Cette contribution de Véronique Meyer prend place dans les Actes des journées d'études "LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ" organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond'huy.

 

 

 

 

 

Évoquer à Lyon Gaspard de Monconys, seigneur de Liergues, l’un des plus importants collectionneurs de la ville dans la première moitié du xviie siècle, et plus particulièrement au Musée des Confluences qui conserve une partie de ses collections et de celles de son frère Balthasar, paraissait s’imposer. Anthony Turner[1] et Anne-Lise Tropato[2] s’étant déjà penchés sur ce personnage, je n’évoquerai ses origines, ses fonctions et sa vie, qu’à grands traits, mais je mettrai l’accent sur la richesse de son cabinet[3], sur ses goûts et sur l’importance que lui accordaient ses contemporains.

Ma source principale est le Manuscrit français 14854 conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, qui n’est autre que l’inventaire de son cabinet, comme l’a supposé Jean Guillemain et l’a indiqué Gérard Bruyère[4]. Il s’agit donc ici de présenter sa collection, constituée avant tout de monnaies et de médailles, d’objets de curiosité, d’estampes et de tableaux, telle que Monconys l’a décrite, et de tenter d’en cerner la spécificité.

 

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Gaspard de Monconys, né à Lyon en 1592, y est mort en 1664. Après des études de droit à Paris, il succéda à son père comme maître des requêtes au Parlement des Dombes en juin 1629, puis comme conseiller du roi et lieutenant criminel au siège présidial de Lyon. Il fut prévôt des marchands en 1652 et 1653, et c’est à ce titre que le graveur-éditeur Robert Pigout (v. 1617-1668)[5] lui dédia, ainsi qu’aux autres membres du bureau de la ville, la Perspective de la place des Terreaux[6].

L’apparence physique de Gaspard de Monconys est connue par un Factum rédigé en 1620[7] pour le laver de l’accusation de vol du trésor de l’abbaye de Saint-Denis, portée contre lui pour le discréditer par quelques confrères magistrats jaloux. On y apprend « que sa voix était pénétrante[8] », et qu’il avait quatre verrues sur la figure : une entre les yeux, une au-dessus de la lèvre droite, une autre entre l’œil et l’oreille gauche et une autre encore, du même côté, au milieu de la joue. Sur une médaille de Claude Varin (actif à Lyon de 1630 à 1654)[9], exécutée vers 1651-1653, qui le montre de profil, apparaît en effet la verrue sous la narine droite.

Dans sa jeunesse, Monconys apprit à dessiner ; ainsi en 1612 et 1613 alors qu’il fait ses études à Paris et loge chez Frédéric Morel (1560-1630), professeur du roi en lettres grecques, « un maître de la Rue St. Jacques luy venoit montrer tous les jours » l’art de la portraiture[10]. Il continua à dessiner, et son intérêt pour le portrait explique la place importante qu’il lui réserva dans son cabinet. Sa curiosité fut sans doute précoce, car en 1628 ses collections sont assez remarquables pour que Peiresc et Gassendi en soulignent la richesse[11] et que dès les années 1630, leur renommée gagne l’étranger[12]. Son importance est telle qu’en 1642 Gabriel Naudé le déclare un des plus riches pour ses livres et ses tableaux, ajoutant qu’il ne connaît l’équivalent ni en France ni en Italie pour les médailles, notamment celles de grand bronze[13]. En 1644, dans l’Épître dédicatoire du Parfaict Joaillier d’Anselme Boece de Boodt (v. 1550-1626), le libraire lyonnais Jean-Antoine Huguetan (1619-1681) évoque dans cette dédicace à Gaspard de Monconys l’« excellent Cabinet » de ce dernier, dans lequel on voit « en gros et en detail les merveilles de l’Art et de la Nature », au point qu’il est qualifié d’« exquis abondant, & divers[14] » ; Gui Patin et Charles Spon (1609-1684) précisent qu’il s’agit d’un « fort beau Cabinet et bien curieux[15] ». Louis Jacob s’émerveille de sa bibliothèque qui « fait l’admiration des étrangers[16] » et de son cabinet « un des plus curieux de l’Europe », ce dont témoigne Lord Robert Mandeville Montagu (1634-1683) qui le visite en 1651[17]. Le libraire lyonnais Guillaume Barbier (actif 1633-1665) qui l’année précédente lui avait dédié les Homélies du père jésuite Théophile Raynaud (v. 1584-1663), son ami, le célébrait lui aussi, notamment pour ses moulages de statues antiques[18].

Mais ce cabinet tomba dans l’oubli peu après sa mort ; son frère Balthasar (1611-1665), le célèbre voyageur qui lui aussi appartient au monde des curieux, semble en avoir hérité, mais il mourut peu après, et l’indifférence de son neveu, Gaspard de Monconys (1641-1682), fils de Balthasar, en causa la dispersion[19]. Le 4 octobre 1665, Henri Louis Habert de Montmor[20] (v. 600-1679) écrivait à Chritiaan Huyghens (1629-1695) :

 

Le Pere Bertet est cause de ce que jacheté la Lunette de Monsieur de Monconys [il s’agit évidemment de Balthasar]. Car M’ayant adverti de sa Mort et de la vente de son Cabinet Je luy escrivis que Monsieur de Zulichem[21] m’avoit parlé de cette lunette comme dune piece excellente […] et que cependant le fils de Monsieur de Monconys vendoit les Pieces de son Cabinet et que si je ne lachetois elle pourroit estre vendüe à d’autres[22].

 

Huyghens ne trouva pas la lunette très bonne et pensa que ce n’était pas celle qu’il avait vue autrefois et que le neveu de Monconys, qui n’était pas connaisseur, avait dû se tromper[23]. En 1680, dans sa vie de Pierre de Boissat (1603-1662), l’historien et avocat Nicolas Chorier (1612-1692)[24] évoque les amis du poète parmi lesquels Monconys, et décrivant rapidement le cabinet, indique lui aussi que le neveu s’est séparé d’une partie des collections. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 1680, Jacob Spon (1647-1685) n’en fasse pas état dans sa Liste des curieux de 1673[25], écrite du vivant du neveu Gaspard. En 1700, ce qui restait du cabinet et de la bibliothèque fut acheté par Jean-Jérôme Pestalozzi (1674-1742)[26], chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Lyon, et incorporé dans ses propres collections. Son fils Antoine Joseph (1703-1779) vendit les livres en 1743 et céda le cabinet de curiosités à la ville[27] en 1771.

Depuis sa découverte en 1873 par Edmond Bonnaffé, le Manuscrit français 14854 de la Bibliothèque nationale de France est souvent cité notamment pour sa liste des collectionneurs que le célèbre érudit retranscrit dans Les Collectionneurs de l’ancienne France[28] et le cite abondamment dans son Dictionnaire des amateurs français du XVIIe siècle[29]. Mais, jusqu’à une époque récente, on supposait que son auteur anonyme était originaire du Midi, notamment d’Aix-en-Provence, qu’il était probablement un marchand d’art ou un peintre[30], alors qu’il s’agit incontestablement de Gaspard de Monconys. Plusieurs arguments ne laissent aucun doute à cet égard : comme indiqué sur le plat du manuscrit, le collectionneur habite rue du bœuf, où on sait qu’en 1644 Monconys se fit construire à Lyon un hôtel qui existe toujours[31]. Sur le plat du manuscrit, il précise que les cuivres des portraits des cardinaux sont conservés dans cette rue. Plus loin, mentionnant les portraits en question, il signale qu’il les a fait graver. Il répète que pour certains il en a les planches, ajoutant qu’elles ont servi dans le livre des Eloges des cardinaux du père Albi[32]. Or, dans l’introduction de son ouvrage le père Henry d’Albi ne cache pas ce qu’il doit à Gaspard de Monconys[33]. Dans la liste des tableaux qui figure dans le manuscrit, Monconys indique que La Naissance de S. Jean-Baptiste se trouve à Liergues, village dont il est le seigneur et où il possède une maison. Ajoutons encore que le manuscrit contient plusieurs listes de membres du présidial de Lyon, des trésoriers, sergents, archers et enquêteurs. La place importante tenue par les monnaies et médailles, qui correspond aux descriptions de ses contemporains, est un autre élément qui lève tout doute quant à l’identité du collectionneur.

 

De quand ce manuscrit date-t-il ? En raison de la mention d’une médaille de l’Isle de la conférence[34], Antoine Schnapper a placé sa rédaction peu après 1660[35], alors que Bonnaffé la situait en 1648. La présence parmi les grandes estampes de L’entrée de Louis XIV et Marie Thérèse à Paris, gravée en 1662 pour un ouvrage de Tronson[36], permet de repousser encore un peu cette date.

Le manuscrit provient de la collection de Camille Falconet, doyen des médecins de la Faculté de Paris, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, né à Lyon en 1671, dont la bibliothèque fut acquise par le roi après sa mort en 1762. Dans le Catalogue général des manuscrits de la Bibliothèque Nationale (1895), Henri Omont le décrit ainsi :

 

Un catalogue ou plus exactement un inventaire. Collections d’estampes, rangées par catégorie de personnages, de portraits de cardinaux, capitaines et seigneurs, et savants, peints à l’huile, de médailles antiques, liste de curieux de diverses villes. XVIIe s. Papier, 121 feuillets, 235 sur 170 mm, relié en peau verte.

