Le mot « collection » est employé pour désigner des actions et des objets différents : d’abord l’« action de réunir, recueillir, rassembler » ; puis le résultat de ce processus : « ce qui a été réuni, recueilli » ; enfin, un « ensemble d’éléments groupés en raison de certains points communs ». À ce stade, interviennent des notions liées à la curiosité du collecteur ou à la qualité culturelle, documentaire ou artistique des objets collectés, le mot collection désignant alors un « ensemble non fini (le plus souvent classé) d’objets réunis par un amateur, en raison de leur valeur scientifique, artistique, esthétique, documentaire, affective ou vénale[1] ».
Ce qui m’intéresse ici, c’est de saisir le moment spécifique, charnière où l’on passe de « l’action de réunir, recueillir, rassembler » à l’ensemble constitué d’objets qu’un regard nouveau porté sur eux, différent et parfois éloigné ou ignorant des intentions du collecteur originel, « détourne » du caractère qu’on leur avait primitivement assigné et « patrimonialise » en une « collection » au sens où nous la connaissons dans nos établissements de conservation.
Le cas de la masse très considérable des artefacts rassemblés par la mission de Chine, révélée aux yeux du public français à l’occasion de trois expositions en 1846-1849, et de son problématique devenir permet de s’interroger sur les processus qui entrent en jeu dans le passage intellectuel et sémantique de la collection au sens d’« éléments recueillis » à la collection à caractère scientifique et muséographique. Quelles étaient les intentions des collecteurs en réunissant ces objets ? Quelle valeur – administrative, utilitaire, culturelle – leur accordaient-ils ? Alors qu’aujourd’hui la plus grande partie des objets réunis se retrouvent dans des établissements de conservation, comment sont-ils devenus des artefacts patrimoniaux ? Dans quelles circonstances se produit le changement du regard porté sur eux ?
*
Quelques mots sur la Mission de Chine
Au milieu du XIXe siècle, au sortir de la première Guerre de l’Opium (1839-1842), le Céleste Empire, longtemps resté replié sur lui-même, ouvre à l’Occident plusieurs ports de sa côte méridionale. Il redevient un enjeu important dans le commerce international et les puissances occidentales y voient l’occasion de nouer à leur profit des relations commerciales avec un pays qui peut représenter un réservoir potentiel de 350 millions de consommateurs.
Le 26 août 1842, par le traité de Nankin, la couronne britannique se fait céder Hong Kong, avec la clause de la nation la plus favorisée et le droit d’établir des concessions dans les cinq ports méridionaux chinois ouverts au commerce international (Canton, Amoy [Xiamen], Fuzhou, Ningbo et Shanghai). Puis les Américains obtiennent des conditions analogues par le traité de Wangxia (3 juillet 1844).
Les Français ne veulent pas être en reste. Dès la fin de l’année 1843, ils envoient une mission diplomatique pour négocier des accords similaires. Placée sous l’autorité du ministre plénipotentiaire Théodore de Lagrené (1800-1862)[2], elle a pour objectif de sceller un traité de paix et d’amitié avec la Chine[3]. La mission Lagrenéemmène avec elle des missionnaires catholiques et, fait plus inhabituel, une délégation commerciale, dont le but est de s’informer sur l’état de l’industrie et du commerce en Chine et sur les potentialités qui s’offrent aux manufacturiers français en termes de débouchés pour leurs productions et de sources nouvelles et avantageuses d’approvisionnement. Sa mission est une exploration à la fois agricole, scientifique, industrielle et commerciale de la Chine.
Les délégués du commerce sont choisis « parmi des hommes jeunes encore, intelligents et d’une droiture éprouvée », ayant des « connaissances pratiques et spécialisées des intérêts et du travail manufacturier[4] ». Ces experts sont désignés par les chambres de commerce de villes manufacturières françaises, Paris, Lyon, Mulhouse, Reims et Saint-Étienne, qui ont été consultées et ont donné des instructions pour le voyage. Il s’agit d’Auguste Haussmann (1815-1874)[5] pour l’industrie du coton, d’Edmond Renard pour les articles de Paris, de Natalis Rondot (1821-1900)[6] pour la laine, les draps et le vin de Champagne, et d’Isidore Hedde (1801-1880) pour les soies et soieries. Ce dernier, qui est rubanier à Saint-Étienne (Loire) et membre des sociétés industrielles de Mulhouse et de Saint-Étienne, représente les chambres de commerce de cette dernière ville et de Lyon. Ils sont placés sous l’autorité d’un inspecteur des Douanes, Jules Itier (1802-1877)[7], délégué par les ministères des Finances et du Commerce pour les questions de tarifs et de navigation[8].
