de levesque Dupsac en françois et non en autre langue à quoy je vous prie encore dajouter quatre livres quy ma dit avoir esté imprimés despuis peu scavoir la relation de lacadémie françoise par Pélisson, lhistoire des poetes françois par Colletet, Castellus de Viris illustrum medicorum et piebius Valebianus de infelicitate eruditoerum, si scavez quelques autres livres imprimés de ceste nature qui serve des esloges des homes illustres je vous suplie de me donner un mot d’advis Mr Chenu vous rendra largent que le tout vous aura cousté par rapport au surplus de vostre dernière lettre, il ny ha aulqun vestige du tumbeau de Charles cardinal de Bourbon dans la chapelle qui est dans St Jean nommée de son nom dans laquelle j’en assure quil a esté entabré ny nulle épitaphe non plus pour le palais archiépiscopal il en a fait bastir une grande partie et ses armoyries estoient en plusieurs endroits dun corps de logis ou plustost grande sale que feu Mr le cardinal de Lys a fait mettre par terre pour rebatir et faire des apartements nouveaux, pour le portrait que vous voyez dans le père Alby je lay tiré dun crayon rouge que quavons depuis longtemps et qui aproche fort dune médaille de bronze quon voit de luy en laquelle il y ha pour revers un non de refus en trois lettres antiques laquelle si désirez tirer je la feray mouler et vous lenvoyray, ainsy que le crayon de ladite médaille ; pour les testaments que désirez davoyr lon ma escrit d’Avignon que dans peu de jours lon ma envoyé deux et quon ha treuvé encore celuy du cardinal de Jouyeuse de la copie en expédition duquel lon demande deux pistoles qui est la cause quon ne la pas voulu faire expédier, vous les treuverez sans doubte pour rien chez Mr de Guise ; jay encore receu du père Alby responce touchant des portraits des cardinaux que je pensois quil me pourroit faire examiner dans laquelle il me donne un ésclaircissement concernant la naissance et extraction du cardinal d’Estrées que jay creu vous debvoir envoyer je souhaiteray pouvoir contribuer davantage à vostre desvouement et vous faire paroytre plus utile que je suis,
Monsieur, votre humble serviteur, de Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 13 février 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 5.
Monsieur,
Nestoit que seriez en peine de scavoir sy jaurois receu les quatre derniers portraits que mavez envoyés vous ne recepvriez aulcune de mes lettres cette sepmaine, jaurois attendu le prochain ordinaire entre cy et lequel temps lon ma promis de me donner beaucoup d’éclaircissement sur ce que mavez escript cependant je vous supplie de fere tenir la cy joincte le plus tost et plus seurement que fere se pourra à Monseigneur le chevallier Digby, pour ce quy est des portraits de Mezeray et des reines vous ne les treuverez point que chez les libraires quy ont ja prins les livres où il soit quy en ont les planches ou chez quelqu’autre quy aura le livre imparfait quy ne se souciera pas des planches dans lequel lon les pourra prendre, j’attends le prochain ordre pour vous envoyer les instructions qu’on me donnera sur ce que vous désirez, cependant croyez moy toujours,
Monsieur, votre très humble serviteur, de Monconys.
Je vous prie de vous ressouvenir des livres que je vous ay prié de machepter tournez feuillet.
– Lettre à F. Duchesne, 17 février 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 10.