 

La description doit être précisée : près de la moitié de ces 121 folios sont vierges, les autres sont remplis, le plus souvent recto-verso[37], et parfois divisés en deux ou trois parties par des traits verticaux au crayon. Apparaissent ici et là quelques ajouts, sans doute de Monconys lui-même, bien que la pointe soit plus large et l’encre plus foncée. L’orthographe est fantaisiste et cet inventaire a l’apparence d’un brouillon. Les pages blanches sont très nombreuses. Quelques rubriques sont répétées ou barrées, d’autres reprennent après une interruption de plusieurs pages. Celles qui concernent les estampes, les médailles et les tableaux s’entremêlent. Cet inventaire semble conçu par Monconys en prévision de son décès, ce que confirment sa date tardive, l’explication qu’il donne des classements et des abréviations utilisées et la précision « quand vous trouverez les lettres suivantes, elles signifient la rareté des médailles » (fol. 13). Des chiffres renvoient aux rayons où sont les estampes et aux tiroirs où se trouvent les médailles ; il dresse une liste de celles « qui sont à troquer » (fol. 117) et signale la rareté des estampes de Dürer, dont il indique parfois le prix. Mais ce petit livre n’est pas seulement un inventaire, il lui sert aussi de carnet de notes comme le prouvent la liste des amateurs, et quelques indications ici et là.

Remplissant vingt-cinq feuillets recto-verso, la partie concernant les médailles et monnaies est la plus étendue. Elles sont conservées dans trois cabinets de sapin, dont deux pour les modernes et un pour les antiques. Dans la liste intitulée « marque des tiroirs », Monconys en dresse l’inventaire par ordre alphabétique, renvoyant à l’un des soixante-deux tiroirs qui les composent, précisant que les « chiffres au-dessous de 40 marquent que dans les dits tiroirs sont les médailles d’argent ou petites médailles de bronze et au-dessus de 40, les médailles de bronze grandes et moyennes » (fol. 24v). Dans une autre liste, il indique le mode de classement et les abréviations utilisées qui correspondent à leur qualité et à leur rareté, selon qu’elles soient d’argent (A), de cuivre (C), d’or (O), grandes (G), petites (P), moyennes (M) ou de toutes sortes de grandeur mais avec de belles inscriptions (T). Il dresse parallèlement la liste des médailles consulaires, indiquant leur quantité pour chaque type et le numéro du tiroir où elles se trouvent, en signalant celles qui sont rares. Il fait suivre les doubles de la lettre D, précisant qu’elles sont à troquer.

Puis il dresse d’autres inventaires : ceux des trente-trois médailles de légionnaires dont cinq sont rares (R) et des trente-sept médailles d’or (fol. 19v). Il indique également par familles les 120 médailles rares, et donne la liste de quelque 200 « dames et impératrices Romaines » sans indiquer cependant ni le tiroir, ni le métal (fol. 31-33), ni leur nombre pour chacune. Il prévoit néanmoins d’enrichir sa collection en laissant des places vides à cet effet. Dans une autre liste, il précise que les cabinets des médailles modernes ont chacun vingt-six tiroirs.

Le classement est géographique, par pays, villes et régions, Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie (Florence, Parme, Rome, Mantoue…), Danemark, Pologne, Silésie, Transylvanie, Turquie. À l’exception des portraits italiens, ceux des étrangers sont dans le deuxième cabinet. Le classement se fait également par rang, titre et fonction. Ainsi les abbés sont dans le 24e tiroir, les religieux dans le 25e, philosophes le 19e, les poètes le 20e, les peintres le 21e… Mais Monconys ne donne aucune précision sur la qualité et la quantité de ces médailles – dont il avait peut-être dressé un catalogue plus détaillé, comme il l’avait laissé espérer en 1635 à Antonio del Pozzo. Les listes du manuscrit ne disent donc rien de leur nombre, mais rappelons qu’en 1651 Lord Mandeville l’estimait à 4000 avec les monnaies, et qu’en 1644 Jacob faisait état de plus de 200 hommes illustres[38]. Monconys possédait également des médailles du « Padouan », c’est-à-dire de Giovanni da Cavino (v. 1500-1570), ce faussaire italien de talent[39].

Le cabinet était connu tant pour ses médailles anciennes que pour les modernes, et Monconys n’hésitait pas à en prêter ou à échanger certaines pièces. Le 20 septembre 1632, Peiresc indique à Claude Ménestrier, antiquaire du pape Urbain VIII, qu’il a reçu de Monconys « un couple de médailles grecques d’argent et un couple de médailles espagnoles de cuivre[40] ». Le 6 décembre 1635, il précise que celui-ci doit lui envoyer « une boîte de médailles modernes[41] ». Le 19 octobre 1655, Guy Patin écrit à Spon qu’il a rencontré Balthasar de Monconys, et qu’il lui a dit qu’il avait « eu l’honneur de voir ici l’an 1653, M. de Liergues son frère, & même qu’il [lui] avoit fait l’honneur de [le] venir voir céans, qu’il [lui] avoit prêté six Médailles, qu’il avoit fait contretirer : il [lui] a dit qu’il vouloit venir voir [s]es Livres, &c.[42] ». En 1660, dans son Histoire généalogique de la maison royale de Savoye, Samuel Guichenon décrit et reproduit deux de ses monnaies : celle de Philippe de Savoie, et une monnaie d’argent, la plus ancienne alors connue, aux armes d’Achaye[43]. La même année, François Duchesne (1616-1693) dans son Histoire de tous les cardinaux François de naissance indique que les portraits de Robert de Genève, dont il décrit le revers et celui de Jean de Talaru, ont été gravés d’après des médailles venant du cabinet de Monconys[44].

Il se plaisait à étudier les pièces de sa collection, et le Catalogue de la bibliothèque lyonnaise de M. Coste fait état d’une lettre de sa main datée du 3 juin 1633 « au sujet de la bague de Mgr. Le cardinal de Lyon et de quelques autres questions d’archéologie et de numismatique[45] ». Leur accordant sans doute une grande importance, et désirant les étudier à loisir, il reproduit à la sanguine, dans l’inventaire, deux médailles antiques : soit qu’elles lui aient été prêtées par un correspondant, soit qu’il les ait acquises depuis peu (fol. 49, fig. 1).

 

Fig. 1 : Monnaies, bronze, argent, fol. 49.

 

Monconys possédait également des jetons historiques, des médailles moulées d’après l’antique[46], des empreintes de soufre, des bas-reliefs en plomb et en cire et des verres moulés sur l’antique, placés dans les tiroirs avec ses médailles (fol. 116). La présence des empreintes n’est pas pour étonner car on sait qu’il en envoyait et en recevait de ses correspondants. Ainsi le 5 août 1628, Peiresc écrit à Ménestrier qu’il adresse deux ou trois médailles à Monconys et qu’il « souhaite en trouver d’autres plus dignes de sa curiosité », précisant : « il vous remettra quelques empruntes pour moy…[47] ». Dans la liste des curieux, Monconys signale que « M. Bluet advocat au parlement de Paris lui a promis des empruntes » (fol. 22).

Son intérêt pour le portrait justifie la présence de vingt-huit bustes de plâtre, essentiellement des philosophes[48], hommes illustres, poètes et stratèges, et de quelques personnages mythologiques, tirés des plus prestigieuses collections romaines, celles des Barberini (5 statues), Médicis (4), Farnèse, Ludovisi (3), Justiniani et Gaetano (2)[49]. Il conserve aussi quelques objets qui pour la plupart doivent être antiques : une serrure, des urnes, des antiques, des bas-reliefs d’ivoire, des vases de diverses matières (fol. 116a), un bassin et une aiguière de Constantinople, d’autres bassins et une « boîte ovale de la Chine », des talismans, des porcelaines, des bas-reliefs d’ivoire, et une curieuse statuette de « Mufti[50] Moscovite » qu’il dessine à la plume et dont il précise « qu’elle est aussi mal faite » que ce qu’on voit (fig. 2).

 

Fig. 2 : Dessin de la statuette d’un « muphti moscovite ».

 

Après les monnaies et médailles, ce sont les estampes et les tableaux qui occupent l’essentiel de l’inventaire. Bien que Michel de Marolles ne mentionne pas Monconys dans son Livre des peintres[51], il tient une place non négligeable parmi les collectionneurs de gravures contemporains. Il était lié avec une dizaine d’amateurs d’Avignon, Lyon, Arles, Bagnols, Grenoble, Moulin, Paris et Valence, parmi lesquels les célèbres La Noue[52] et De Lorme[53]. Bien que réciproquement Monconys ne mentionne pas Marolles, on sait qu’il connaissait ses collections[54], puisqu’en 1657, il avait envoyé des renseignements les concernant au célèbre collectionneur bâlois Remigius Faesch (1595-1667)[55].