Ces hommes jeunes, qui sont dans la pleine force de l’âge, partent avec un enthousiasme immense à la découverte d’une Chine dont ils admirent profondément la culture millénaire. Jules Itier, qui rentre alors d’une mission dans les Antilles, l’écrit avant son départ :
Et le moyen, je vous prie, de résister à l’enivrante tentation de voir de mes yeux cet étrange pays, où tout semble être en contradiction avec les idées reçues ailleurs, où la civilisation date des premiers pas de l’homme sur la terre ; contrée mystérieuse, hier encore vierge du contact de l’Europe, et qui va s’ouvrir à notre ardente curiosité pour nous offrir le tableau vivant d’un passé inconnu ; immense sujet d’étude et de méditation sur l’homme dans les diverses formes qu’il affecte en société ; recherches bien autrement intéressantes que l’exploration monotone de ces pays sauvages et de leurs habitants en enfance qui, dans leurs développements incomplets, ne se distinguent les uns des autres que par des usages bizarres ou monstrueux réfractaires à toute déduction philosophique[9].
Dans leurs bagages, ils emportent de très nombreux échantillons de produits des manufactures françaises qu’ils vont présenter aux négociants chinois. Un autre objectif de leur mission est d’étudier sur place l’industrie et le commerce en Chine, pour « composer utilement pour nos navires des chargements de retour[10] », avec une attention toute particulière pour l’industrie de la soie, à un moment où la sériciculture française et plus largement européenne est très gravement touchée par les maladies des vers à soie.
Les délégués du commerce quittent Brest le 20 février 1844, à bord du premier bateau à vapeur français qui doublera le cap de Bonne-Espérance, l’Archimède, commandé par le futur amiral Pâris. Leur navigation, parfois éprouvante, les conduit en Espagne (Cadix et Séville), aux Canaries (Sainte-Croix de Ténériffe), au Sénégal (Gorée) et au Cap ; puis ils passent dans l’Océan Indien, visitent l’île Bourbon (La Réunion actuelle), Ceylan, Pondichéry et Madras, Singapour, Manille. Après 186 jours de voyage, ils abordent à Macao.
Tandis que les diplomates négocient le traité de Whampoa, signé le 24 octobre 1844, par lequel la France obtient des avantages analogues à ceux qu’ont reçus les Anglais et les Américains, les délégués commerciaux entrent en Chine par Canton.
Canton est une riche ville commerçante, ouverte depuis longtemps au commerce international et qui leur offre un admirable point d’observation du commerce chinois. Ils y séjournent habituellement et, de là, voyagent dans plusieurs régions de l’arrière-pays chinois et même en Cochinchine. Sur place, ils visitent les ateliers, les manufactures, les boutiques, les ports du littoral ; ils s’informent auprès des producteurs, des consommateurs, des marchands, vérifient les renseignements ainsi recueillis auprès des négociants et des missionnaires anglais et américains qu’ils croisent sur place[11], et rendent compte au ministre du Commerce à la fois de leurs démarches et de leurs informations… À la fin du mois de décembre 1845, ils reprennent le chemin du retour.
Dans le volumineux dossier de la « mission de Chine » conservé aux Archives nationales[12], on trouve les rapports, souvent enrichis d’échantillons (Fig. 1) et parfois de dessins, que les délégués adressent régulièrement au ministère du Commerce et dont des extraits sont ensuite publiés dans les publications officielles du ministère, les Annales du commerce extérieur[13], pour l’information des industriels et des négociants. Ils permettent de suivre leurs activités et démarches et de mieux comprendre leurs préoccupations.
Ainsi, Isidore Hedde, qui est délégué pour la sériciculture, fournit des renseignements abondants et très détaillés sur l’histoire et l’économie des régions qu’il visite. Ses observations portent surtout sur la production de la soie, les produits de teinture et l’industrie textile en général, mais il ne s’interdit pas de faire aussi, à l’occasion, des observations d’ethnologue. À Pondichéry, par exemple, il s’intéresse longuement au système des castes[14]. Auparavant, à Gorée, au Sénégal, il s’est attardé sur la situation d’un tisserand yolof (Fig. 2) : c’est un esclave, écrit-il,
tout ce qu’il fait appartient à son maître, qui l’occupe quand il désire depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, sans qu’il lui fournisse aucune nourriture, ni pour sa famille. […] [il est aussi Griot, ou] barde africain, [qui] chante les exploits des héros yolofs, historien et musicien, il dit la bonne fortune, il amuse et fait danser au son du tamtam, médecin, bourreau, il circoncit et exécute les opérations et les hautes œuvres ordonnées par le conseil secret des marabouts[15].