Monsieur,
Pour responce à la lettre du 12 du courant sy vous navez pas peu treuver l’histoire de Septentrion ou de Senede soubs le nom de levesque Dupsac, vous la treuverez soubs le nom d’Olaus Magnus quy estoit evesque Dupsac je ne scaurois vous escrire où elle a esté imprimée parce que je ne l’ay pas remarqué à l’histoire que jay heue et quy ma esté prise fidèlement et ay je bien remarqué quelle estoit in octavo peut estre la treuverez vous dans le Collège des Jésuistes, je vous suis obligé de la peyne quavez prise à la rechercher avec les autres livres dont je vous ay escript, lesquels je vous prie dachepter et les donner à Mr Chenu, jay marchandé deluy de Cassianus Illustratus duquel l’on ne veut rien rabattre de sol en blanc nestoit que jay voulu attendre une responce sy je vous lenvoiray en blanc ou relié je laurois achepté daultant que l’on ne relie pas bien en ce pays contrairement au vostre et que je voudrois attendre l’occasion de quelque amy pour vous l’envoyer franc de port, je vous aurois envoyé par cet ordinaire le crayon de la médaille du cardinal de Bourbon nestoit que les peintres ont esté en débauche ce carnaval, l’on ne pourra jouir deulx que la sepmaine prochaine, j’escriray en Avignon affin qu’on vous fasse copier les testaments que désirez et au prix que me marquez, je nay encor peu voir Mr de Rochefort lequel na jamais heu le portrait du cardinal Girard pour eux de vous remis que Mr Mezerais vous faire espérer je vous prie sil peult reavoir les planches quil men fasse tirer 4 coppies de chacun sil le peult il coustera moings den tirer beaucoup que peu et seray très aise d’en avoir ce nombre, jay receu les portraits des trois derniers cardinaux quil vous a pleu menvoyer vous meussiez bien obligé de men envoyer trois de chaque sorte je payeray ce quils couteront de tirer sy vous me vouliez fere cette faveur, vous navez gardé de treuver les portraits des grands maistres de Malthe ny des ministres destat chez les imagiers il nen ont pas les planches elles sont entre les mains des libraires quy en ont imprimé les istoires lesquels sils sont vos amis vous en peurriez fere tirer en les payant vous mobligeriez encore sy lon pouvoit avoir des copies des planches des armes seaux et portraits quy sont dans l’histoire de Monmorency et de Chastillion de me les fere avoir.
Je vous envoye le fragment quon a treuvé du testament du cardinal de Talaru, jay veu en cette ville un satire en vieux françois faicte contre les Jésuistes prétendu autheur de lalmanach fait contre les gendénites, sy scavez lautheur je vous prie de me lescrire, pour la datte du testament dont je vous ay envoyé copie je ne lay peu encor avoir lon me la fait espérer, sitost que je lauray je vous lenvairay, ce quattendant je demeure,
Monsieur, votre très humble serviteur de Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 24 février 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises/NAF 21501- 22201-4. Mélanges historiques, recueillis par André et François Duchesne XV°-XVII° s. Notes et documents concernant divers cardinaux, archevêques et évêques, notamment le cardinal Ferry de Cluny, Louis de Lorraine, évêque d’Albi, le cardinal de Bourbon, le cardinal Raymond de Peyraud, le cardinal de Richelieu, le cardinal de Bérulle, le cardinal Guillaume Briçonnet, etc. NAF 22092/178.
Monsieur,
Vous recevrez avec la présente deux différents crayons de Charles cardinal de Bourbon l’un que jay fait tirer sur une médaille que jen ay faite comme je crois du temps quil fist bastir la maison archiépiscopale de cette ville laquelle a pour revers un jésus en trois lettres antiques ou gotiques qui sont les mesmes quil avoit fait mettre en pierre en plusieurs endroits de larchevesché comme encore sans sa chapelle quil avoit fait bastir dans St Jean quon appelle la chapelle de Bourbon, pour le second portraict au crayon que jay quy est celuy que je fis graver pour mettre dans le livre du père Alby lequel quand jaurois fait fere un autre crayon il ne seroit pas meilleur que la stampe que je vous en envoye, je vous supplie de vous ressouvenir des livres que je vous aye prié de machepter et sy avez quelques nouvelles du retour de Mr Dufresne de Suède de men vouloir faire part, jattends responce davignon pour les testaments quon ma fait espérer sitost que je les auray receus je vous les envoyray ce quattendant je demeure,
Monsieur, votre très humble serviteur, de Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 24 mars 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 22.