Dans la liste des curieux, Monconys mentionne quelques marchands d’estampes avec qui il est en relation ; à Paris : Jean Ier Le Blond (1590/1594-1666)[56], l’un des plus importants éditeurs parisiens, Daman (actif de 1640-1650)[57], Jean Rabasse (actif en 1650)[58] et en Italie, François Collignon (v. 1610-1687)[59], ancien élève de Jacques Callot (1592-1635). Il s’adresse aussi à un certain Javel, ciseleur, installé à Saint-Étienne qui a des « médailles, stampes, gardes d’espées », et à un cabaretier du « faubourg de la Voulte, en Ardèche, vis-à-vis le cheval Blanc, [qui] a stampes, tableaux ».

La collection d’estampes fait pendant à celle des médailles et les portraits semblent retenir particulièrement l’attention de l’amateur, qui leur consacre plusieurs listes ; celle des cardinaux est classée par ordre alphabétique : 57 portraits dont 30 de Français et 27 d’étrangers ; 18 sont précédés d’un astérisque, car il en possède la planche ; « Les autres qui n’ont point d’estoille sont ceux dont les portraits sont dans le livre des esloges des cardinaux du Prélat d’Albi[60] ». Dans la préface de ce livre, paru en 1644, l’auteur reconnaît qu’il lui en a inspiré le dessein et qu’il « a pris encore la peine de les faire exactement graver à ses frais sur les pièces de son cabinet, estimant peu la despense qu’il y a faitte pour satisfaire la loüable passion qu’il a de servir, & de gratifier le public ».

Pour graver ces portraits, Monconys s’était adressé au Toulousain Jean Baron (1616-1660) et à l’Anversois Franz van der Wyngaerd (1615-1679)[61]. Comme le sous-entend Albi, il dut en faire paraître un recueil, sans doute celui que Louis Jacob mentionne en 1643 dans sa Bibliotheca Pontificiae, « Elogia historica cardinalium illustrium… viri Gaspardi de Monconis… [sd. sl] »,  dont on ne connaît pas d’exemplaire[62]. Là ne s’arrêtent pas les ambitions éditoriales de Monconys ; une note manuscrite non datée de Filippo Baldinucci peut se résumer ainsi : « A Lyon M. de Liergues Monconys a fait graver sur cuivre un grand nombre de portraits de grande dimension dont il a envoyé à Rome des épreuves, mais il a depuis abandonné cette entreprise[63] ». Il s’agit sans doute des soixante-six portraits d’artistes, copiés en grand par Jean Baron[64] de ceux des Vite de Vasari pour l’édition de 1568[65]. Ils sont mentionnés brièvement dans le manuscrit de Monconys comme « Peintres, sculpteurs et autres, architectes, artisans ». Contrairement aux portraits des cardinaux, Monconys n’en a pas conservé les cuivres.

La collection de portraits est consignée dans quatre livres : « le grand livre des portraits des capitaines », « un grand livre des portraits des papes et cardinaux », « le livre moderne des Religieux » et « le livre moien des gens d’estat et jurist ». Pour chaque profession Monconys précise le nombre des grands et petits portraits[66], mêlant sans doute gravures, dessins et peintures. On dénombre 739 artistes, 560 cardinaux, 363 philologues, 127 philosophes, 291 médecins, 91 mathématiciens, 209 historiens, 236 poëtes, 250 jurisconsultes, 236 gens d’état étrangers et 406 français ; 352 ministres, 100 jésuites, 224 religieux, 52 religieuses, 140 prestres, 202 papes… Le total monte ainsi à plus de 4.600. Son contemporain le toulousain François Filhol (1583-1648)[67] en possédait à peu près autant.

Monconys énumère aussi vingt-deux estampes de Jean Morin (1605/10-1650)[68], le graveur attitré de Philippe de Champaigne, dont il estime sans doute le talent, puisque c’est le seul portraitiste sur lequel il s’arrête et dont il dresse un inventaire, indiquant le nom de chaque personnage[69]. Pourtant nombreux étaient alors les graveurs de portraits de talent, tant en France qu’à l’étranger. Citons pour la France, Léonard Gaultier (1561-1635), Thomas de Leu (1560-1612), Pierre Daret (1606-1678), Michel Lasne (1595-1667), Claude Mellan (1598-1688), Grégoire Huret (1606-1670), ou encore Robert Nanteuil (1623-1678). Morin avait mis au point un procédé très délicat de gravure en pointillé à l’eau-forte, d’un effet pictural sans précédent. Monconys connaissait-il personnellement l’artiste ? On peut le supposer. Dans cette liste on ne trouve pas de portraits des rois, et reines de France qui étaient probablement insérés dans d’autres recueils, et pour la même raison sans doute, les portraits de Le Tellier et de Mazarin manquent eux aussi.

 

Conservées pour la plupart dans des cahiers non reliés, les estampes étaient rangées sur treize rayons, ou placées au-dessous du cabinet des médailles antiques. Classées à part, les plus grandes étaient roulées de chaque côté de la cheminée et sous l’une des armoires (fol. 7-8). L’ordre alphabétique des listes ne reflète qu’en partie le classement des estampes : sur le premier rayon se mêlent les « Monstres, les portraits des Tupinanboud[70], les Crieurs des rues de Francisco Villamena [1566-1625][71], le portrait du druide Adamas, héros de l’Astrée d’Honoré d’Urfé », sans doute celui qui fut dessiné et édité par Le Blond[72], le Moïse et les Prophètes de Michel-Ange[73], les Pères de l’Église et La Bataille de Lépante[74]. La plupart des estampes se rattachent à l’histoire : cérémonies, sépultures, villes, bâtiments antiques[75], thermes, bâtiments publics, églises[76], ponts et portes de villes, places publiques, fontaines, paysages, lampes antiques, statues, vases, et frises ; à cela s’ajoutent les emblèmes, les habits divers, les foires, les saints et saintes, les sabbats, les mythologies, et aussi les nudités, les lascivités[77] et les ridicules[78] (Table fol. 116). Monconys indique que dans le « petit livre des bastimens antiques » sont rangés des clefs et des lampes antiques ainsi que le livre des médailles des deux Siciles du numismate et historien Filippo Paruta (1552-1629)[79] ; celui des églises contient des « tabernacles, autels, horloges, calices, encensoirs, crosses, chandeliers ». Il possède également les trois gravures de l’élévation de l’obélisque de la basilique Saint-Pierre de Rome exécutées en 1586, pour les Speculum Romanae Magnificentiae[80], par le dalmate Natale Bonifacio da Sebenico (1538-1592) d’après l’architecte Domenico Fontana (1543-1607) et le peintre Giovanni Guerra (1544-1618).

Plusieurs grandes estampes se rattachent à l’histoire. Monconys les décrit feuille à feuille : les généalogies des maisons d’Autriche[81], de Lorraine[82], de Nassau, de Portugal, de Savoie, la chronologie des empereurs (fig. 3)[83], celle du jésuite Théophile Raynaud (1584-1663), l’auteur prolixe dont il a fait graver le portrait[84], et une dizaine de grandes thèses illustrées. Les entrées de villes : Clément VII et Charles-Quint à Bologne en novembre 1529, Marie de Médicis à Amsterdam du 31 août au 5 septembre 1638[85], Louis XIV et Marie-Thérèse à Paris le 26 août 1660. Les pompes funèbres : celles de Charles-Quint le 29 décembre 1559, gravées en 32 planches par Johannes (c.1530-c.1608) et Lucas (actif 1554-1575) van Doetecum d’après Hieronymus Cock (1518-1570)[86] et celles du comte de Solms, le 25 mai 1623, en douze planches par Simon Frisius (c. 1575-1629) et Jodocus Hondius (1563-1612)[87]. S’y rattachent également trois estampes « de la Chine » montrant des prophètes et un globe céleste.

 

Fig. 3 : Généalogie des Habsbourg.

 

En dehors des sujets historiques, Monconys possède des gravures représentant des curiosités naturelles : minéraux et pétrifications, fleurs, fruits des Indes, animaux, quadrupèdes, oiseaux, coquillages, chevaux, poissons, insectes. Mais il ne collectionne pas les estampes pour leur seule valeur documentaire. En attestent son goût pour les gravures de Morin et l’attention qu’il porte à ses cent-vingt « Grandissime stampes », gravées en Italie, en Flandre ou Hollande entre 1545 et 1630[88], qui sont une spécificité de sa collection. La plus grande, la Bataille de Constantin d’après Jules Romain (v. 1492-1546), gravée sur quatre planches à Anvers par le problématique maître SK (1530-v. 1580), mesure 75 cm sur 1 m 02[89]. Les autres sont gravées sur trois cuivres comme la Fortune, exécutée en 1590 par Jan Harmensz Muller (1571-1628) d’après Cornelis de Haarlem (1562-1638). Elles comptent aujourd’hui encore parmi les gravures les plus célèbres. On trouve ainsi des estampes gravées par Pasqualini, Vorsterman, Sanredaen, Muller d’après Guido Reni, Rubens, Van Mander…

 

Monconys porte une attention particulière aux œuvres de Dürer (1471-1528), dont il indique pour certaines les titres et les prix, La Mélancolie 3 lt.[90], Adam et Eve 5 lt.[91], Saint Jérôme 3 lt.[92], et de Lucas de Leyde (1494-1533), dont il signale la rareté, ainsi qu’à quelques pièces d’Annibal Carrache (1560-1609), comme la Petite descente de croix, et de Raimondi, comme le Jugement de Paris (fig. 8) et la Vierge pleurant le Christ mort, ce qui montre son goût pour la gravure de peintre et la qualité artistique. Ainsi dans l’inventaire des « stampes » (fol. 13-13v°), on relève ici et là les noms de quelques peintres et graveurs renommés : Cherubino Alberti, Bassano, Beham, Bellange, Bosch et Brueghel, Bruyn, Callot, Annibal et Augustin Carrache, Cornelius Cort, Dürer, Frans Floris, Frisius, Goltzius, Hollar, Hondius, Kiliam, Lasne, Matham, Mellan, Michel-Ange, Morin, Muler, Nanteuil, Raimondi, Spranger, Titien, Vico, Villamena, Vorsterman.

