Paul Contant meurt le 12 février 1629, date rappelée dans un acte de l’étude de Me Johanne du 24 septembre 1635 (Archives départementales de la Vienne, cote E4/26, liasse 64). La collection du pharmacien, « ce cabinet de rarretez », dit le même acte notarié, est revenue en partage à son petit-fils Pierre de Raffou, Sieur de la Brunetière. Mais avant que Pierre ait l’âge de jouir de son héritage, son père, Jean de Raffou, gendre de feu Contant, a dû faire face à un problème matériel de taille : l’étage où sont entreposés les milliers d’objets du cabinet menace de s’écrouler : « …et soubz tenu que sa quallité ne le pouvoit obliger de rebastir ung logis duquel les gros murs estoyent tombez et dont la ruyne deroit advenue peu de temps apres la mort dudict feu, sans que ladicte ruine eust esté preveue, sinon quelques jours auparavant qui furent employes à la conservation des meubles et livres du cabinet de rarretez, et sans qu’il ayt este possible de prevenir ou empescher ladicte ruine ». Un « compte » joint à un acte du 24 juin 1635 évoque le déménagement par quatre hommes, sept jours durant, de la collection du pharmacien : « Item voyant le comptable que le cabinet des raretez dudict feu estoit prest à fondre, par la pourriture de quelque chevron et pan de muraille qui les surportoit comme il arriva le lendemin le comptable fist transporter les raretez dudict cabinet et livres inventoriez avecq grand soing frais et payé à quatre hommes pour sept journees par chacun d’eux employees pour faire le transport desdictes choses la somme de vingt livres tournoiz ».
Ainsi, entre 1629 et 1635, le cabinet n’existe plus, ou tout du moins plus sous la forme que lui avait donnée son créateur et propriétaire, ni dans les locaux qu’il lui avait réservés – ceux-là même que le Silésien Abraham Gölnitz avait visités lors de son voyage dans le Poitou, comme il le raconte lui-même dans cet Ulysses Belgico-Gallicus paru à Leyde au cours de cette période, en 1631 pour être précis. Le gendre de Contant, le médecin Jean de Raffou, obligé de mettre les objets qui devaient revenir à son fils en lieu sûr, les a peut-être fait transporter chez lui, grossissant ainsi provisoirement son propre cabinet : ainsi Pierre Borel signale-t-il, dans la liste des cabinets de curiosités qu’il publie juste avant 1650, que Poitiers compte deux cabinets, celui de Contant et celui de Raffou, médecin. Mais peut-être encore le cabinet de Raffou est-il purement et simplement celui de son défunt beau-père…
Quant aux objets de la collection, un document daté de 1708 les dit dispersés : et peut-être l’ont-ils été dès que Pierre de Raffou a pu entrer en possession de son héritage. Ce document du tout début du XVIIIème siècle est un récit de voyage manuscrit, conservé à la Médiathèque de La Rochelle, de la main du Rochelais Elie Richard. Racontant son passage par Poitiers pour un voyage vers les contrées du Nord, Elie Richard fils regrette en ces termes que la ville universitaire ne puisse plus offrir au voyageur qui y prend auberge, le temps d’une étape, la visite du cabinet de curiosités de Paul Contant : « On voyait autrefois à Poitiers un joli cabinet de Curiosités naturelles chez Mr Content [sic] fameux Apothiquaire, mais je le crois entierement dispersé ; il n’y a plus que Made la Presidente de Rases, qui en a un de tableaux, de bijoux et de raretés artificielles. » (Relation de voyages, faits en France, en Flandre, en Hollande, et en Allemagne. Par E[lie] R[ichard], A[vocat au Parlement] : Médiathèque de La Rochelle, ms 5, p. 14).
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