Quatre expositions « chinoises »
Les délégués du commerce rapportent une moisson très importante d’échantillons, de produits et d’objets divers, notamment à caractère technique. Ils ont collecté aussi des informations commerciales, soit oralement ou de visu directement auprès des indigènes ou des résidents étrangers à Canton, soit sous forme d’un très important matériel documentaire, particulièrement iconographique, qu’ils rapportent en France.
Pour l’enseignement du public et pour satisfaire sa curiosité, cette collecte fait l’objet d’une première exposition officielle, du 21 juillet au 20 août 1846, à Paris, dans les salles de l’École supérieure de la ville de Paris. Cette exposition présente l’ensemble des échantillons, objets et documents rapportés par les quatre délégués du commerce (Fig. 3 et 4).
Les années suivantes, trois autres expositions publiques sont organisées. D’abord, de juillet à septembre 1847, à Lyon (Rhône), dans la galerie de minéralogie du Palais du Commerce et des Arts, à la demande et aux frais de la Chambre de commerce de Lyon. Puis, en 1848, à Saint-Étienne (Loire), dans la salle du musée industriel, à nouveau pour une durée de trois mois, aux frais de la municipalité. Et, enfin, en 1849, de janvier à mars, dans une des salles de l’hôtel de ville de Nîmes (Gard). Contrairement à l’exposition de 1846 qui était commune à l’ensemble des délégués, les trois suivantes sont recentrées sur la sériciculture et la soierie, et sont dirigées par Hedde ; il présente non seulement les artefacts collectés par lui pour le gouvernement, mais aussi les objets lui appartenant en propre, organise les salles et rédige les notices des catalogues.
Chaque exposition est dotée d’un catalogue imprimé, très touffu, qui rend bien compte de l’exceptionnelle richesse des collectes de la mission de Chine et de leur diversité[16]. La première exposition, en 1846, qui est commune aux quatre délégués, compte 1 550 numéros répartis en cinq sections ; celle de 1847 (à Lyon), exclusivement réservée à la soie et aux collectes d’Isidore Hedde, comme les suivantes, et qui comporte aussi bien les objets appartenant au gouvernement que ceux qu’il a conservés, compte 2 033 articles. Les suivantes sont plus limitées : 1 100 numéros en 1848 (à Saint-Étienne) et 320 numéros en 1849 (à Nîmes). Ce qui représente à chaque fois plus d’objets, plusieurs pouvant être groupés sous le même numéro.
La diversité des objets techniques rapportés de Chine
Les collectes de la mission de Chine représentent une masse très considérable d’artefacts dont il est bien difficile, aujourd’hui encore, de faire un inventaire précis. En parcourant les catalogues des expositions, on note :
– des substances naturelles : minéraux (alun, houille, jayet, cuivre, potasse, coquilles, etc.) et substances tinctoriales notamment (orseille des mamelles, mil, racine de mandragore…) ;
– des spécimens botaniques : oignons de fleurs du Cap de Bonne-Espérance, très nombreux spécimens de mûriers ;
– des vers à soie sauvages ou d’élevage, sous forme de graines (œufs) ou de cocons ;
– des échantillons d’étoffes diverses : aussi bien des marchandises de fabrication européenne vendues sur les marchés locaux, comme des étoffes et rubans de soie à vendre au Cap de Bonne-Espérance ou des échantillons de draps importés en Chine par les Anglais et les Allemands, que des cotons obtenus en Chine ou des soieries chinoises, foulards, gaze, damas, taffetas, satin, etc. ;
– des ustensiles, outils et machines liés à l’élevage des vers à soie, à la production de la soie et à son tissage ; selon L’Illustration en 1846, l’exposition « permettrait presque à l’ouvrier chinois, transporté rue Neuve Saint-Laurent, de nous tisser une pièce de soierie avec ses cocons, ses ustensiles et son métier[17] » ;
– des produits manufacturés : vêtements en soie, châles de crêpe, tapis, bourses brodées, porte-éventails, sacs à tabac, écrans, chaussures, etc. ;
– des « chinoiseries » de toute sorte, armes, instruments de musique, bronzes, porcelaines, objets de nacre et de corne, etc.
La mission de Chine rapporte également des documents ethnologiques : air de musique yolof remis par le curé de Gorée, chapeaux coniques en feuilles de latanier portés par les cultivateurs et pêcheurs du cap de Bonne-Espérance, métier à tisser malgache utilisé par les habitants de Tananarive pour le tissage des rabanes ou tissus de sagoutier…
Enfin, outre des cartes et vues des régions visitées (par exemple, une vue de l’éruption du Piton de la Fournaise observée par l’expédition à l’île Bourbon, le 5 juin 1844), les catalogues mettent en évidence une quantité très considérable de dessins, concernant la vie quotidienne, les mœurs, l’agriculture et l’industrie chinoises, et d’objets techniques, dont beaucoup servant à la fabrication des soieries, comme des modèles de machines à tisser.