 

Fig. 8 : Raimondi, Le Jugement de Paris.

 

La liste des monogrammes qui figure dans ce manuscrit est une des premières de ce genre que l’on trouve en France. Elle montre de nouveau la soif de connaissances de Monconys, qui ne se contente pas d’amasser. On y retrouve le même souci d’ordre et de classement que pour le reste de ses collections. Il a choisi l’ordre alphabétique pour dresser sa table, ce qui vaut d’être souligné puisque Marolles en 1672 et Florent Le Comte en 1700[93], les deux premiers en France à avoir publié des listes de monogrammes, l’ont fait de façon si désordonnée qu’ils en ont rendu l’utilisation extrêmement difficile, ce qui leur valut bien des critiques jusqu’à une époque récente.

Notre amateur apprécie également la peinture. Il relève ainsi « Les noms de quelques vieils peintres allemands », sans doute trouvés dans la liste publiée en 1573 par le graveur et éditeur strasbourgeois Bernard Jobin (?-1593)[94] qu’il devait tout particulièrement apprécier, celui-ci ayant également publié en 1587 un ouvrage renfermant quelque cent trois portraits d’hommes célèbres gravés sur bois d’après des dessins de Tobias Stimmer, Christophe Maurer et Hans Holbein[95].

Comme pour les monnaies et les gravures, Monconys dresse plusieurs listes de ses tableaux. Il donne ainsi celle des peintres dont il a des « pièces originales », énumérant quarante-trois tableaux exécutés par quinze artistes prestigieux, pour la plupart du XVIe siècle, comme le Ferrarais Dosso Dossi (1489-1542), Dürer (1471-1528), Jacopo Palma (1548 /50-1628), Francesco Salviati (1510-1563), Paul Véronèse (1528-1588) dont il a une œuvre. Parmi eux, certains sont des contemporains, comme Francesco Cairo (1607-1665), David Teniers (1582-1649) et le Guerchin (1591-1666). Il possède également deux tableaux d’Holbein[96], Leonard de Vinci, Stella, Titien et au moins trois Jan Asselyn (1610/15-1652/60), Gillis Coignet (1542-1599) et Sébastien Stoskopff (1597-1657). Ce sont en tout seize tableaux italiens[97], dix flamands et hollandais[98], cinq allemands, dont deux de Hans Holbein, et dix français[99] représentant notamment treize portraits, dix sujets religieux[100], sept vues de villes et paysages, cinq scènes de genre, cinq natures mortes et deux sujets mythologiques[101]. Il possédait aussi des miniatures parmi lesquelles un « vase de fleurs de mignature », des « heures illuminées » et des missels probablement ornés de gravures ou de peintures (fol. 116b et 116a).

Son intérêt pour la peinture, son désir d’utiliser et de maîtriser un vocabulaire approprié pour en parler se vérifie par le lexique d’une trentaine de termes italiens qu’il intitule « Epithètes donnés aux peintres exprimant la bonté de leurs ouvrages et leurs talents particuliers » (fol. 3v)[102] qui témoigne là encore de ce souci de connaissances manifesté pour les médailles et les estampes.  Comme celle des médailles et des estampes, sa collection de tableaux révèle un même intérêt pour le portrait. On en relève plus de 230 : 57 hommes « d’illustres », 25 papes[103], 27 cardinaux, 28 capitaines et seigneurs classés selon leur pays d’origine[104]; 34 savants, médecins, poètes, humanistes, théologiens parmi lesquels cinq peintres. Certains portraits, comme « les testes à l’huile[105] » sont placés sur le sixième rayon (fol. 13v) et d’autres comme les « Testes belles », sur la huitième étagère, mais on ignore comment étaient rangés les autres. Outre ces portraits gravés et peints, Monconys possédait des « testes en pastel de dammes » (fol. 116b v). Il avait aussi des portraits en cire (ibid.) dont il ne dit rien de plus : probablement de portraits polychromes insérés chacun sur un fond, et dans un cadre[106].

Bien qu’il n’en dise rien, plusieurs dessins, pastels, peintures, devaient être de sa main. Sans doute faut-il en voir la preuve dans cette note inscrite sur le plat intérieur du manuscrit, intitulée « sur quelles couleurs les couleurs se posent sans se gaster », précisant ainsi : « le Cinabre sur lazur le pourpre et le blanc – Lazur sur le blanc et pourpre – le vert sur le blanc et jaulne – le pourpre sur le blanc – le jaune sur le blanc ; le noir sur toutes les couleurs ».

 

Comme bon nombre de curieux, Monconys collectionnait également des curiosités variées et notamment des armes de diverses origines : gardes d’épées (fol. 116), épées, couteaux d’Inde, poignards anciens, espadons antiques, masses d’armes, armes de la Chine, arbalète, hausse-col doré ; puis quelques objets scientifiques, comme un astrolabe d’ivoire, des lunettes à grossir et voir de loin, une longue-vue, une lampe « volubile », une lunette sans cadre, des miroirs concaves et convexes, des sphères, boules de cristal, des cadenas, un tour et des pièces faites au tour, « boules à esthamper » ; mais aussi des squelettes de bois, une tête de mort en marbre (fol. 116b v). Les curiosités naturelles avaient aussi leur place (fol. 116) : aimants, agates, ambre, cristaux, cornalines, marbres, ivoire, jaspe, pierres précieuses, « pierres fantasques », coraux divers noir, blanc et rouge, coquilles, langue de serpent, un « oiseau pelutes [?] » et un scarabée des Indes (fol. 116b v). Il recherchait également les papillons illuminés et au naturel, dont il précise les noms et dont il avait un « grand tableau ». Ce goût pour les nymphalidés l’amène à indiquer dans sa liste des curieux que « Le capitaine Videl demeurant à Meins[107], à quatre lieues de Grenoble, a quantité de papillons », et « à Rome Francesco Corvini [1605-1679] a papillons et insectes qu’il illumine luy-même[108] ».

Monconys conserve encore des gamares, sortes de mollusques ou de crevettes, provenant probablement des environs de Riez, près de Marseille, comme il le précise dans sa liste de curieux où il indique également qu’à deux lieues de Poitiers on trouve des pierres d’aimant, à Floris près de Rohane « de gros limaçons pétrifiés », et qu’en Ardèche à La Voulte, « soubs le chasteau […], des pierres à la ressemblance d’os d’hommes cariés ». À propos de « Bergrand, collectionneur, médailles, curiosités, antiques », sans doute le célèbre John Bargrave (1610-1680) auteur d’un Voyage en Italie (1647) et d’un Journal au levant (1647-56), il précise qu’il « a un œil artificiel », ce qui est vrai.

L’inventaire ne donne qu’une idée imprécise des curiosités de Monconys, qui ne leur consacre pas de liste particulière, aussi n’en soupçonnerait-on pas l’importance sans les remarques de Balthasar de Monconys dans son journal des Voyages[109]et sans celles d’Huguetan qui signale « les bijoux, raretés de la Perse, du Japon, de la Chine…[et] le seul tour & la machine [qui] enchantent dans ce lieu l’esprit & le Regard[110] ».

 

 

 

Lorsque Monconys dresse cet inventaire, il semble qu’il ne soit plus aussi riche qu’il n’a été. À propos de ses médailles d’or antiques, il indique : « je lay hay presque toutes vendues » (fol. 19v et fol. 22), et il ajoute que M. de Richomon[111] lui a promis de lui « faire vendre des médailles ». Si on ne trouve pas trace du médaillon byzantin de porphyre vert de la Vierge (1078-81)[112] que l’archiduc Guillaume d’Autriche (1614-1662) souhaitait acquérir, n’est-ce pas qu’en définitive, malgré la mort du prince, Monconys l’a vendu à un de ses émissaires ? Il apparaît en effet en 1861 au monastère d’Heiligenkreuz en Autriche[113]. De même, que sont devenus le curieux casque et le bouclier d’or orné d’une guirlande de fleurs vus par Lord Mandeville en 1651 ? Alors que Monconys mentionne ses médailles et ses estampes les plus rares, aurait-il passé sous silence d’autres objets précieux ? Mais que reste-t-il de ses médailles et de ses curiosités naturelles ? Le Musée des Confluences en possède sans doute quelques vestiges. Espérons que ce manuscrit permettra d’en identifier certains et que quelque numismate averti analysera de plus près les listes de Monconys pour mieux saisir l’importance de cette partie essentielle de son cabinet[114].