Monsieur,
Jay receu lhistoire des templiers que mavez fait la faveur de menvoyer je crois quavez aussi receu à présent le Cassianus illustratus que jay deslivré icy à Mr Chenu le fils demeurant rue de Grenoble chez son père duquel le ferez retirer, il ne le vous ha fait vendre ; jay escrit en Avignon pour avoir les testaments que desirez mais je croyais que désirant les avoir signés avec un notaire par forme de collation cela nen rende lexécution dificile ou très chère dautant que ceux qui les ont simaginent que se seroit pour quelque autre dessein que le vostre et que peut estre on les veut avoir pour poursuivre quelques droits pour à quoy parveniez les copies en forme sont utiles et nécessaires dont jay creu vous devoir donner advis, lamy à qui jen hay fait bien en faire dextraire pour moy restans que des copies fidelles et bien collationnées sans signature de notaires, vous souhaitant que lon ne vous demandera pas justefication ny attestation de ce que metrez dans votre Histoire pour les portraits soit des ministres destat, chevaliers que des grands maistres de Malthe et des reines, il faudra se contenter davoir ce quon pourra puisque il sy rencontre du malheur à ma recherche je ne laisse de vous estre obligé je ne refuste pour celuy de levesque de Cominges et de labé d’Estrées ny ceux de vos cardinaux quant les aurez fait tirer les festes de pasques je enverray exprès à St Simphorien pour faire crayoner le portrait du cardinal Girard avec charmes, si désirez quelque autre chose de moy je suis et resteray,
Monsieur, votre très humble serviteur, de Monconys.
– Lettre à F. Duchesne, 10 juillet 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 9.
Monsieur,
Je vous envoye la lettre de Mr le prieur Pertuis d’Avignon par laquelle vous verrez la diligence quil ha fait de vous faire avoir le portrait du cardinal de Fétigny et limpossibilité quy si remontre, je vous envoye pareillement les armes blazonées du cardinal Girard qui mont esté données par Mr de St Jehan héritier de la maison de ce cardinal ma par de vous pas diviserez dans la vie de ce cardinal ce que vous treuverez escrit au bas des dites armoiries en quoy vous lobligeriez et moy aussi qui atendant les portraits de vos cardinaux que mavez fait espérer je demeure,
Monsieur, votre très humble serviteur, de Monconys.
Je vous prie me faire achepter chez Moncornet qui veut des tailles doulces à la rue St Jacques les portraits de don Joseph de Marguerite et de don Joseph Dardenées quil ha gravé il ne les veut qun sol pièce au plus sil en ha de nouvelles gravé dautres personnes acheptez les moy je vous prie.
– Lettre à F. Duchesne, 8 septembre 1654 :
BNF-Département des manuscrits Français/DUCHESNE 46/Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 20.
Monsieur,
Jay receu par la lettre du 21 du passé quavez pris la peyne de fere rendre à Mr Gafarel le paquet que je vous avois adressé pour luy et néantmoins par la dernière quil ma escript il ma prié de vouloir luy fere la responce que je luy faisois et de luy envoyer quelques mémoires quil me demandoit qui estoient dans le paquet que vous luy avez rendu je vous prie de luy fere dire quil me fasse un mot de responce pour mostre de la peyne où jen suis, j’ay receu le portrait de Mr de Guenegau que mavez envoyé dont je vous suis bien obligé et me resjouis extremement du contentement que Mr Dozier le père archer de monseigneur son fils au soustènement de Thérèse qu’il a dédiée audit sieur Guénégaud laquelle Thérèse ja ne désire pas me contentant du portrait que mavez envoyé, vous trouverez cy inclus le crayon du portrait du cardinal Girard avec ses armes blazonnées pour raison de quoy jay débourcé cinq livres pour les deux journées du peintre et de sa peyne et trente sols pour deux journées du cheval, duquel portrait je nen ay point gardé de copies quy me fait tous prier de men envoyer quand laurez fait graver, et attendant de vous servir en meilleure occasion je demeure,
Votre très humble serviteur de Monconys.
*
Notes
[1] L’auteure remercie Dr. Inès Castaldo pour son aide précieuse dans la transcription des lettres manuscrites de Gaspard de Monconys, dont « la foiblesse de [la] veue » rendait certains passages particulièrement difficiles à déchiffrer.
[2] Une copie figure aujourd’hui à la BnF-Clair-1054/fol 330/François Duchesne Dessein de l’Histoire.
[3] BnF-Département des manuscrits Français / DUCHESNE 46 / Correspondance d’André et François Duchesne / fol. 3, 5, 9, 10, 20, 22, 89 ; BnF-Département des manuscrits Français/Nouvelles acquisitions françaises / NAF 22092/178, 179, 181-182.