Ces expositions rencontrent la curiosité et l’intérêt du public. En 1846, le journal grand public L’Illustration décrit longuement l’exposition de Paris où, dit-il, « on entre dans un pays tout nouveau, et [où] l’on se trouve presque en pleine Chine » ; elle « nous initie, mieux que tous les livres, aux produits, aux mœurs, aux habitudes, à la vie en un mot, de ces lointaines contrées ». L’article se conclut par un vœu :
Que deviendra cette intéressante collection, lorsque l’exposition […] sera fermée au public ? Nous avons, au Louvre, un musée égyptien ; pourquoi n’aurions-nous pas notre musée chinois ? […] La formation d’un musée chinois rentrerait parfaitement dans les vues d’avenir qui ont présidé jusqu’ici à la protection accordée par le gouvernement à l’étude des langues de l’Orient. Nous demandons une chose déjà presque faite et nous espérons que l’attente du public ne sera point trompée[18].
Vers un « musée chinois » ?
Une question se pose alors : que va-t-on faire de cette extraordinaire collecte rapportée de Chine ?
Il semble qu’un temps, en 1847-1848, les milieux de l’administration du Commerce aient eu le projet de créer un « musée chinois » central à Paris[19]. Ce qui était envisagé était sans doute la création d’un musée commercial, sorte d’entrepôt ou show-room des productions chinoises à l’usage des manufacturiers et des commerçants. Cette initiative ne pouvait que recevoir le soutien du ministre du Commerce d’alors, Laurent Cunin, dit Cunin-Gridaine, qui avait été drapier à Sedan avant d’entamer une carrière politique. Dans la correspondance entre le ministère et les délégués, les artefacts et pièces iconographiques collectés sont toujours désignés comme des « produits », des « objets commerciaux », auxquels on n’attache alors aucun intérêt artistique ou ethnographique.
Le projet de « musée chinois » ne survit pas à l’année 1848. Le changement de régime politique (le roi Louis-Philippe est renversé le 23 février 1848), combiné à la grave crise économique qui s’installe, lui sont fatals.
Dès le 14 février 1849, le ministre de l’Agriculture et du Commerce fait part au directeur du Louvre de son souci de donner aux produits rapportés par la Mission de Chine « une destination définitive aussi utile que possible et d’assurer en même temps leur conservation » ; pour ce faire, il a « décidé de les répartir, selon leur spécialité, dans nos divers musées nationaux. Là, ils pourront être vus et examinés, et l’industriel, comme l’artiste et l’artisan, pourra s’inspirer de leur forme et de leur dessin soit pour les imiter en vue de l’exportation, soit pour modifier nos propres marchandises[20] ». À ce moment-là, dans l’esprit du ministre, les collectes de la Mission de Chine ont donc encore une vocation industrielle et commerciale qui paraît incontestable.
Mais le « musée chinois » est aussi sans doute victime à la fois de sa très grande richesse et du très grand intérêt que certaines institutions patrimoniales attachent à ces objets. Le regard qu’on porte sur eux change, et de commercial devient patrimonial. Certains documents, dispersés aujourd’hui dans les archives publiques et privées, permettent de saisir la mise en œuvre de cette mutation.
Le 19 mai 1849, entrent au Conservatoire des arts et métiers des « échantillons de Chine[21] », qui constituent les entrées 3444 à 3511 de l’inventaire (soit 68 entrées) et sont considérés comme une aubaine par l’administrateur du Conservatoire dont les crédits d’acquisition sont toujours contraints (Fig. 5, 6, 7 et 8).
Dans une lettre du 9 octobre 1849[22], le conservateur du musée de Marine du Louvre, Léon Morel-Fatio, tout en dénonçant l’état de surencombrement de son musée, souligne que, depuis le début de février 1849, le musée s’est « enrichi d’environ 700 pièces provenant de la mission de Chine », dotés d’un état sommaire très insuffisant, et que d’autres objets doivent encore venir. Effectivement, dès le 1er mars 1849, des caisses ont afflué au Louvre : elles contiennent des objets de bronze, de la coutellerie et des outils, des instruments de musique, des cannes, pipes et parapluies, des armes et des vêtements, des parures et des bijoux, des objets d’ameublement, des jouets, des objets de bambou, des laques de Chine et du Japon, des tableaux et des rouleaux de peintures pour tentures, des nacres[23], etc., jusqu’à des « briques creuses pour balustrade de jardin »… Tout un bric-à-brac devant lequel Léon Morel-Fatio est le premier à souligner « l’intérêt de la collection de ces richesses de l’art chinois » et à déplacer le regard porté sur les objets rapportés de Chine vers le champ artistique et esthétique.