 

 

Véronique MEYER

Université de Poitiers

 

 

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Notes

[1] Turner, Anthony, « Grolier de Servière, the brothers Monconys, curiosity and collecting in seventeenth-century Lyon », Oxford Journal, vol. 20, 2008, p. 205-215.

[2] Tropato, Anne-Lise, « Nicolas Fabri de Peiresc, Cassiano dal Pozzo e Gaspard de Monconys. Scambi epistolari e cultura antiquaria nel primo Seicento », Studi di Memofonte, n° 8, 2012, p. 31-48 ; « Gaspard de Monconys, Provost-marshal of the merchants and collector in seventeenth-century Lyon », dans Anderson, Christina (dir.), Early Modern Merchants as Collectors, New York, Routledge, 2017, p. 263-280 et « The Éloges of Gaspard de Monconys : A Forgotten Paper Museum of the Respublica Litteraria », Fragmenta, 5, 2011, p. 263-280.

[3] Cet inventaire, en commençant par la collection de gravures, sera bientôt déposé sur le site Curiositas.org.

[4] Bruyère, Gérard, « Mécénat et collectionnisme à Lyon ; pour un état des recherches », dans Catalogue raisonné des peintures françaises du XVe au XVIIIe siècle du musée des Beaux-arts de Lyon, Paris, Somogy, 2014, p. 40-62 (p. 43). Dans cet article, Gérard Bruyère indique qu’avec Jean Guillemain il a rassemblé des matériaux sur la dispersion de la  collection de  Balthasar et Gaspard de Monconys et que dans une communication écrite qu’il lui a envoyée le 25 octobre 1991, Jean Guillemain a identifié l’auteur du manuscrit comme étant le second. Je suis arrivée indépendamment mais bien plus tard au même résultat. Gérard Bruyère (communication écrite du 29 décembre 2015) m’a précisé que Jean Guillemain et lui-même continuaient leurs recherches sans avoir eu le temps d’achever leur étude. Depuis la rédaction de cet article, le manuscrit a été numérisé sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52509706s

[5] Voir la contribution de Martin de Vesvrotte, Sylvie et Pommier, Henriette dans Perez, Marie-Félicie (dir.), Dictionnaire des graveurs-éditeurs et marchands d’estampes à Lyon aux XVIIsiècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002.

[6] La gravure est disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84042942.r=place%20des%20Terreaux?rk=42918;4.

[7] Roulliard, Sébastien, Dicaelogie ou défense justificative pour Me Gaspar de Monconys prouveu de l’office de lieutenant criminel en la seneschaussée et siège presidial de Lion… contre l’estrange, horrible et prodigieuse calomnie de M. Claude Bernard, assesseur, Nicolas de Masso, Claude Terrat, conseillers et Jacques d’Aveyne, substitut de Monsieur le procureur général audit siège, par Me Sebastian Roulliard…, Paris, 1620. Voir aussi Bouchel, Laurent, La Justice criminelle de la France, Paris, Jean Petit-Pas, 1622, p. 126-158.

[8] Ibid., p. 57.

[9] On trouve une épreuve de la médaille de Varin dans les Collections du Médaillier du Musée des Beaux-Arts de Lyon. Elle est reproduite dans Salagnac, Nicolas, « Naissance de la médaille à Lyon, la première médaille française et lyonnaise » (http://www.nicolas-salagnac.com/naissance-de-la-medaille-a-lyon-la-premiere-medaille-francaise-est-lyonnaise/ ).

[10] Roulliard, Dicaelogie…, op. cit., p. 72.

[11]  Dans une lettre à François Luillier, conseiller au parlement de Metz ( ?-1652), Gassendi évoque le « Riche cabinet de l’illustre Gaspard Moncony Liergues, juge à Lyon, où est conservé un autoportrait d’Épicure » (cité par Lange, Friedrich-Albert, Histoire du Matérialisme, B. Pommerol (trad.), Paris, C. Reinwald et Cie, 1877, t. 1, p. 253). Le 5 août 1628, Peiresc écrit à l’antiquaire Claude Ménestrier et indique qu’il envoie à Liergues deux ou trois médailles et qu’il « souhaite en trouver d’autres plus dignes de sa curiosité » (Tamizey de Larroque, Philippe (éd.), Lettres de Peiresc : lettres à Guillemin, à Holstenius et à Ménestrier, Paris, Imprimerie Nationale, 1894, t. V, p. 602). Sur Claude Ménestrier, voir Du Crest, Sabine, « L’Homme qui faisait parler les pierres. Le Bisontin Claude Ménestrier dans la Rome des Barberini », dans Sabatier, Gérard et Ferretti, Giuliano (dir.), Les Jésuites et le monde des images, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2009, p. 27-38.

[12]  En 1635 à Rome, Cassiano dal Pozzo apprend à Peiresc que Monconys a promis à son frère Antonio de dresser le catalogue de sa collection de médailles modernes : Lhote, Jean-François et Joyal, Danielle (éd.), Nicolas-Claude Fabri de Peiresc : Lettres à Cassiano dal Pozzo (1626-1637), Clermont-Ferrand, Adosa, 1989, p. 212.
Voir aussi Tropato, « Gaspard de Monconys, Provost-marshal of the merchants… », art. cit.

[13] Aussi l’exhorte-t-il à en dresser le catalogue (voir Schnapper, Antoine, Le Géant, la licorne et la tulipe, Paris, Flammarion, 1988, p. 263 et Lumbroso, Giacomo, « Notizie sulla vita di Cassiano dal Pozzo… con alcuni suoi ricordi e una centuria di lettere », Miscellanea di Storia Italiana, XVI, 1874, p. 372-373).

[14] de Boodt, Anselme Boece, Le parfaict Joallier, ou Histoire des pierreries : ou sont amplement descrites leur naissance, juste prix, moyens de les cognoistre, & de se garder des contrefaites. Facultez medicinales, & proprietez curieuses. Composé par Anselme Boece de Boodt, Medecin de l’Empereur Rodolph II. Et de nouveau enrichi de belles Annotations, Indices & figures, Lyon, Jean-Antoine Huguetan, 1644, sig. A3r.

[15] Nouvelles Lettres De Feu Mr. Gui Patin: Tirées Du Cabinet De Mr Charles Spon, Amsterdam, Steenhouwer et Uytwerf, 1718, vol. 1, p. 69-70 ; lettre XVI adressée à Charles Spon.

[16] Jacob, Louis, Traité des plus belles bibliothèques publiques et particulières, Paris, Rollet Le Duc, 1644, p. 667.

[17] Brennan, Michael G., The Origins of the Grand Tour : The Travels of Robert Montagu, Lord Mandeville (1649-1654), William Hammond (1655-1658), and Banaster Maynard (1660-1663), Londres, Hakluyt Society, Third Series, vol. 14, 2004, p. 126.

[18] Raynaud, Théophile, Bibliotheca noua homiliarum, ex anagnoste R.P. Th. Raynaudi Societatis Iesu per A.S. Nunc compendio exhibita, signatis dumtaxat selectis homiliis; earúmque authoribus; mox espandenda, iisdem ad longum repraesentatis, Lyon, Guillaume Barbier, 1655. On trouve dans ce livre une longue dédicace et un poème en hommage à Monconys écrits par Guillaume Barbier où il évoque les statues, les tableaux, les portraits.

[19] Il en vendit progressivement les pièces, ce que le collectionneur avait lui-même commencé à faire.

[20] Henri-Habert de Montmor était maître des requêtes. En 1634 il fut élu à l’Académie Française. Gassendi lui dédia sa Vie de Tycho Brahé (t. V des Opera omnia, Lyon, L. Anisson, 1658, p. 365-497) et lui légua la lunette astronomique qu’il tenait de Galilée. Il possédait lui aussi un cabinet de curiosités et Monconys le nomme dans sa liste des curieux. On comprend donc pourquoi il échange avec Huyghens au sujet de cet incident.

[21] Il s’agit de Constantyn Huyghens, père (1596-1687), seigneur de Zulichem, qui est justement en France ces années-là en tant que diplomate, père de Chritiaan Huyghens qui fut à la fois physicien, mathématicien et astronome.

[22] Œuvres complètes de Christiaan Huyghens, 1664-1665, publiées par la Société Hollandaise des Sciences, La Haye, Martinus Nijhoff, 1893, t. 5, p. 494-495. Voir la note 8 de cette page 494 pour l’identification de Constantyn Huyghens, père.

[23] Le 22 avril 1665, Constantijn Huyghens indiquait à Montmor qu’il avait vu chez Balthasar un « Microscope d’Ausbourg, excellent et poli en son espece », ajoutant « il a cousté 5. pistoles. Si je n’en avojs que 6. au monde, je n’en garderois qu’une, pour avoir une si noble machine en mon pouvoir, et tascheraij d’en venir à bout. » (ibid., p. 336).