[4] On le retrouve notamment dans TURNER, Anthony, « Grolier de Servière, the brothers Monconys, Curiosity and collecting in Seventeeth-century Lyon », Journal of the History of Collections, 2008, (2), p. 205-215 ; voir aussi BRUYÈRE, Gérard, « Mécénat et Collectionnisme à Lyon. Pour un état de la recherche » dans Catalogue raisonné des Peintures françaises du XVe au XVIIIe siècle du musée des Beaux-arts de Lyon, Paris, Somogy, 2014, p. 40-62. Il est revanche absent des grands travaux d’Antoine Schnapper et de BAYARD, Françoise, « Les collections des échevins et prévôts des marchands de Lyon dans la première moitié du XVIIe siècle », dans GABORIT, Jean-René (dir.), Mécènes et collectionneurs, Paris, Éditions du CTHS, 1999, vol. 2, p. 23-36.
[5] Ces seigneuries furent achetées en 1564 par Claude de Monconys, arrière-grand-père de Gaspard et Balthasar. Acte de vente en date du 17 juillet 1564 devant notaire Deschalles. Acheteur : Claude de Monconys. Vendeur : Claude Barjot, seigneur de Moussy le Perreulx, Liergues et Lounay, avocat conseiller du roi en son parlement de Bretagne. Archives Départementales de Lyon / FRECON, Dossier Rouges, F.C., Vol IX, M, non paginé.
[6] L’arrière-grand-père et le père des frères Monconys s’essayèrent à la poésie et publièrent de petits sonnets en introduction à une publication renaissante des Odes d’Horace, s’insérant de fait dans un courant littéraire et humaniste (MONCONYS, Claude et Pierre de, « Introduction aux Odes d’Horace », dans Les Cinq Livres des Odes de Q. Horace Flacce, traduits du latin en vers françois par J. Mondot… [Vers par P. Mondot, J. Serralier, F. B. Chastagnon, Du Monteil, G. de Valat, Fr. Du Plessis, B. Chavasse, B. Royet, R. de Verdelay, L. Malescot, Cl. et P. de Monconys, J. Ravier, I. de La Garde, N. Poncelet], Paris, N. Poncelet, 1579). La famille de Monconys portait également un vif intérêt aux activités scientifiques, comme l’ingénierie, les mathématiques, la physique et la chimie. L’un de leurs ancêtres est décrit dans l’introduction des Journaux de Balthasar de Monconys comme l’homme qui a inventé une machine « pour relever les grands bateaux sur la rivière » (MONCONYS, Balthasar de, Journal des Voyages de Monsieur de Monconys, trois volumes, première partie, Lyon, Horace Boissat et Georges Remeus, 1665, p. 1).
[7] NIEPCE, Léopold, Archéologie lyonnaise : les chambres des merveilles ou cabinet d’antiquités de Lyon depuis la Renaissance jusqu’en 1789, Lyon, Henri Georg, 1881-1885, p. 24.
[8] DE BOODT, Anselme Boece, Le Parfaict Joallier, ou Histoire des pierreries : ou sont amplement descrites leur naissance, juste prix, moyens de les cognoistre, & de se garder des contrefaites. Facultez medicinales, & proprietez curieuses. Composé par Anselme Boece de Boodt, Medecin de l’Empereur Rodolph II. Et de nouveau enrichi de belles Annotations, Indices & figures, Lyon, Jean-Antoine Huguetan, 1644.
[9] TAMIZEY DE LARROQUE, Philippe (éd.), Lettres de Peiresc, Paris, Imprimerie Nationale, 1894, Vol. V (1610-1637), p. 46, lettre de Peiresc à Guillemin, prieur de Roumoules, en date du 11 octobre 1632.
[10] MONCONYS, B., Journal des Voyages…, op. cit., p. 1.
[11] Extrait du manuscrit anonyme no 14854 des manuscrits français de la Bibliothèque nationale, « Catalogue du cabinet d’un antiquaire provençal, du milieu du XVIIe siècle », dont l’auteur fut identifié de façon certaine par Jean Guillemain, en la personne de Gaspard de Monconys. Voir BRUYERE, « Mécénat et collectionnisme à Lyon… », art. cit., p. 41.