Toujours en 1849, le 19 octobre[24], c’est le directeur de la Bibliothèque nationale, Charles Naudet, qui, rappelant un courrier antérieur du 31 août, prie le ministre du Commerce de « disposer en faveur de la Bibliothèque nationale d’une collection d’albums chinois ornés de dessins et peintures sur papier de riz, avec des légendes en langue du pays [faisant] partie d’une riche collection d’échantillons et de produits chinois apportés en France en 1847, et qui furent exposés alors […] et conservés ensuite au ministère » (Fig. 9). Sa revendication aboutit et les albums de dessins de la mission de Chine entrent à la Bibliothèque nationale en 1849, puis sont transmis au département des Estampes au printemps de 1851[25].
La Chambre de commerce de Lyon, enfin, n’est pas en reste. Elle aussi est intéressée par les collectes d’Isidore Hedde, d’autant qu’elle lui avait alloué un budget de 19 000 francs pour constituer à son profit une collection d’échantillons et de modèles[26]. Dès 1847, elle avait obtenu du ministre du Commerce que les artefacts rapportés soient présentés temporairement aux Lyonnais. En 1849, elle réitère sa demande pour obtenir le versement définitif des objets relatifs à la soierie au musée industriel du Conseil des prud’hommes de Lyon… Et elle obtient gain de cause, car, le 27 décembre 1849, des échantillons de soieries et des dessins provenant de la mission Lagrené lui sont remis, comme en témoigne cette lettre de remerciements :
Monsieur le Ministre,
Notre Chambre de commerce ne peut qu’accepter avec infiniment de reconnaissance l’offre que vous avez bien voulu lui faire par votre dépêche du 19 septembre dernier, de disposer définitivement en faveur de la ville de Lyon des échantillons de soieries rapportés par la mission de Chine […]. La meilleure destination qu’il lui a semblé devoir donner à cette collection, c’est d’en confier le dépôt au Conseil des prud’hommes, déjà possesseur d’un musée industriel. […] C’est donc pour ce musée, Monsieur le Ministre, que notre Chambre de commerce vient vous prier de donner suite aux intentions exprimées dans votre dépêche ci-dessus rappelée[27].
On peut penser qu’il y eut d’autres parties prenantes, comme le Muséum national d’histoire naturelle de Paris : on trouve, dans les armoires de son laboratoire de chimie des substances naturelles[28], des flacons contenant des produits naturels de la Mission de Chine (Fig. 10), sans qu’on connaisse ni la date (1844 ?) ni les modalités de leur entrée dans ce service. On sait aussi que le Muséum reçoit de Natalis Rondot le don de « coquilles de Chine » (106 pièces) en 1850[29].
Quant aux objets « chinois » actuellement conservés au Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne (Loire), à défaut d’informations précises sur leur provenance et sur les conditions de leur entrée au musée, on peut faire l’hypothèse qu’ils ont été donnés ultérieurement par la famille Hedde.
C’est donc en 1849 que les collectes de la Mission de Chine se métamorphosent en collections. La grande diversité des artefacts collectés, leur qualité et leur représentativité de la culture chinoise attirent l’attention d’institutions patrimoniales comme le Conservatoire des arts et métiers, le musée de Marine du Louvre ou la Bibliothèque nationale. Avec une conséquence fâcheuse : le souci de patrimonialisation et aussi celui, vertueux, de sauvegarde de ces objets entraîne leur dispersion dans des lieux géographiquement distincts et même éloignés les uns des autres. Cette pratique, qui nous apparaît aujourd’hui comme très regrettable et même condamnable, a eu l’inconvénient de gommer la lisibilité de l’origine commune des objets et des liens étroits qui les unissaient.
D’ailleurs, cette partition ne tarde pas à présenter des inconvénients pratiques pour l’administrateur du Conservatoire des arts et métiers. Dès août 1851, il écrit à son ministre de tutelle pour s’en plaindre :
L’ambassade française envoyée en Chine a rapporté une collection nombreuse de produits, de modèles et d’ouvrages qui auraient dû, pour la plupart, être déposés au Conservatoire des arts et métiers. Malheureusement, ils ont été partagés entre différents établissements. Les métiers seuls, démontés et sans leur description, ont été envoyés au Conservatoire ; les textes, les dessins ont été remis à la Bibliothèque nationale. Si je suis bien informé, une grande partie de ces ouvrages en a déjà disparu, mais les dessins de machines et métiers existent encore. Ne serait-il pas possible de les faire sortir de la Bibliothèque pour les placer au Conservatoire où ils serviraient à la fois pour remonter les métiers mêmes et pour en faciliter l’intelligence[30] ?