[24] Chorier, Nicolas, De Petri Boessatii, equitis et comitis palatini, viri clarissimi, vita amicisque litteratis, Grenoble, F. Provensal, 1680, p. 230-232 et p. 285. Il nomme aussi son frère Gaspard et décrit ses activités. Avocat et historien, N. Chorier est l’auteur d’un ouvrage érotique anonyme paru en latin vers 1660, et traduit peu après en français, l’Aloysia Sigeae ou de l’Académie des dames et d’une Histoire de Dauphiné. Après avoir habité Lyon quelque temps, il s’installa à Vienne où il demeura de 1643 à 1659, puis s’établit à Grenoble. Il était donc proche de Gaspard de Monconys bien que celui-ci ne le nomme pas dans sa liste de curieux.

[25] Spon, Jacob, Recherches des antiquités et curiosités de la ville de Lyon […], avec un Mémoire des Principaux Antiquaires et curieux de l’Europe, Lyon, J. Faeton, 1673.

[26] Christin-Coste, Jean-Pierre, Eloge de M. Pestalozzi […], 5 déc. 1742. Précisons que cet ouvrage contient de nombreuses erreurs et approximations sur Gaspard de Monconys.

[27] Voir Turner, « Grolier de Servière, the brothers Monconys… », art. cit.

[28]  Bonnaffé, Edmond, Les Collectionneurs de l’ancienne France, Paris, Auguste Aubry, 1873, p. 93-101.

[29] Bonnaffé, Edmond, Dictionnaire des amateurs français du XVIIe siècle, Paris, A. Quantin, 1884, p. 187.

[30] Voir Bourde, André, « Amateurs et collectionneurs provençaux à l’époque classique ; esquisse sur l’état actuel des recherches », Provence historique, t. 26, 1976, p. 369-375.

[31] Sur cet hôtel, voir Lavigne-Louis, Maryannick, « Le 31 rue du Bœuf et les Monconis », dans Renaissance du Vieux Lyon, n°132, 2009, p. 10, qui indique que Monconys fit bâtir cet hôtel, situé au numéro 31, en 1640 et qu’il était terminé en 1644 (https://www.lyon-rvl.com/332-des-pierres-et-des-hommes.html).

[32] Albi, Henry, Eloges historiques des cardinaux illustres François et Etrangers, Paris, Anthoine de Cay, 1644.

[33] Ibid., fol. 20.

[34] Ibid., Table, fol. 113v.

[35] Voir Schnapper, Le Géant, la licorne et la tulipe…, op. cit., p. 245-246.

[36] Tronson, Jean, L’Entrée triomphante de leurs Majestez Louis XIV, roy de France et de Navarre et Marie-Thérèse d’Austriche, son espouse, dans la ville de Paris… au retour de la signature de la paix généralle et de leur heureux mariage… Paris, P. le Petit, 1662.

[37] Certaines feuilles ont été collées mais ne semblent pas recouvrir d’anciennes inscriptions.

[38] Jacob, Traité des plus belles bibliothèques…, p. 667.

[39] Cessi, Francesco et Caon, Bruno, Giovanni da Cavino, medaglista Padovano del Cinquecento, Padoue, Lions Club, 1969 ; Lawrence, Richard H., The Padouan: Medals by Giovanni Cavino, New York, privately printed, 1883 (voir l’ouvrage sur http://www.archive.org/stream/medalsbygiovanni00lawriala/medalsbygiovanni00lawriala_djvu.txt)

[40] Tamizey de Larroque, Lettres de Peiresc, t. 5, lettre XLII, p. 600. Le 11 octobre 1632, Peiresc avait également adressé une lettre à Monsieur le prieur de Roumoules à qui il conseillait, lorsqu’il serait à Lyon, d’aller voir « Mr. De Liergues, lieutenant criminel de Lyon, qui est homme curieux, lequel a un fort beau cabinet que vous pourrez voir en y allant faire des compliments de ma part […] » (lettre XXXV, p. 46).

[41] Lhote et Joyal, Lettres de Peiresc à Cassiano dal Pozzo : 1626-1637…, lettre LXXVI, p. 217.

[42] Ibid., lettre CIV, p. 145.

[43] Guichenon, Samuel, Histoire généalogique de la royale maison de Savoye, Lyon, Guillaume Barbier, 1660, p. 144-146. L’auteur précise face à la gravure montrant la Médaille d’Hubert II : « La seconde est au cabinet curieux de Monsieur de Liergues à Lyon » ; « Monnaie d’argent dont il y a une au cabinet de Monsieur de Liergues à Lyon, où d’un costé est la croix auec un baston et au revers les Armes d’Achaye ».

[44] Duchesne, François, Histoire de tous les cardinaux François de naissance, ou qui ont esté promeus au cardinalat…, Paris, F. Duchesne, 1660, t. 1, p. 546 et 583. À propos d’Amédée de Saluce (p. 501), il fait mention d’un « Extrait des Mémoires Ms de l’Eglise de Saint Jean de Lyon, Communiqué par Monsieur de Liergues Monconys, Conseiller d’Estat […] ».

[45] Vingtrinier, Aymé, Catalogue de la bibliothèque lyonnaise de M. Coste, Lyon, Louis Perrin, 1853, p. 673.

[46] Fol. 18 selon la table des chapitres.

[47] Lettre du 5 août 1628, de Peiresc à Ménestrier, dans Tamizey de Larroque, Lettres de Peiresc, t. 1, p. 253.

[48] Aristippe, Anaxagore, Cicéron, Cléanthe, Diogène, Homère, Lucain, Porphyre, Sénèque, Socrate, Solon, et Thalès (liste sur le plat intérieur de la couverture et fol. 10).

[49] Il possède ainsi un moulage des bustes de Caracalla et de Commode de la collection Farnèse (aujourd’hui à Naples), un autre du Marius de la Collection Barberini (aujourd’hui à Munich) ; la tête du Ganymède et de la Niobide Médicis…

[50] Monconys précise (fol. 1) que « Mofti signifiant elistum cujusmodi, summi apud Turcos sacerdotes sunt ; et etiam mosconitarum » : les Mofti sont des prêtres importants chez les Turcs, et aussi chez les Moscovites.

[51] Marolles, Michel de, Livre de Peintres et des graveurs, Paris, P. Jannet, 1855 [v. 1655].

[52] Il s’agit, comme Monconys le précise, de l’abbé de La Noue, prêtre, mort avant 1657, qui possédait des « minéraux et marcassites », et qui est connu aujourd’hui pour sa collection de dessins et d’estampes en partie acquise semble-t-il par Marolles (voir BonnaffÉ, Les Collectionneurs de l’ancienne France,op. cit., p. 158, et Schnapper, Le Géant, la licorne et la tulipe…, op. cit., p. 257-260).

[53] La collection d’estampes de De Lorme (ou Delorme), mort vers 1655, fut acquise elle aussi en partie par Marolles. Monconys précise que ce « curieux d’estampes » possédait des gravures de Dürer et de Lucas de Leyde (voir BonnaffÉ, Les Collectionneurs de l’ancienne France, op. cit., p. 193, et Schnapper, Le Géant, la licorne et la tulipe…, op. cit., p. 252).

[54] Acquise par Louis XIV en 1667, la collection de Marolles, qui est à la base de celle du département des estampes de la Bibliothèque nationale, était alors la plus importante de France.

[55] Faesch, appelé en France Rémi Fesch, historien, juriste et professeur de droit à l’université de Bâle, possédait un cabinet de curiosités renommé qui fut légué à la ville de Bâle en 1823. Voir notamment Faesch, Remigius Sebastian et Salvisberg, André, Das Musuem Faesch : le musée Faesch, une collection d’œuvres d’art et de raretés au XVIIe siècle, Bâle, Christophe Merian Verlag, 2005.

[56] PrÉaud, Maxime, « L’inventaire après décès de Jean I Leblond », Nouvelles de l’Estampe, n° 182, 2002, p. 19-37.

[57] Monconys l’appelle Damasse mais il est probable qu’il s’agit de Daman. On pense habituellement qu’il travailla en Italie où, selon Carl Henrich von Heinecken (Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes, Leipzig, J. G. I. Breitkopf, 1778-1790, t. IV, p. 485), il publia plusieurs estampes d’après Biascaino, mais aussi de Grimaldi, et Gabriel Perelle. Cependant, il vivait probablement en France où il exploitait un fonds italien, ce que confirme indirectement Monconys. Mais comme le propose Vanessa Selbach (communication écrite du 6 novembre), il s’agit plus probablement de François Demasso (1628-1676), libraire et imprimeur d’estampes lyonnais, qui a notamment  édité en 1659 le plan de Lyon levé et dessiné par Simon Maupin (voir Sylvie Martin de Vesvrotte, Henriette Pommier sous la direction de Marie-Félicie Perez, Dictionnaire des Graveurs-Editeurs et Marchands d’Estampes à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002, p. 59-61) ou d’un membre de sa famille.

[58] Cette activité marchande de Rabasse n’était pas connue. A.P.F. Robert-Dumesnil (Le Peintre-graveur français, Paris, G. Warée, 1834-1871, t. VII, p. 165-168) lui attribue trois eaux-fortes ; est-ce du même personnage qu’il s’agit ?