[12] « Une Vénus son cadre doré aussi estimé trente livres », Inventaire des effectz de deffunt Messire Gaspard de Montconis seigneur de Liergues et autres places, des 11e aoust et autres jours suivants 1682, Archives départementales de Lyon/ 2 settembre 1682 / BP 1981.
[13] « Je suis marry de n’avoir veu Mr le Lieutenant criminel de Lyon, vous lui deviez persuader de s’advancer jusques icy où je l’eusse receu le mieux qu’il m’eust esté possible et luy eusse monstré ma dent qu’on presupposoit estre de geant, mais je la tiens estre d’elephant et pour m’en asseurer mieux je portay ma main dans la gueulle de l’elephant pour toucher et empoigner les siennes internes que je trouvay de forme toute pareille. On me l’a envoyée de Tunis, d’où j’estime qu’il peult avoir recouvré la sienne. », Lettre de Peiresc à Borrilly en date du 14 novembre 1631 dans TAMIZEY DE LARROQUE (éd.), Lettres de Peiresc, Paris, Imprimerie Nationale, 1893, Vol. IV (1626-1637), p. 38.
[14] MONCONYS, B., Journal des Voyages…, op. cit., p. 1.
[15] BRUYÈRE, « Mécénat et collectionnisme à Lyon… », art. cit., p. 41.
[16] Une au chevalier Guichenon, historiographe du Duc de Savoie datant de 1632, une à Peiresc, datant de 1633, et dix à François Duchesne, historiographe du roi, écrites vingt ans plus tard, entre 1653 et 1654.
[17] « […] Monsieur de Liergues Monconys consigliere luogotenente generale criminale per il Re in Lione, tiene con il S.r Carl’Antonio mio fratello continuo commertio di letere, scrivendosi ambedue per ogni corriero, et il motivo ne è, che questo gentilhuomo si trova haver un gabinetto di varie curiosità e quasi ogni settimana richiede che gli si provveda qualche cosa ». Lettre de Cassiano dal Pozzo à Nicolas Hensius en date du 16 octobre 1651, citée par Lumbroso, Giacomo, Notizie sulla vita di Cassiano Dal Pozzo, Protettore delle Belle Arti, Fautore della scienza dell’Antichità nel secondo decimosettimo, Torino, 1875, Lettre 17-xx, p. 84.
[18] Le dépouillement des documents familiaux non classés (Cote E-Famille) des archives départementales de Lyon et des documents manuscrits de la bibliothèque municipale de Lyon n’a par exemple donné aucun résultat.
[19] Sur ses échanges épistolaires, envois d’informations, de curiosités et d’antiquités, voir TROPATO, Anne-Lise, « Nicolas Fabri de Peiresc, Cassiano dal Pozzo e Gaspard de Monconys. Scambi epistolari e cultura antiquaria nel primo Seicento », Studi di Memofonte, 8, 2012, p. 31-48.
[20] Sur la genèse italienne du projet éditorial de Gaspard de Monconys, voir TROPATO, Anne-Lise, « The Éloges of Gaspard de Monconys : A forgotten Paper Museum of the Respublica Litteraria », Fragmenta, Journal of the Royal Netherlands Institute in Rome, 5, 2011, p. 263-280.
[21] SCHNAPPER, Antoine, « Raphaël, Vasari, Pierre Daret : à l’aube des catalogues » dans FUMAROLI, Marc (dir.), Il se rendit en Italie, Études offertes à André Chastel, Paris, Flammarion, 1987, p. 235-241 (p. 237).
[22] Sur la publication de l’ouvrage et son réemploi postérieur comme instrument politique voir TROPATO, Anne-Lise, « Gaspard de Monconys, Provost-Marshal of the merchants and collector in seventeenth-century Lyon », dans ANDERSON, Christina (dir.), Early Modern Merchants as Collectors, New York, Routledge, 2017, p. 263-280.
[23] GRELL, Chantal (dir.), Les historiographes en Europe de la fin du Moyen-Age à la Révolution, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006.
[24] La correspondance de Gaspard de Monconys a aussi le mérite de nous dévoiler le nom de curieux lyonnais inconnus ou mal connus jusqu’à présent.
[25] La Revue du Lyonnais le dit marié à Marie Pelot, fille de Claude Pelot, et épouse de Gaspard de Monconys : « Notice sur le château de Rochefort », Revue du Lyonnais, 1872, p. 269.