Mais la Bibliothèque nationale refuse. Toutefois, quelques semaines auparavant, en juin 1850, le général Morin a obtenu du ministre du Commerce la rétrocession au Conservatoire par la Chambre de commerce de Lyon d’un album de cent quarante-quatre dessins, illustrant le travail de la soie à Canton ; il est aujourd’hui conservé à la bibliothèque centrale du Cnam[31].
Un démembrement préjudiciable
Le démembrement de la collecte de la Mission de Chine est d’autant plus regrettable qu’il méconnaît complètement l’intention qui a présidé à sa constitution.
En effet, il ne s’agissait pas d’une simple réunion d’objets exotiques, curieux ou artistiques, rassemblés par un voyageur par fantaisie, par goût ou par intérêt ethnologique. Bien au contraire, il y avait bien dans l’esprit des délégués du commerce et particulièrement dans les intentions d’Isidore Hedde la volonté de faire une œuvre documentaire et pédagogique. Les dessins, objets et machines ont été rassemblés comme étroitement complémentaires et s’éclairant mutuellement : à plusieurs reprises, dans les catalogues des expositions de 1846-1849, lorsque Hedde décrit un métier et en explique le fonctionnement et l’usage, il renvoie aux dessins, accrochés à proximité, sur lesquels le visiteur pouvait voir le métier en situation, « en mouvement » (même si les dessins n’étaient pas animés). Pour lui, les albums de dessins qu’il a pris soin de faire exécuter à Canton par des peintres chinois réputés sont bien des documents à caractère technique destinés à documenter et à expliquer les machines et modèles rapportés. Et, quand le directeur du Conservatoire des arts et métiers réclame à la Bibliothèque nationale la restitution des dessins chinois, c’est parce qu’ils ont à ses yeux pour finalité essentielle de « faciliter l’intelligence » des machines, ce qui témoigne qu’il a bien compris les intentions premières des collecteurs.
Les divers artefacts rapportés par la Mission de Chine ne forment pas à proprement parler une ou des collections, même si aujourd’hui c’est pourtant ainsi qu’on les considère. Ils constituent en fait un unique fonds documentaire, parfaitement cohérent, composé de livres, de dessins, de machines, de modèles, d’échantillons, etc., réunis avec une volonté pédagogique explicite dans le cadre d’une même opération et se rapportant à un même objet. C’est par la suite que le regard porté sur ces objets par des institutions patrimoniales les a transformés en « collections », au sens muséographique du terme. La conséquence en a été la fragmentation du fonds entre des établissements différents, parfois rivaux, aux pratiques professionnelles divergentes, et l’oubli de leur origine commune. La seule réponse à cette dispersion, qui s’est compliquée jusqu’à une date très récente d’une ignorance de l’histoire et de l’intérêt des objets, serait de restituer au « musée chinois » de la Mission de Chine son unité originelle grâce aux techniques modernes de numérisation et de mise en ligne.
Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE
Conservatrice générale du patrimoine
Membre correspondante du Centre Alexandre Koyré, Paris
*
Notes
[1] TLFi, sur le Centre national de recherches textuelles et lexicales, http://www.cnrtl.fr/definition/collection.
[2] Sa biographie, extraite de Robert, Adolphe et Cougny, Gaston, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, figure sur http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/10325.
[3] Sur la mission de Chine et ses conséquences diplomatiques, voir Wei, Louis Tsing-Sing, La Politique missionnaire de la France en Chine 1842-1856, Paris, Nouvelles éditions latines, 1960, p. 206-321, qui met particulièrement l’accent sur ses résultats en matière de liberté religieuse pour les catholiques en Chine ; Durand, Guy et Klein, Jean-François, « Une impossible liaison ? Marseille et le commerce à la Chine, 1815-1860 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 57-1, janvier-mars 2010, p. 139-167, particulièrement p. 148-159. Sur ses conséquences techniques et économiques, voir les travaux de Chuan-Hui, Mau, particulièrement « Isidore Hedde et la soie chinoise », Musée des arts et métiers, La revue, n° 41, mai 2004, p. 32-42, et « Enquêtes françaises sur la sériciculture chinoise et leur influence, fin XVIIIe-fin XIXe siècles », Documents pour l’histoire des techniques, n° 14, 2e sem. 2007, p. 24-36 (p. 30-32 en particulier), disponible en ligne : https://journals.openedition.org/dht/1176.
[4] Archives nationales [abrégé ensuite AN], F/12/2589, lettre du ministre du Commerce au ministre des Affaires étrangères, 27 novembre 1843.