[59] Kuhnmünch, Jacques, « Un marchand d’estampes à Rome au XVIIe s. », BSHAF, 1978, p. 79-100.

[60] Albi, Henry, Eloges historiques des cardinaux illustres François et Etrangers mis en parallèle avec leurs Pourtraits au Naturel, Paris, Anthoine de Cay, 1644. Parmi ces portraits on retiendra celui du Cardinal de Brandebourg copié dans le même sens, sans le rideau, sans les armoiries et sans la légende de la gravure exécutée par Dürer en 1519 et qu’on trouve dans les Eloges des cardinaux du père Albi.

[61] Voir Tropato, « Nicolas Fabri de Peiresc, Cassiano dal Pozzo e Gaspard de Monconys… », art. cit.

[62] L’ouvrage est sans doute identifiable avec celui que mentionne le R.P. Philippe Labbée en 1672 dans sa Bibliotheca bibliothecarum curis secundis auctior (Rothomagi, Thomas Maurry, Ludovici Billaine) : « Gaspardus de Monconis, Lugdunensis, Elogia virorum illustrium cum Iconibus », p. 62.

[63] « In Lione Monsieur de Liergues Monconys intraprese una fatica simile, fece rintagliar in rame molti de’ritratti del Vasari in forma maggiore e ne mando il saggio qui in Toma, adesso ha tralascjiato ». Lettre manuscrite (Bibliothèque nationale centrale de Florence, FBNC, II. II.110, 65r.).

[64] Voir le répertoire de Weigert, Roger-Armand, Inventaire du fonds français de la Bibliothèque Nationale. Graveurs du XVIIe siècle. Tome premier Alix (Jean) – Boudeau (Jean), Paris, Bibliothèque Nationale, 1939, p. 269-271, n°27-93.

[65] Deux exemples suffisent à s’en assurer : les portraits de Bramante et de Parmesan, inversés, gravés au burin et non plus en bois, sont en pleine page et non plus présentés dans des encadrements en forme de tabernacle comme Vasari en avait eu l’idée. Les titres sont identiques : « Francesco Mazzuole dit Parmeggiano » et « Vita di Bramante Archit. ». Les expressions sont les mêmes, bien que le graveur ait assagi son modèle (fig. 4, Portrait de Bramante par Baron). On retrouve ainsi la tête penchée mettant en évidence la tonsure de Bramante ; voir aussi fig. 5, Portrait de Parmesan par Baron.

 

 

Fig. 4 : Portrait de Bramante par Baron.

Fig. 5 : Portrait de Parmesan par Baron.

 

[66] Monconys précise que pour connaître l’histoire, la qualité ou la profession de personnages représentés dans les « portraits ou médailles », il suffira de se reporter à La Croix du Maine ou à Du Verdier.

[67] Sur Filhol, voir https://curiositas.org/cabinet/curios918 .

[68] Voir Mazel, Jean A., Jean Morin. Catalogue raisonné de l’œuvre gravé de Jean Morin (env. 1605-1650), Paris, Éditions de la marquise, 2004. On trouvera par exemple, sur le site du British Museum, le portrait de Nicolas de Neufville, marquis de Villeroy : http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=1352516&partId=1&searchText=1985,0504.198&page=1 (fig. 6).

 

Fig. 6 : Jean Morin, Portrait de Nicolas de Neufville, marquis de Villeroy.

 

[69] Le classement thématique explique qu’il ne soit fait pas mention des autres portraitistes français

[70] On trouve plusieurs belles gravures sur bois montrant les Tampinambous dans le livre de Jean de Léry (1534-1613), Histoire d’un voyage fait en terre de Brésil, La Rochelle, Antoine Chuppin, 1578.

[71] Suite de six planches gravées entre 1597-1601 ; voir notamment le Geminiano Caldarostaro, British Museum,V,10.57 : http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=1531479&partId=1&searchText=Geminiano+Caldarostaro+&page=1. Voir à ce sujet Bury, Michael, The Print in Italy 1550-1620, London, British Museum Press, 2001, p. 102, cat. 115-116.

[72] Gravure conservée à la BnF, rés. fol-Qb-201(21) : disponible sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8401838k.

[73] Il s’agit probablement des gravures de Jacob Matham (1571-1631) exécutées vers 1601-1605, voir par exemple le Moïse : British Museum, V,2.1 (http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=1479999&partId=1&searchText=V,2.17.&page=1).

[74] Il s’agit probablement de la gravure de Martin Rota (c. 1540-1583) parue en 1572 avec une longue explication latine, 309 x 469 mm : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Battle_of_Lepanto_by_Martin_Rota.jpg

[75] Au folio 36 Monconys indique qu’au « petit livre des bastiments antiques sont : lampes antiques ».

[76] Il précise qu’il y a des tabernacles, autels, horloges, calices, encensoirs, crosses, chandeliers.

[77] Parmi elles, devaient se trouver les gravures de Marc Antoine Raimondi d’après Jules Romain, qui avaient été censurées par le pape et celles des Carrache, deux suites alors très recherchées des amateurs.

[78] Il s’agit des facéties et sujets de la vie quotidienne, italiens, français, flamands et hollandais, alors très prisés, que l’abbé de Marolles avait réunis en deux volumes (BnF, Est., Tf1 et Tf 2 fol, rés.).

[79] Paruta, Filippo, Della Sicilia Descritta con medaglie, e ristampata con aggiunta da Leonardo Agostin, Palerme, chez G.B. Maringo, 1612, illustré d’un très grand nombre de médailles. Dans la même table des sujets il est également question de « testes ridicules ».

[80] Pour Natale Bonifacio da Sebenico (1537-1592) d’après Domenico Fontana (1543-1607) et Giovanni Guerra (1544-1618), éditées par Bartolomeo Grassi en 1586 et reutilisées en 1590 par Domenico Basa pour le Della Transpositione de Domenico Fontana (Voir Bury, The Print in Italy…, p. 102, cat. 64). En plus des 2 planches doubles (495 x 1130), Monconys possède probablement les 38 planches simples (British Museum, 1892,0714.41) et les 2 compositions du Speculum Romanae Magnificentiae montrant le transport et l’érection de l’obélisque de Saint-Pierre qui, jointes, mesurent respectivement 529 x 1160 et 53,2 cm sur 1m17 (fig. 7) British Museum : 1892,0714.41, (http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=3130181&partId=1&searchText=1892,0714.41&page=1) et 1947,0319.26.81 (https://www.britishmuseum.org/collection/object/P_1947-0319-26-81 ).

Fig. 7 : Domenico Fontana, Speculum Romanae Magnificentiae. Transport et érection de l’obélisque de Saint-Pierre.

 

[81] Il s’agit sans doute de l’atlas généalogique en 8 feuilles de Théodore Piespordius, intitulé : Serenissimorum potentissimorumque Principum Habsburgi-Austriacorum Stemma. Origo. Res gestae. Quatuor Schematibus à Pharamvndo Francorum Rege ad haec vsque tempora deductae. Iconibus, Emblematibus, Insignibus illustratae. Studio ac labore Theodorici Piespordii Serenissimis Belgarum Principibus à Secretis Sumptibus ejusdem et Theoderici Mercelii Serenissimarum celsitudinum suarum domesiici, Bruxelles, 1616. Voir http://digital.bibliothek.uni-halle.de/hd/content/pageview/1361807.

[82] Sans doute celle gravée par Callot vers 1629 (Lieure, Jules, Jacques Callot : catalogue raisonné de l’œuvre gravé, Paris, 1924, vol. 1, n° 591).

[83] Probablement la Généalogie de la maison de Habsbourg de Robert Peril, en 20 planches, éditée à Anvers en François en 1535, Latin, 1540, Espagnol 1540 (7m34 x 47 cm) ; British Museum 1904,0723.1 (https://www.britishmuseum.org/collection/object/P_1904-0723-1).

[84] En 1655, dans sa Bibliotheca noua homiliarum, ex anagnoste R.P. Th. Raynaudi Societatis Iesu per A.S. Nunc compendio exhibita, signatis dumtaxat selectis homiliis; earúmque authoribus; mox espandenda, iisdem ad longum repraesentatis, Théophile Raynaud, qui vivait et enseignait à Lyon, consacre une longue dédicace à Monconys où il évoque ses collections.

[85] Sans doute la grande gravure de Salomon Savery (1594-1678) d’après Nicolaes Cornelisz Moyaert (1590/1600-1655) en 2 planches : British museum, 1875,0710.796 (http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=3097867&partId=1&searchText=NOLPE+PIETER,+&page=2) exécutée pour le livre de Caspar Barlaeus Marie de Médicis entrant dans Amsterdam ou Histoire de la reception faicte à la Reyne Mere du Roy tres-Chrestien par les Bourgmestres & Bourgeoise de la ville d’Amsterdam éditée et traduite du latin en français par Nicolas Cornesz Moyaert, à Amsterdam en 1638 : http://www.let.leidenuniv.nl/Dutch/Latijn/Facsimiles/BarlaeusMHF1638/source/bmhf01.htm.