[26] « […] Si Mr de Rochefort me tient parole dans la fin de ceste sepmaine je vous envayray ce quil vous ha fait studier […] » [2 décembre 1653].
[27] « […] jay fait vos honneurs à Mr de Rochefort quy ma promis de me donner les armoiries du cardinal Girard de quoy je le presseray […] » [9 janvier 1654].
[28] VAN DAMME, Stéphane, Le Temple de la Sagesse, Savoirs, écritures et sociabilité urbaine (Lyon, XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, EHESS, 2005.
[29] « […] jay encore receu du père Alby responce touchant des portraits des cardinaux que je pensois quil me pourroit faire examiner dans laquelle il me donne un ésclaircissement concernant la naissance et extraction du cardinal d’Estrées que jay creu vous debvoir envoyer […] » [3 février 1654].
[30] « […] Pour ce quy est des portraits des cardinaux quy sont dans les Célestins d’Avignon jay escript pour en avoir la liste comme de tous ceux qui se peuvent treuver dans Arles où il y en a beaucoup à ce que lon ma dit, sytost que je les auray receu je vous les envairay, j’attends responce de Cluny où jay escript il y a quelques temps et à Savigny de mesme […] » [9 janvier 1654].
[31] Sur la conception que partageaient Peiresc et Gaspard de Monconys de l’image comme support autonome de savoir, voir TROPATO, Anne-Lise, « Nicolas Fabri de Peiresc, Cassiano dal Pozzo e Gaspard de Monconys, scambi epistolari », Studi di Memofonte, 8/2012, p. 31-46.
[32] DUCHESNE, François, Histoire de tous les cardinaux François de naissance, ou qui ont esté promeus au cardinalat…, Paris, François Duchesne, 1660, livre Second, p. 249, 651 et 705.
[33] Ibid., Préface, n. p.
[34] « […] jay bien treuvé dans les archevesques de Lyon, de Chenu et de Roberty un François de Roan archevesque de Lyon mais non pas quil feust cardinal et tous deux le nomment François et non André, ainsy celuy quy la peint dans les vitres de la bresche dont jay tiré le crayon que je vous ay envoyé […] à ce printemps jenvoirais exprès un peintre à saint safleurin pour fere tirer le crayon de son [cardinal Girard] portrait quy est aux vitres […] » [9 janvier 1654].
[35] « […] jaurois prié de me vouloir chercher et achepter listoire de Suède en françois de levesque Dupsac ce que nous pouvant exécuter je suis contraint de vous fere la mesme prière, Mr Chenu qui vous rendra la présente vous donnera de largent pour le payer […] » [20 janvier 1654].
[36] Voir à ce propos la contribution de Véronique Meyer dans le présent colloque.
[37] En 1633 Gaspard de Monconys avait déjà rempli une mission similaire à celle qu’il accomplit pour François Duchesne vingt ans plus tard, en envoyant à Peiresc des informations concernant la rose d’or bénite qu’Innocent IV donna au chapitre de Saint-Just de Lyon, et en lui faisant parvenir l’ensemble des sources nécessaires à son étude, dont un calque et une copie gravée de la rose d’or qu’il en a fait « tirer en [sa] présence, et du dedans, et du dehors d’icelle avec ses mesmes proportions ». Ces données minutieuses étaient donc scientifiquement exploitables, à distance, par Peiresc.
[38] La liste est aujourd’hui conservée à la BnF, s. français 14854, fol. 20-22.
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Cette contribution de Christiane Demeulenaere-Douyère prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
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Cette contribution de Véronique Meyer prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- La curiosité de Jacob Spon (1647-1685), du connoisseur au savant
Cette contribution d’Yves Moreau prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Épices, sucre, café, indiennes et « curiosités ». Les circuits…
Cette contribution d’Olivier Le Gouic prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Ricetto di cose rare e preziose : curiosités et trésors de…
Cette contribution de Maddalena Napolitani prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Lyon et la culture de la curiosité – Introduction. Confluences…
Introduction à la publication des Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Journées d’étude – Lyon et la culture de la curiosité
Lyon, Musée des Confluences – 25 et 26 février 2016