[5] Prevost, Michel, Roman d’Amat, Jean-Charles, Tribout de Morembert, Henri (dir.), Dictionnaire de biographie française, t. 17, Paris, Letouzey et Ané, 1989, p. 732-733 ; il est cousin du futur préfet de la Seine Georges Haussmann.
[6] Galle, Léon, Natalis Rondot, sa vie et ses travaux, Lyon, Bernous, Cumin et Masson, 1902.
[7] Prevost et al., Dictionnaire de biographie française, t. 18, 1994, p. 232-234.
[8] Deux délégués ont publié le journal de leur voyage : Itier, Jules, Journal d’un voyage en Chine en 1843, 1844, 1845 et 1846, Paris, Dauvin et Fontaine, 1848-1853, 3 vol. ; Haussmann, Auguste, Voyage dans la Chine, de la Cochinchine et dans l’Inde, Paris, G. Olivier, 1847-1848, 3 vol. ; tout comme le médecin de la mission, Yvan, Melchior, Canton un coin du Céleste Empire, Leipzig, Alphonse Durr, 1856. Il semble qu’Isidore Hedde a eu également cette intention, comme l’indiquent des demandes de financement faites par lui au ministère du Commerce, mais il n’en trouva probablement pas le temps.
[9] Itier, Journal d’un voyage en Chine…, op. cit., vol. 1, p. 6-7.
[10] Lettre de Guizot à Lagrené, 9 novembre 1843, citée dans Durand et Klein, « Une impossible liaison ?… », art. cit., p. 148.
[11] AN, F/12/2589, lettre des délégués au ministre du Commerce, 17 septembre 1846.
[12] AN, F/12/2589, auquel il faut ajouter les articles F/12/2590 et 2591 sur la mission du consul Charles de Montigny (1805-1868) à Shanghai, qui lui fait suite.
[13] Avis divers, n° 153 (Instructions générales, 1844) ; n° 225 (Renseignements sur le Sénégal, les Canaries, le Cap de Bonne-Espérance, Bourbon et Madagascar) ; n° 288 (Les Indes anglaises) ; n° 309 (Traité de commerce entre la France et la Chine, tarif, etc.) ; n° 319 (Commerce de l’Indochine, Java, Philippines, Cochinchine. Manuel Montigny) ; n° 326 (Fabrication des tabacs) ; n° 341 (Renseignements sur l’Indochine ; catalogue de l’exposition des produits rapportés par les délégués commerciaux) ; n° 385 (Communications de la mission commerciale. Rapports généraux des délégués).
[14] AN, F/12/2589, rapport daté de Macao le 31 août 1844.
[15] Ibid., lettre datée de Saint-Denis de la Réunion le 12 juin 1844.
[16] Ministère de l’Agriculture et du Commerce, Mission commerciale de Chine. Exposition des échantillons et modèles rapportés de la Chine et de l’Inde par les délégués commerciaux…, Paris, P. Dupont, 1846 ; Hedde, Isidore, Mission commerciale en Chine. Industrie des soies et soieries. Catalogue des produits de l’Inde et de la Chine rapportés par M. Isidore Hedde, délégué du ministère de l’Agriculture et du Commerce, de 1843 à 1846, et composant l’exposition publique faite à Lyon, sur la demande et aux frais de la Chambre de commerce de la même ville, Lyon, Barret, 1847 ; Hedde, Isidore, Description méthodique des produits divers recueillis dans un voyage en Chine par Isidore Hedde […] et exposés par la Chambre de commerce de Saint-Étienne…, Saint-Étienne, Théolier aîné, 1848 ; Hedde, Isidore, Catalogue des produits de l’industrie chinoise exposés à l’hôtel de ville de Nîmes en 1849, Nîmes, Ballivet et Fabre, 1849.
[17] L’Illustration, vol. VII, n° 182, 22 août 1846, p. 591-595.
[18] Ibid. ; sur l’exposition chinoise de Saint-Étienne (1848), L’Illustration, vol. XII, n° 298, 11 novembre 1848, p. 171-174.
[19] Archives de la Chambre de commerce de Lyon, procès-verbaux, 1847, p. 164 : « répondant à la demande qui lui a été faite d’obtenir la remise des échantillons de l’industrie séricicole chinoise rapportés par le même délégué, M. le Ministre écrit le 8 février qu’il ne pourra prendre de décision à cet égard que lorsqu’il aura été statué sur la question de réunir dans un musée central, à Paris, la collection des produits de diverses industries de l’empire de la Chine recueillis par les autres délégués ».
[20] AN, 20144780 /11, Réunion des musées nationaux, musée de Marine du Louvre, lettre du 14 février 1849.