[86] La magnifique et sumtueuse pompe funèbre faite en la ville de Bruxelles, le XXIX. jour du mois de décembre, MDLVIII. aux obsèques de l’empereur Charles V. de tresdigne mémoire icy representee par ordre, et figures, selon les mysteres d’icelle, 1559, Anvers, Christophe Plantin, 32 planches hors texte. Voir aussi Cock, Jérôme, La gravure à la Renaissance, Paris, Fondation Custodia, Museum Leuven, Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, 18 sept.-15 déc. 2013, cat. 89 par Joris van Grieken.

[87]Begrafenis van Johann Albrecht, graaf van Solms, 1623, conservé à Amsterdam, au Rijksmuseum. Voir Oreinstein, Nadine, « Simon Frisius », dans The new Hollstein Dutch & Flemish etchings, engravings and woodcuts, 1450 – 1700, 2008, vol. 18/1 et 18/2, n°68-72.

[88] Signalons, la Conversion de S. Paul d’Enea Vico (1523-1567) d’après Fran Floris (1517-1570), et le Portement de croix de Jérôme David (1605 ?-1670 ?) d’après Hercole de Roberti (1605 ?-1670), en 1630 pour l’éditeur Bolonais Agostino Parisino (261 x 79,7 en 3 pl.). Cette pièce est la seule des grandes estampes qui, dans la collection de Monconys, soit exécutée par un Français mais qui est alors en Italie. Francesca Mariano qui achève une thèse sur ce graveur (Université Tor Vergata de Rome et Université de Poitiers) me signale une épreuve conservée à la BnF : Eb. 20, fol. (p. 27) : Weigert, Roger-Armand, Inventaire du Fonds Français. Graveurs du XVIIe siècle, Chauvet-Duvivier, Paris, Bibliothèque Nationale, t. 3, 1954, n. 16, p. 353.

[89] À Anvers chez Martinus Perrius. Voir Massari, Stefania, Giulio Romano pinxit et delineavit, exp. Mantova, Palazzo Te, Roma Palombi Editore, 1993, cat. n°44, p. 52-53. Précisons que Monconys ne donne pas le nom du peintre et que « SK » ne figure pas dans sa liste des monogrammes.

[90] lt. pour livres tournois. Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69512734.r=durer%20mélancolie?rk=21459;2.

[91] Voir http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69511924.r=durer%20adam%20et%20eve?rk=21459;2.

[92]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951259v.r=durer%20saint%20jérôme?rk=85837;2. Il lui manquait le célèbre Chevalier, la mort et le Diable et le Fils prodigue.

[93] Marolles, Michel de, Catalogue de livres d’estampes et de figures en taille douce, Paris, Langlois, 1672, p. 30-37 (comprend 7 planches et quelques 163 monogrammes) et Le Comte, Florent, Cabinet des singularitez d’architecture, peinture, sculpture, et graveure…, Paris, E. Picart et N. Leclerc, 1699-1703, t. 2, p. 174-183 et 288-300 (4 planches avec leurs explications). Voir Véronique Meyer,  « Florent Le Comte et la gravure », Nouvelles de l’Estampe, n°261, 2018, p. 44-62, https://journals.openedition.org/estampe/289.

[94] Jobin, Bernard, Accuratae effigies Pontificium Maximorum, numero XVIIII ab Anno Christi MCCCLXXVIII. Dans l’introduction, Jobin donne une liste des peintres graveurs dont Monconys semble avoir retenu les plus importants. Sur Jobin voir Ritter, François, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVeet XVIe siècles, Strasbourg, F.-X Le Roux, 1955, p. 294-302 et en appendices, n° 552-553 ; Kintz, Jean-Pierre (dir.), Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, Strasbourg, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, 1988, t. IV, p. 1806-1807.

[95] L’édition latine porte le titre Icones, sive imagines virorum litteris illustrium etc. Recensante Nicolao Reusnero. I.C. Curante Bernardo Jobino. Argentorati, 1587. Nul doute que Monconys devait posséder ces deux ouvrages qui durent l’inspirer pour ceux qu’il avait lui-même entrepris.

[96] En 1638, Monconys avait envoyé des renseignements sur les tableaux d’Holbein à Remigius Faesch et avait engagé ce dernier à établir le catalogue de l’œuvre gravé d’Holbein (voir Major, Emil, « Das FäschischeMuseum », Oeffentiche Kunstsammlung in Basel. Jahres-Bericht, N.F., IV, 1908, p. 8).

[97] On trouve ainsi treize peintures du XVIe et trois du XVIIe siècle. Pour plus de détails, voir Bruyère, G., Catalogue raisonné des peintures françaises du XVe au XVIIIe siècle…, op. cit.

[98] Six sont du XVIe siècle, dont Gillis Coignet qui est représenté par trois tableaux ; parmi ses « grandissimes stampes », il possède La Cène de Coignet gravée en 1584, par Jan Muller (44 cm x 93,6) (fig. 9).

 

Fig. 9 : La Cène de Coignet gravée en 1584, par Jan Muller.

 

[99] Hormis Jacques Stella (1596-1657), peintre d’histoire originaire de Lyon, tous sont originaires du Nord comme Matthieu de Platemontagne ou van Plattenberg (1607/1608-1660), peintre et graveur de paysages et de marines établi en France en 1630 environ, et Sébastien Stoskoff, le célèbre peintre de Strasbourg recherché pour ses natures mortes, dont Monconys possède quatre tableaux (des poules, une marmite et un chou ; des carpes et une boîte avec des fruits).

[100] Parmi ces tableaux, huit représentent des saints et des saintes et deux le Christ.

[101] Monconys possède aussi des tableaux représentant les Péchés mortels et les saisons (fol. 116).

[102] On trouve également le début à peine ébauché d’une table des « Mots anglais », six seulement (p. 117).

[103] D’Eugène IV (1431-1447) à Alexandre VII (1655-1667).

[104] France, Italie, Espagne et Angleterre.

[105] Fol. 116b, il est question de portraits à l’huile petits, moyens et grands.

[106] Voir Von Schlosser, Julius, Medicus, Thomas, Lessing, Gotthold Ephraim, Histoire du portrait en cire, Valérie Le Vot et Édouard Pommier (trad.), Paris, Macula, 1997.

[107] Comme le remarque Henriette Pommier (communication écrite du 25 novembre 2020), Meins est probablement à identifier avec Mens en Trièves.

[108] Les collectionneurs de papillons étaient alors nombreux ; Pierre Borel, lui-même amateur, en nomme plusieurs en 1649 dans son ouvrage sur Les Antiquitez, raretez, plantes mineraux, et autres choses considérables de la ville et Comté de Castres…(voir https://curiositas.org/cabinet/curios311 ; il y mentionne Monconys pour une « Braguete Operateur ») ; le marquis de Rouillac (1584-1662), le dominicain Jean Nicolaï (1594-1673), le jardinier du roi, Pierre III Morin qui les recherchait pour leurs couleurs et leurs formes et qui en avait fait peindre en miniature et à l’huile par les meilleurs artistes (Schnapper, A., Le Géant, la licorne et la tulipe…, op. cit., p. 216).

[109] Monconys, B., Voyages…, « inscriptions, Pierres, Insectes, & autres raretez qu’il recherchoit curieusement dans le thrésor de la Nature, ou dans celui de l’antiquité » (I, sig.* 8v).

[110] Ibid.

[111] Sans doute est-ce le Richaumon qui figure dans sa liste des curieux de Paris et qui possède, précise-t-il, des pierres gravées et des reliefs (fol. 22) ; il faut l’identifier, selon Bonnaffé (Dictionnaire des amateurs, op. cit., p. 268) avec Richaumont, avocat au Parlement de Paris, actif en 1643, qui demeurait quai de Bourbon, lequel collectionnait des peintures et des pierres gravées, et dont Sauval rapporte que le Cabinet du roi possède « presque autant de pierres gravées, non moins rares qu’excellentes, qu’on estime plus de vingt-cinq mille écus, et telles enfin que touts les curieux de Paris ensemble n’en sauraient fournir autant ». Richaumont n’est autre que Nicolas Boucher, sieur de Richaumont, beau-père de l’architecte François Blondel.

[112] Conservée aujourd’hui au Victoria and Albert Museum (inv. A.1:1, 2-1927), cette pièce est mentionnée et reproduite en 1661 par Chifflet dans son Vetus Imago sanctissimae (Deipace in Jaspide Viridi …inscripta Nicephoro Botaniatae…, Paris, 1661, pl. B). Voir la fiche du Victorian and Albert Museum : http://collections.vam.ac.uk/item/O125943/roundel-unknown/.

[113] Voir Mély, Fernand de, « Le camée byzantin de Nicéphore Botoniate à l’Heiligenkreutz (Autriche) », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 1899, vol. 6, n°2, p. 195-200 et Longhurst, M. H., « A byzantine disc for South Kensington », Burlington Museum, n° 50, 1927, p. 106-108.

[114] Parmi les numismates lyonnais d’Ancien Régime auxquels il a consacré plusieurs articles, précisons que Jean Guillemain continue à travailler sur la collection numismatique de Gaspard de Monconys.

 

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