[21] AN, F/12/5770*, inventaire des collections du Conservatoire des arts et métiers, 1850, p. 122-124. Les objets entrés dans les collections du Conservatoire le 20 novembre 1849 (ibid., p. 125-126), « Outils, instruments et quincaillerie », semblent plutôt provenir d’un envoi d’« échantillons d’outils chinois transmis par Montigny, consul de France en Chine » (Arch. Cnam, 2AA/2, Conseil de perfectionnement, 3 novembre 1849, qui fait état d’une lettre du ministre du Commerce du 13 octobre 1849 annonçant cet envoi).
[22] AN, 20144780, Réunion des musées nationaux, EM1-organisation, P 82. Morel-Fatio, Léon, Notice des collections du Musée de la Marine exposées dans les galeries du Musée impérial du Louvre, 1re partie : Musée naval, « Introduction », Paris, Vinchon, 1853. Sur les objets chinois du musée de Marine du Louvre, voir Lacambre, Geneviève, « Les collections chinoises et japonaises du musée de la Marine avant 1878 : un cas marginal pour l’ethnographie ? », dans Le Gonidec, Marie-Barbara, et Bouillon, Didier (dir.), Le Rôle des voyages dans la constitution des collections, Paris, Éditions du CTHS, 2008, p. 94-109, édition électronique, téléchargeable sur http://www.cths.fr/ed/edition.php?id=4947, et Moreau, Mélanie (dir.), De couleurs et d’encre, Montreuil, Gourcuff-Gradenigo, 2015.
[23] AN, 20144780/11, Réunion des musées nationaux, musée de Marine du Louvre, relevé des objets livrés au musée du Louvre, 1er mars 1849.
[24] AN, F/12/2589, lettre de l’administrateur de la Bibliothèque nationale au ministre de l’Agriculture et du Commerce, 19 octobre 1849.
[25] Dans les registres des dons du département des Estampes de la BnF, ils sont enregistrés à deux dates différentes bien que très proches : 30 avril ou 7 mai 1851, BnF, département des Estampes, Réserve Ye-85-Pt fol, deux registres des dons tenus en parallèle à partir de 1848, reproduits dans les bobines 657 (indique le 7 mai 1851) et 658 (indique le 30 avril 1851). Le fonds de dessins chinois de la BnF n’est pas encore numérisé, mais on trouvera quelques reproductions de dessins provenant de la collecte de la Mission de Chine dans la « Banque d’images » sur le site Gallica de la BnF, https://gallica.bnf.fr/html/und/asie/france-chine?mode=desktop, avec des mots-clés comme, par exemple, « supplices chinois », mais leur provenance « Mission de Chine » n’est pas spécifiée.
[26] Privat, Maria-Anne, « Les missions commerciales en Chine et les collections du Musée des Tissus de Lyon », dans Privat, M.-A., Le Cacheux, Pascale, Chivaley, Hélène et Ronze, Clémence, Les Prémices de la mondialisation. Lyon rencontre la Chine au 19e siècle, Lyon, EMCC, 2009, p. 14-17.
[27] Archives de la Chambre de commerce de Lyon, registre des lettres 1849-1850, lettre au ministre du 16 octobre 1849, citée ibid.
[28] « La spectrométrie de masse. Les trésors cachés des armoires du Muséum », CNRS Info, 386, septembre 2000, https://www.academia.edu/1471808/Les_trésors_cachés_des_armoires_du_Muséum_-_Des_collections_anciennes_de_produits_naturels_au_service_de_larchéologie ; l’article fait état de flacons étiquetés « Fa Ko chinois / Mission de Chine / 1844 ».
[29] AN, F/12/2589.
[30] AN, F/12/4865, Conservatoire des arts et métiers, collections.
[31] Archives de la Chambre de commerce de Lyon, copies-lettres 1849-1850, n° 415, 18 juin 1850.
En relation :
- Le cabinet de curiosités de Gaspard de Monconys, Sieur de…
Cette contribution de Véronique Meyer prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- La curiosité de Jacob Spon (1647-1685), du connoisseur au savant
Cette contribution d’Yves Moreau prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- « ie coniure les amateurs de l’Histoire… ». Correspondance inédite de…
Cette contribution d’Anne-Lise Tropato prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Épices, sucre, café, indiennes et « curiosités ». Les circuits…
Cette contribution d’Olivier Le Gouic prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Ricetto di cose rare e preziose : curiosités et trésors de…
Cette contribution de Maddalena Napolitani prend place dans les Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.
- Actes des journées d’étude « Lyon et la culture de la…
Introduction à la publication des Actes des journées d’études « LYON ET LA CULTURE DE LA CURIOSITÉ » organisées en 2016 au Musée des Confluences de Lyon par Myriam Marrache-Gouraud et Dominique Moncond’huy.